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MÉLISSA PHULPIN

Melissa Phulpin

On aura toujours besoin de musique !

LES CONFINÉS DE LA MUSIQUE, ÉPISODE 1

Pendant cette période pour le moins troublée et troublante, Longueur d’Ondes fait le tour des artistes mais aussi professionnels des musiques amplifiées de l’espace francophone (cœur du magazine) afin de parler de la situation et de ses conséquences… Aujourd’hui : Melissa Phulpin, attachée de presse.

Mélissa Phulpin, c’est la femme de l’ombre derrière les carrières de noms que personne ne peut ignorer : Clara Luciani, Eddy de Pretto, Fishbach, Feu! Chatterton, Tim Dup, entre autres. Infatigable tête chercheuse de talents affranchis des genres musicaux, écumant depuis les grandes salles parisiennes jusqu’aux chambres où l’on enregistre les démos les plus confidentielles, elle est à la fois agent, manager et accoucheuse de talents. Fondatrice en 2014 du label indépendant Tomboy Lab, elle le transforme peu à peu en une structure hybride autant capable d’accompagner un musicien depuis l’embryon d’un EP que de co-organiser les soirées féministes “À définir dans un futur proche”. Rencontre virtuelle, confinée…

Comment travailles-tu dans cette période ?

Je télé-travaille : mail, téléphone et pas mal de rendez-vous et de réunions en visio. Il y a beaucoup de demandes de contenus de la part des médias à traiter. Au final, je continue à travailler, peut-être pas autant car différemment mais beaucoup quand même !

Cela a entraîné quoi précisément dans ton travail / ta boîte ?

Les artistes sont très sollicités pour parler de la situation, de leur quotidien dans ce contexte. On ne parle plus beaucoup des œuvres, ni de musique… Heureusement il y a aussi quelques opportunités pour exposer des artistes qu’on voit peu d’habitude. Concernant ma boite, beaucoup de sorties et de concerts sont décalés à la rentrée, je ne pourrai donc pas prendre beaucoup de nouveaux artistes à l’automne et financièrement il y aura donc un gros manque à gagner.

 

Sélection dartistes Melissa Phulpin

 

As-tu des sorties reportées ?

Oui, quelques unes ! Pour d’autres, on a décidé de maintenir les sorties, ne sachant pas combien de temps ce confinement va durer.

Tes contacts avec les groupes, comment ça se passe ?

On continue à pas mal échanger, réfléchir. On s’envoie aussi des photos, de la musique, on se conseille des livres, des séries. Après, difficile de se projeter, de savoir quoi faire… On doit jongler avec l’inconnu et les infos qui arrivent au compte-goutte.

Comment organises-tu les promos ?

Pour moi, il n’est plus vraiment question de promo… Peut-être plus de partage de musique pour apaiser les mœurs.  On arrive à un stade où les enjeux, les règles, les impacts n’ont plus guère d’importance. Disons qu’il faut continuer à faire vivre les choses…

Ça te fait réfléchir différemment ? Est-ce que tu vois les choses avec un autre angle désormais ?

Je crois que je manque encore de recul et de sérénité pour réfléchir. La pensée viendra sans doute plus tard quand les craintes seront dissipées. Ce que je sais c’est que je me sens beaucoup plus en phase avec les artistes et les professionnels qui parlent avec leur cœur, ceux qui sont sincères, entiers, libres… mais ce n’est pas nouveau ! C’est eux que j’ai envie de défendre. C’est avec eux que j’ai envie de collaborer.  Je crois que je sature un peu de cette industrie menée par les enjeux financiers, de la performance, du toujours plus, jamais assez, de la stratégie, du contrôle… Nous ne sommes pas des machines, la preuve avec ce virus. Et puis l’envie revient de prendre le temps aussi, de se retrouver face à l’océan et de se dire qu’on est bien peu de choses ! Je vis à Biarritz depuis janvier donc j’y pensais déjà avant le confinement.

T’as pas eu envie de tout lâcher ?

Non, je crois qu’on a et qu’on aura toujours besoin de musique.

Tu crois que tout cela aura un impact durable par la suite, est-ce que la prise de conscience sera suivie d’actes pour minimiser les risques futurs voire les anticiper, ou on reviendra dans le monde que l’on connaît parce que l’argent est plus fort que tout ?

Si seulement c’était pour mieux revivre après… J’aimerais. J’espère. La crainte que j’ai, c’est que tout le monde pousse un ouf de soulagement et que tout reprenne tel quel… Ou pire, que de par le manque à gagner, on assiste à une course à la productivité, que tout aille encore plus vite, plus fort. C’est angoissant !

L’industrie de la musique est paralysée, quels qu’en soit ses composants et quelle que soit la taille des acteurs qui la composent. Si Live Nation va certainement pouvoir s’en remettre, que va-t-il se passer au niveau des scènes locales et indés ? Tu penses que tout va repartir comme avant, petit à petit, ou au contraire il va falloir repenser certaines choses ?

Oui, il est possible que seuls les puissants s’en sortent à tous les niveaux, que les écarts entre majors et indépendants soient encore plus importants. J’ose espérer qu’on aidera les plus petits, qu’ils seront accompagnées pour tenir bon. C’est important. On a besoin d’un contre-pouvoir. Il faudrait prendre le temps ensemble de réfléchir de comment on veut vivre, faire…

Si tu pouvais faire un vœu pour demain ?

Peut-être qu’on en ressorte avec des rapports plus essentiels aux gens et aux choses…

Ta playlist confinement : 5 titres.

Roddy Rich – “The box”
The Strokes – “At the door”
Streets & Flohio – “How long it’s been”
Max Richter (l’intégrale)
Fils Cara “Huricane”

Le photo, c’est pendant mon 1er cours de guitare en ligne !

 

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