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Fleuron du rock aveyronnais

On ne connait guère, en général, le rock aveyronnais. Pour la plupart des gens, le Sud Aveyron correspond en effet davantage au Pont-de-Millau qu’à une quelconque scène musicale. Heureusement les Millavois de V sont là pour nous prouver que l’Aveyron, ce n’est pas que les tripoux.

Après deux albums expérimentaux, Vagina a changé de nom pour devenir V, et de style musical. Fini le free-style totalement barré et échevelé qui les caractérisait. Place à une production carrée. Un tournant pour le trio qui flirte désormais à certains moments avec la chanson. 42, leur album sorti il y a quelques mois, est un disque plus accessible pour le grand public que ne l’étaient leurs deux premiers essais studio. Cela est dû en partie à la production du célèbre Laurent Thibault, ingénieur du son au Château d’Hérouville, connu pour son travail sur certains albums de David Bowie et d’Iggy Pop. Le groupe est entré en contact avec lui après la mort de Bowie lorsque le groupe apprend qu’un Français a collaboré aux œuvres du Thin White Duke. V lui envoie alors une maquette. La connexion est faite. L’envie d’être plus abordable était une volonté délibérée du groupe et c’est en partie pour cela qu’ils ont fait appel à cet ingénieur du son : « On avait envie de se cadrer un peu par rapport aux deux premiers disques. Sur ces albums, il n’y avait que rarement des refrains. Le premier est très dur à écouter, même pour nous. On avait fait des disques très chargés. Laurent nous a aidés à épurer. »

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Le travail avec le producteur aboutit à un disque très calibré radio. Le groupe ne s’y retrouve pas totalement : « Des labels nous ont dit que nous pouvions sortir le disque ainsi. “Vous passerez en radio et pourrez jouer plus rock live.” Mais on a eu peur de perdre notre identité. Il y avait un morceau comme “Sputnik” qui sonnait Elton John avec carrément des passages variété. On a décidé de remixer l’album parce que les guitares étaient presque passées à la trappe. Sur le premier mix, les synthés sonnaient trop années 80. On a mis de l’orgue à la place. »

Souvent comparé à Pink Floyd, le combo assume totalement cette filiation, d’autant plus qu’il reprend “Welcome to the machine” sur son dernier album : « On a pris le risque de les reprendre. Il n’y a pas de batterie sur leur version. On s’est dit qu’on pouvait la faire plus rock. C’est osé de se confronter aux Floyd mais on avait envie, alors on y a été. Les fans du groupe ont aimé notre reprise. On a fait un clip assez ambitieux du morceau dans l’Aveyron. Des médias l’ont partagé mais nous avons eu moins de vues que nous ne l’espérions. »

 

 

V possède également un côté rock français classique qui les rapproche de Téléphone ou de Noir Désir : « Le mot rock est large. On aime beaucoup le rock progressif : Barclay James Harvest, Alan Parsons. Nous chantons en français parce que l’on se sentirait mal de chanter en anglais avec un accent aveyronnais. Les textes sont de plus en plus importants pour nous. Nous écoutons beaucoup de groupes anglais mais également Bashung et Balavoine. Nous avions d’ailleurs fait une reprise de “Vivre ou Survivre” pour notre deuxième album que nous n’avons finalement pas retenue. Nous sommes musiciens. Nous prenons là où il y a à prendre. Nous écoutons des B.O. de films, du jazz. Nous sommes très ouverts. Nous ne voulons pas nous mettre de barrières au niveau artistique. On bosse déjà sur un quatrième disque dans lequel il y aura des sonorités jazzy. On a l’idée de sortir un concept-album avec huit titres – huit vidéos ou huit concerts dans huit lieux différents. »

Avec leur nouvel opus, ils développent une thématique humaniste et écologique. La pochette du disque représente un éléphant : « C’est un animal qui se souvient toujours du mal qu’on lui a fait même des années après. L’animal comme l’humain porte les stigmates du passé et pourtant l’humain recommence toujours, sans tirer les leçons de ce qui a pu se passer auparavant. Si on a envie de se détruire entre nous, c’est notre problème mais les animaux et la nature n’ont rien demandé. Et un jour on viendra pleurer en disant qu’on a tout détruit. L’être humain est une cause perdue depuis bien longtemps. On pose avec ce disque un constat sociétal. » Le constat d’une troublante actualité avec ce qui se déroule en ce moment même sous nos yeux.

Texte : PIERRE-ARNAUD JONARD

Photos : HUGUES CAYRADE

V-42-M et O Music

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