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MUET

La beauté du Muet

 

Volin aura vécu dix ans en nous laissant un superbe dernier album Cimes. Colin Vincent, l’ancien leader du groupe, nous revient avec un projet plus électro et tout aussi intéressant : Muet. Portrait.

 

 

Pensé à la base comme un side-project parallèle à Volin, Muet est devenu LE groupe de Colin Vincent, Volin arrêtant au bout de dix ans son aventure musicale : « Durant la période du confinement je me suis intéressé à la synthèse modulaire. Je me suis plongé à fond dans un univers électronique. Je n’avais jamais fait autant de musique de ma vie. J’ai créé une bonne moitié du répertoire qui est sur l’album dès ce moment. J’ai eu du temps durant ces trois années ce qui m’a permis de faire le mixage et le mastering du disque. »

 

Colin a arrêté l’histoire Volin sans regret aucun : « Le groupe avait fait son temps et a quand même duré dix ans. Il est un peu frustrant que Cimes le dernier album soit passé inaperçu du fait du Covid mais c’est la vie. »

 

Avec ce nouveau projet le musicien s’éloigne de ses premières amours pop : « J’avais un peu une lassitude des guitares. Le rock un peu sophistiqué que j’aime ne produit pas grand-chose en ce moment. En découvrant les synthés j’ai retrouvé une nouvelle créativité et quelque chose de plus direct. »

Il y a quelque chose d’atmosphérique chez Muet qui ferait penser à une sorte de BO imaginaire : « J’adore les musiques de films et cela a inspiré le projet. Les synthés projettent vite dans un univers cinématographique car ils laissent de la place et une certaine ouverture, bien plus que ne le font les guitares. J’ai envie d’être moderne et singulier. Cela fait partie de mes enjeux. »

 

Singulier sans être trop compliqué même si la musique du duo est assez complexe : « Moi j’ai l’impression que notre musique n’est pas d’une grande complexité. Harmoniquement ce que nous proposons est assez simple. Volin était plus riche à ce niveau. »

 

Muet évolue dans un registre entre chanson et électro. Dans cet univers le mariage des synthés et du texte se révèle particulièrement réussi : « Dans mon cheminement j’essaie de m’écarter le plus possible de la chanson. Dans Cimes le dernier opus de Volin on se rapprochait des codes de la chanson à la française avec le parlé-chanté à la Gainsbourg ou à la Belin. Dans Muet j’avais envie d’aller vers quelque chose de plus anglophone. Je voulais que le chant soit comme un instrument et j’ai écrit les textes avec la musique. Je n’ai pas envie de faire quelque chose de compliqué. Je fais tout simplement la musique que j’aimerais écouter. »

 

Ce côté chanson on le retrouve notamment dans la reprise de Nougaro , “Le cinéma”: « C’est un morceau que j’ai toujours aimé. Je le jouais au piano. J’avais envie de reprendre un classique de la chanson en le modernisant. C’est pour ça que j’ai mis de l’auto-tune, ce qui fera sans doute crier les puristes. J’ai aussi choisi ce morceau parce qu’il parle d’écran et que nous sommes à fond dans une époque d’écrans. »

 

Album complexe Le Pic de Tout est aussi un album engagé : « Les textes tournent pas mal autour de la collapsologie. Cela parle notamment de la dégringolade énergétique. “Le Pic de Tout” je l’ai écrite en 2019 à Montpellier alors qu’il faisait 45 degrés. Le pic pétrolier va être atteint en 2025. “Le colosse” est un morceau qui est une métaphore de l’homme et de sa surconsommation. J’ai commencé à m’intéresser à la SF et cela m’a inspiré. J’espère qu’un artiste peut faire changer les mentalités. Nous sommes saturés de vidéos politiques sur youtube mais je pense que mélanger politique et art a peut-être un impact plus fort. »

 

Entrevue : Pierre-Arnaud JONARD

 

Le Pic de tout – Upton Park

 

 

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