JaCOB c’est du blues mais pas que. C’est la rencontre entre la lourdeur du metal et l’univers enfumé de Tom Waits. C’est novateur et décalé. Portrait.
Après une longue carrière dans le metal et plus particulièrement dans le sludge, Jaypee-Jaypar s’oriente à partir de 2015 vers le blues. Trois albums suivront : On my way en 2015, Sinner l’année suivante et Meet me again en 2019. Si Jaypee-Jaypar a apprécié ces années de song-writer solitaire débutées dès 2014, il nous revient aujourd’hui à la tête d’un groupe : JaCOB pour Jaypee and The Cannibal Orgasmic Band : « J’ai voulu un groupe pour le live. J’ai rencontré de vrais musiciens. On s’entend bien. Il y a une vraie osmose entre nous et cela fait du bien. »
Cette rencontre change la donne car si le blues des derniers albums est toujours là, il sonne sans doute aujourd’hui de manière plus poisseuse et plus sombre. Peut-être parce qu’avec Metamorphosis Jacob renoue d’une certaine manière avec l’esprit de ses premières amours metal : « Je continue encore aujourd’hui d’en écouter : du sludge, du grind-core principalement. J’aime beaucoup Neurosis tout comme Blood Time, le side project d’un de leurs membres, Scott Kelly. Ce style de dark folk m’inspire beaucoup. »
C’est sans doute pour cela que Jacob aime à mélanger les genres dans un album qui rebutera peut-être les puristes blues mais lui attirera un public bien plus large : « Je suis très humble face aux puristes blues n’étant pas un spécialiste du genre. Il y a dans mes musiciens de purs bluesmen comme mon harmoniciste Fred. Pour cet album il est sorti de sa zone de confort car je lui ai demandé de faire des choses dont il n’a pas l’habitude. »
L’univers de JaCOB est un univers qui sent le whisky et les grands espaces, peut-être parce que le garçon vient d’un milieu rural. La country, l’americana sont donc bien sûr présents, ingrédients d’une musique qui invite au voyage et à la réflexion.
Aujourd’hui JaCOb va reprendre la route. On a hâte de les découvrir sur scène.
Metamorphosis
Grey Cat Records-Inouïe Distribution
Il y a un côté mystique dans ce Metamorphosis, album qui évoque aussi bien les figures de Tom Waits que de Leonard Cohen (avec cette voix cassée) ou encore du célèbre Bjørn Berge. Il y a chez Jaypee comme chez le Norvégien un éclectisme musical assez réjouissant pour l’auditeur. On sent au cours des plages qui composent le disque des effluves de bourbon nous remonter à plein nez. A l’image de sa pochette, cette métamorphose, sans doute celle de Jaypee-Jaypar lui-même est très mystérieuse. Proche d’un tableau de Max Ernst cette cover que l’on prendrait plus volontiers pour celle d’un album de doom que de blues nous intrigue dévoilant un monde rural moyenâgeux dans lequel le diable semble s’être réincarné.
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Entrevue: PIERRE-ARNAUD JONARD
Photo: THIERRY MONCHÂTRE-JACQUOT
