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FRANÇOIS SAGAT

Tendre est la nuit

François Sagat, ex-star du porno gay sort aujourd’hui son premier album. Les précédents de stars du X se lançant dans une carrière musicale ont été catastrophiques. François Sagat est l’exception qui confirme la règle. Son Videoclub est un beau disque d’électro, chaud et sensuel.

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Avant de se lancer dans l’aventure d’un premier album François Sagat avait déjà eu plusieurs expériences dans le monde de la musique : un duo avec une ex-égerie d’Helmut Newton, un live à Beaubourg : « J’avais essayé des choses mais faire un album seul je n’aurais jamais osé. Tommy Marcus, un producteur électro, m’a proposé de faire une reprise d’Amanda Lear puis tout un album. Nous avons travaillé ensemble. Je n’avais jamais écrit de chansons auparavant. »

En résulte un premier opus qui a bien des charmes et qui fait notamment preuve d’une grande culture électro de la part de son auteur. Car Vidéoclub ne sonne pas électro 2023 mais nous renvoie à l’époque bénie des premières rave. Cet album sonne ainsi comme la bande-son idéale des sorties de boite au petit matin lorsque la folie de la nuit s’évanouit et que la mélancolie vous envahit : « J’ai voulu que le disque baigne dans cette sensation de la sortie d’after au petit matin. Il y a un côté très 90’s dans cet album. Je voulais qu’il ait cette patte un peu nostalgique. Je suis pas mal sorti en club à une époque, notamment à mon arrivée à Paris. »

Ce qui est intéressant avec cet album c’est qu’on aurait pu imaginer François Sagat nous offrir un disque ultra sexuel. D’une certaine manière Videoclub l’est, mais il est  en réalité beaucoup plus sensuel que sexuel : « J’aurais trouvé ça trop facile de faire un disque trop frontal. Je voulais plus de subtilité. »

Avant cet album et après sa carrière dans le porno gay qui en avait fait une star du genre, François Sagat avait eu une petite hype dans le milieu du cinéma d’auteur (on le voit notamment dans L’homme au bain de Christophe Honoré) : « Après ma carrière dans le X j’ai cru qu’il allait se passer plein de choses et en fait il ne s’est rien passé. J’aurais préféré qu’on me dise profite de ce moment car ça ne va pas durer. On m’a embarqué dans une illusion de carrière et il n’y a pas eu de suite. Mais je ne me plains pas. »

Aujourd’hui François a peut-être perdu des illusions sur le milieu du cinéma d’auteur mais cela lui permet et nous permet par la même occasion d’assister à l’éclosion d’un probable futur grand de l’électro française. Et même si son disque est plus fait pour la fête que pour la revendication, il affiche quand même clairement son esthétisme gay, notamment au travers de la reprise du cultissime “Follow me” d’Amanda Lear : « Ce disque n’est pas militant et il y a des gens dans le milieu gay qui le sont bien plus que moi. Malgré tout, sortir un disque et être gay, c’est déjà quelque part faire de l’activisme sans le savoir. »

Est-ce que cet album marquera le début d’une longue carrière musicale pour François Sagat ? L’intéressé ne le sait pas encore lui-même : « Je me suis fait plaisir avec ce disque. Je ne sais pas encore si je ferai une carrière dans la musique. Je vis au jour le jour. Pour le moment je suis simplement content d’être allé au bout de ce projet. »

Entrevue : Pierre-Arnaud JONARD

Photo : Jonathan ICHER

Videoclub – Believe

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