Rêveries orientales
Durant ses trente ans de carrière Dominique Dalcan a produit plusieurs des disques majeurs de la pop et de l’électro française. Toujours aussi talentueux aujourd’hui qu’à ses débuts il nous offre aujourd’hui un splendide voyage avec ce Last Night a Woman Saved My life.
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Né au Liban Dominique Dalcan n’avait encore jamais parlé de ce pays même s’il y était retourné pour y présenter son disque précédent Tempérance en 2017 : « J’ai eu besoin de temps pour décanter ce retour là-bas. Je ne voulais pas parler de ce pays avant cela. Et puis ce disque est aussi un hommage à ma sœur décédée l’an dernier et qui avait un rapport très fort au Liban. »
Même si Dominique Dalcan n’a pas vécu dans ce pays durant la terrible guerre qui l’a ravagé quinze ans durant, de 1975 à 1990, il en porte malgré tout les stigmates : « Dans ces pays du Moyen-Orient les gens, depuis cinquante ans, vivent avec la hantise des alertes à la bombe. Même en ne grandissant pas là-bas je porte en moi la conscience de tout cela. Je voulais faire ce disque qui parle du pays où je suis né, je le portais en moi depuis longtemps mais cela n’avait pas été, jusqu’à aujourd’hui, le moment. »
Dans ce disque l’artiste parle avec une grade intelligence et une belle sensibilité de l’exil, du territoire mais aussi de l’intime, de ce que l’on a le droit de faire ou de ne pas faire. Dominique Dalcan a invité sur cet album nombre de voix féminines des pays arabes et du Moyen-Orient, ces immenses artistes que sont Meryem Aboulouafa, Lynn Adib, Dina El Wedidi, Souad Massi… : « Ce disque est un disque choral. Avec cet album je suis comme un passeur de ces voix. Dans l’installation les voix parlaient de la condition de la femme dans le monde arabe. Dans le disque elles parlent de liberté, de frontières. Il y a plein de degrés d’interprétations possibles. Le territoire c’est bien sûr celui géographique mais aussi celui du corps. »
Texte et photo : Pierre-Arnaud JONARD
Last Night a Woman Saved My Life chez Ostinato Recording
