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PARADOXANT

Paradoxant - band

« Mon projet plaisir »

C’est animé par un sentiment d’indépendance et surtout l’envie de faire quelque chose de différent de BRNS qu’Antoine Meersseman a initié le projet Paradoxant, emmenant avec lui dans l’aventure ses amis de la scène bruxelloise Antoine de Monolithe Noir et Romain de Ropoporose.  Entretien avec le musicien alors qu’il revenait juste d’un séjour dans une ferme en Bretagne, « histoire de voir autre chose »…

Paradoxant, ton nouveau projet, comment est-il né, est-ce que BRNS [NdlR : prononcer Brains] c’est fini ?

« Non pas du tout, en 2018 on a fait un nouveau disque avec BRNS, mais il n’est jamais sorti en fait. Le projet continue même si à cause de la situation il est un peu en stand-by mais certainement pas arrêté. En 2019, j’ai passé beaucoup de temps à faire de la musique, et à accumuler plein de morceaux qui n’auraient pas forcément fonctionné avec BRNS, plus sombres, down-tempo. Je commençais à me dire que j’étais dans un jour sans fin, voir toujours la même chose, aussi j’avais envie de faire quelque chose de différent.  Je n’avais pas forcément la confiance pour partir tout seul, et en parlant avec Antoine Pasqualini de Monolithe Noir, il a bien accroché et de là j’ai accéléré et décidé que ça serait mon projet plaisir. En janvier 2020, on a commencé à enregistrer les batteries, ça c’est fait rapidement, tout a été enregistré en un mois. »

Du coup, est-ce que l’on peut toujours dire que Earworm est un album solo ?

« C’est vraiment mes chansons, même si on les a enregistrées avec Romain et Antoine. Mais oui ça tourne un peu quand même autour de ma petite personne. »

Il y a beaucoup d’influences dans ce disque, souvent plus sombres que celles que l’on retrouvait dans BRNS…

« Je n’ai pas cherché à faire des choses « à la manière de », mais je pense que naturellement je me suis dirigé vers quelque chose plus bizarre. Il y avait un coté plus épique voire liturgique dans BRNS, qu’on ne retrouve pas ici. Je ressors toujours ces bons vieux Liars, parce que je trouve que, comme groupe, ils ont beaucoup évolué depuis les années 2000, avec quelque chose qui se base sur un truc mi-sexy mi-bizarre avec des sons space. Je ne suis pas un musicien technique, donc ce sont vraiment les atmosphères que je voulais bosser. J’aime bien être dérangé dans la musique. »

 

Paradoxant - AntoineM

 

D’ailleurs le disque commence avec “Rebirth” et cette voix gutturale, aux confins du death. Est-ce que tu as voulu commencer comme ca ?

« C’est sûr que de la mettre en premier, c’est une sorte de “statement”, même si des gens sont un peu mal à l’aise avec ça. Je voulais commencer avec quelque chose qui soit tranché, sans être de la noise, avec un climat lent, voire même langoureux. C’est un des premiers titres que j’avais composé, à une époque où j’étais pas dans une top forme. »

Puis vient “Dead beat”, qui offre un contraste avec “Rebirth” plutôt synth pop. Comment as-tu agencé les titres, avec un souci d’alternance ?

« Je trouve que “Dead beat” est une comptine faussement gentille, un peu espiègle. Globalement les titres sont sombres, mais pas du tout déprimants, je voulais que le tout garde un aspect sensuel. C’est ça que j’ai voulu exploiter. Je cherche cette limite, ce moment qui ne te rend ni joyeux ni triste, mais te procure quelque chose que tu ne sais pas forcément définir. Je voulais qu’il y ait de la retenue, j’en garde toujours sous la pédale… Ici les morceaux sont assez linéaires. Dans Paradoxant, les structures sont super simples. En réalité, parfois je ne me casse pas la tête à faire un pont et me limite à couplet/refrain, couplet/refrain. »

 

 

Sur certains titres, le rythme est vraiment très lent, on disait d’ailleurs déjà que BRNS faisait de la musique à combustion lente. Ici la lenteur devient limite oppressante, comme dans “Asylum”, aux limites de la folie, ou bien encore “Sometimes” ?

« “Sometimes” on se disait que c’était le morceau de cirque à chiens. Ca pourrait être la B.O. de ce film d’horreur, Carnival of souls. C’est le dernier titre que j’ai enregistré, et je trouvais que ce qui était vraiment marrant, c’était son côté insupportable. Dans beaucoup de chansons, je me suis caché derrière des effets, mais pas dans ce morceau. J’ai eu l’impression d’évoluer vocalement grâce à lui. »

Est-ce que tu t’es interdit des choses ?

« Je ne me suis pas interdit grand-chose, pour moi c’était un projet plaisir, la première fois que je faisais quelque chose tout seul. L’idée était ne pas s’embêter à se demander si le tout était cohérent, ce qui comptait c’était de faire quelque chose de crédible et d’agréable. »

Comment as-tu trouvé ton label ?

« J’ai fini mes mix en février/mars 2020, donc je me suis mis à rechercher un label au moment où personne ne voulait plus rien sortir. J’ai proposé à Christophe Hars de Humpty Dumpty, que je connais depuis très longtemps. Il a eu besoin d’un peu de temps pour se familiariser avec le disque, et puis finalement nous sommes partis ensemble, pour une sortie initialement prévue en novembre dernier. »

La sortie est donc finalement en mars, qu’est-ce qu’il se passe après ?

« Je ne sais pas ce qui va se passer ensuite. On avait trouvé pas mal de dates en juin dernier, maintenant on attend des mesure pérennes avant de re-planifier une tournée. Tant pis si je ne tourne qu’à partir de septembre, entre-temps j’aurai composé d’autres choses. » 

 

PARADOXANT - EARWORMEarworm

Humpty Dumpty Records

Dès les premières mesures de “Rebirth”, Antoine Meersseman, tête pensante de ce projet à géométrie variable, donne le ton en nous faisant spectateurs privilégiés de sa renaissance, ou plus exactement de cette tranche de vie qu’il nous invite à partager le temps d’un album qui se révèle être au final très intime. Les neuf pistes sont autant de véritables révélateurs d’émotions glissant sur un spectre allant de l’euphorie à la folie (“Ha ha ha ha”, “Asylum”). Il est clair que le musicien belge aime jouer avec les sentiments en les entremêlant pour mieux les travestir, comme sur le faussement joyeux “Dead beat”. De là naît une liberté totale d’expression(s), soutenue par des sons hors catégories, allant du death au noise mais, et c’est bien là la magie de ce projet, offrant un ensemble homogène et d’une originalité que l’on ne trouve que trop rarement dans les productions actuelles pour se permettre le luxe de passer à côté.

À écouter en priorité : “Rebirth”, “Sometimes”, Dead beat”

 

>> Le site de Paradoxant

Xavier-Antoine MARTIN

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