Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Jean-Pierre Kalfon

Rencontre avec un mythe

Légende vivante Jean-Pierre Kalfon a tourné avec les plus grands : Godard, Chabrol, Marc’o, Rivette, Truffaut… Acteur magnifique il est aussi, on le sait un peu moins, féru de musique. À 84 ans il sort aujourd’hui son véritable premier album, hommage au blues et à Amy Winehouse.

 

Jean-Pierre Kalfon - Photo : Pierre-Arnaud Jonard

 

Dans le superbe “Les Idoles” de Marc’O, avec le magnifique Pierre Clémenti, Jean-Pierre Kalfon incarnait avec ce dernier des artistes programmés pour devenir de futures stars musicales. Une pièce et un film satirique sur l’univers de la musique qui plus de trente ans avant préfigurait ce que serait la télé-réalité. Un album, sorte de BO de la pièce verra le jour, album dans lequel Kalfon, Clémenti et Bulle Ogier chantaient :
« Ce film était anti-yéyé. Aux Etats-Unis la musique c’était le blues. En France le yéyé était l’adaptation musicale souvent niaise de tubes venant d’Outre-Atlantique. Marc’O a eu une idée de génie avec “Les idoles”. C’est avec cette pièce et ce film que l’on découvre l’amour de l’acteur pour la musique mais cet amour est en fait encore plus ancien. »

« Avant le disque que je viens de sortir, j’ai fait des brouillons, des 45 tours notamment : “L’amour ou presque”“Laisse béton”, “Tu ris Tu pleures”. Je voulais être musicien à la base mais j’ai été acteur car j’ai fugué de chez mes parents et quand on dort à droite, à gauche chez les uns, chez les autres, on peut devenir acteur mais pas musicien car il faut un certain confort pour apprendre un instrument. Acteur c’est un métier que l’on peut faire avec soi-même et je me suis lancé là-dedans. »

Kalfon apprend au fil des années, la batterie, la guitare, la basse, compose des titres ce qui lui permet de progresser :
« Je n’avais pas de base il fallait se les fabriquer. »

Dans les années 70 et 80 il fait beaucoup de scène, devient ami avec les New York Dolls à New-York, joue avec Higelin avec lequel il s’engueule, se produit au Festival punk de Mont de Marsan où son guitariste disparait juste avant le concert :
« Je me suis défoncé à mort car j’étais angoissé par son départ. Du coup le concert a été catastrophique. »

Il sort ensuite un album chez New Rose, Black Minestrone qui « est resté quasi à l’état de maquette. C’est ce que j’appelle bricoler. A l’époque le label a été racheté par Fnac Musique qui a coulé. Du coup le disque est passé totalement inaperçu. »

 

 

Pour Méfistofélange Jean-Pierre Kalfon a écrit tous les textes :
« Pour moi rien n’est facile mais rien n’est très difficile. C’est pareil pour l’écriture. Avant, Jean-Loup Dabadie ou Boris Bergman écrivaient pour moi mais là j’ai eu envie de ne pas me planquer derrière quelqu’un. J’ai senti le besoin de me mouiller. Les textes sont très personnels. J’ai essayé de trouver des images. Je voulais envoyer des flashs à l’auditeur. »

 

Jean-Pierre Kalfon "Méfistofélange"

Le disque sonne très blues, ce qui est tout sauf un hasard :
« C’est l’amour de ma vie, le blues : BB King, Elmore James, Robert Johnson. Mais la soul aussi : Otis Redding, Wilson Pickett. Et Elvis bien sûr. Il y a de l’âme dans tout ça, comme chez Amy Winehouse. Quand elle est arrivée je me suis dit c’est Billie Holliday qui revient. »

Théâtre, cinéma ou musique ce qui motive Jean-Pierre Kalfon c’est de s’amuser, de prendre du plaisir :
« Être acteur au théâtre comme au cinéma, faire de la musique a un côté ludique. J’ai eu beaucoup de plaisir à être acteur. Je n’avais pas de culture : le théâtre et le cinéma me l’ont apporté. La nouvelle vague a été ma grande chance. J’étais dispersé car je me défonçais la tronche avec des musiciens et j’ai refusé plein de films sinon j’aurai eu une plus grande carrière encore. J’ai été acteur car dans la vie il faut suivre son désir. C’est ce que j’ai fait également avec ce disque. Je profite. »

 

PIERRE-ARNAUD JONARD

Jean-Pierre KalfonMéfistofélange – Deviation Records

Jean-Pierre Kalfon jouera au Petit Bain à Paris le 12 Décembre

 

ARTICLES SIMILAIRES