Bandeau Longueur d'Ondes n° 101

NORD

 

Implosion/Explosion

 

Avec The Implosion of Everything That matters, Nord a sorti un disque magnifique, l’un des disques de l’année. Un album totalement inclassable au charme vénéneux. Portrait de ce groupe fort intéressant.

 

 

Si Nord a débuté dans un style influencé par le post-rock avant de bifurquer vers une sorte de metal progressif le groupe est aujourd’hui devenu totalement impossible à cataloguer. Son nouvel opus est une sorte d’Ovni sorti de nulle part qui mélange à la fois dark-wave, metal, new-wave, pop complexe, shoe-gaze et plein d’autres choses encore : « On parle parfois de shoegaze à notre propos mais ce n’est pas une inspiration. Nous n’avons jamais écouté un groupe comme Slowdive par exemple. Nous comprenons cependant pourquoi on nous classifie parfois ainsi. C’est vrai que notre nouvel album a un côté vaporeux, qu’il sonne un peu fantomatique. Il y a un côté brumeux dans ce disque qui peut faire penser au shoegaze. »

 

Cette brume vient du fait que ce disque a été composé dans une maison isolée de Touraine au milieu des vignes loin du tumulte des grandes villes. Florent compose seul dans cette maison (on est à l’époque du confinement) et utilise des synthés et des orgues vintage qui y trainent : « Là où j’étais confiné il n’y avait pas de guitare. Dans le même temps notre second guitariste est devenu papa. Du coup il n’y a pas du tout de guitares sur ce disque. Cela ne veut cependant pas dire qu’on les abandonnera dans le futur. »

 

The Implosion of Everything That matters est un disque très court (il dure une vingtaine de minutes) et pourtant très riche : « On le considère malgré sa durée courte comme un véritable album. On ne voulait pas faire un EP car les EP ont souvent un côté compil. Le disque est presque un concept-album avec différents chapitres. C’est un disque Covid même s’il sort longtemps après la crise sanitaire. »

 

Lorsque l’on demande au groupe s’il a pour ambition de faire quelque chose de hors normes Florent de nous répondre : « Si nous cherchions à faire quelque chose de différent nous n’y arriverions pas. Nous ne le faisons pas exprès. Notre musique est barrée tout simplement parce que j’ai du mal à écrire un morceau couplet/refrain. »

 

Ce côté aventureux du groupe fait parfois penser à The Mars Volta un combo que Nord vénère : « Il y a plein de choses que nous faisons qui peuvent faire penser à eux : le son de la batterie, les perçus, le groove, la voix de tête, les riffs un peu barrés. »

 

Inclassable le groupe a logiquement signé chez Klonosphère un label qui a longtemps eu l’étiquette metal-prog mais qui est bien plus large que cela : « On avait envoyé un morceau de notre premier album à Guillaume Bernard le boss du label. C’était un titre très couplet/refrain qui lui a plu. Il nous a signé et lorsqu’on lui a fourni notre deuxième album qui était plus fou et loin du classique couplet/refrain cela l’a étonné mais ça lui allait. Il est hyper ouvert. Il n’y a qu’à voir l’évolution de son groupe Klone qui va de plus en plus vers quelque chose d’éthérée. »

 

Inclassable, aventureux et talentueux Nord touche aussi l’auditeur parce que ses morceaux parlent des vies personnelles des musiciens qui composent le groupe, vies qui peuvent être celles de tout un chacun avec des problèmes psy et/ou d’alcool. Trop d’angoisse et l’implosion arrive. Mais cette implosion-là fait le plus grand bien et nous libère.

 

Entretien : Pierre-Arnaud JONARD

 

Photo : Romain DUQUESNE

 

The Implosion of Everything That Matters – Klonosphère

 

 

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