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Printemps de Bourges – Crédit Mutuel 2023

Jeudi 20 avril

Courte fut la nuit. Mais ce qui se passe à Bourges reste à Bourges. Réveil sous le soleil berruyer avec tout de même quelques gros nuages à l’horizon. On va même dire que c’est une alerte orange sur la carte météo. Elle concerne l’avenir des festivals.

Achim

Le CNM, le Centre National de la Musique, qui regroupe désormais les entités soutenant la création musicale en France, faisait le bilan de la situation des festivals en France avec une conférence de presse. Pour la faire courte, le constat c’est que les festivals ont repris avec vigueur dans la foulée de la crise du Covid et des interdictions de rassemblements. Ça c’est le bon point, il y avait de l’attente de la part du public et les festivals ont dans l’ensemble réussi à équilibrer leurs comptes, notamment en augmentant le prix des billets et avec le soutien exceptionnel d’acteurs publics comme le CNM mais aussi une hausse des investissements privés.

Le souci c’est que les dépenses ont explosé en parallèle avec l’inflation concernant la logistique, les recrutements de personnel plus difficiles, l’augmentation des assurances et des cachets des artistes. Et les aides exceptionnelles n’auront plus court du tout pour les festivals dès 2024. D’où une forte inquiétude pour la survie de festivals, surtout, de taille petite ou moyenne.

Aghiad

Revenons justement aux concerts qui nous permettent de sortir du climat stressoïde général du moment avec les Inouïs du jour. On s’engage dans l’une des 2 salles du 22 et dès les premières notes, c’est l’envoûtement avec la musique d’Aghiad, un musicien qui chante en français, en arabe et en turc. Parcours atypique que celui d’Aghiad né en France de parents syriens et qui, lorsqu’il n’est pas musicien, est un éminent chercheur spécialiste du Moyen Orient, comme si se poursuivait en toutes choses sa quête de compréhension, mais aussi de saveurs, d’émotions liées à ses racines orientales. Musicalement, ça se traduit par une pop électronique à la fois mélancolique et moderne avec, autour de son chant fluide et des arabesques de son Oud, un bassiste/clavier et un guitariste/clavier qui apportent un groove bien actuel pour nous faire rentrer dans la transe. Accueil de feu dès 12h30 pour ses contes sensibles et son charme tout de douceur et d’humanité..

 Sabrina Bellaouel

L’autre claque du jour c’est Liv Oddman, un garçon ultra charismatique, tout de noir vêtu, cheveu ras et œil bleu perçant. A 21 ans, ce chanteur possède une présence magnétique, théâtrale mais réellement captivante. On pense à l’ombre du corbeau, celui de Barbara, en plus physique. On reparlera forcément de Liv Oddman, mélange mutant de chanson française et de subtils arrangements de guitares et de programmation. Autres héros Inouïs du jour, l’explicite rap de Lazuli, la pop intimiste de l’espiègle Rose Super Tranquille, le R&B de Sabrina Bellaouel, le retour de la vengeance du mouvement Emo avec l’androgyne Théa ou l’attachant rappeur marseillais Achim.

Juliette Armanet

Machines disco pop bien huilées pour la grande scène du W, Izia et Juliette Armanet ont confirmé leur statut de performeuses, accros à l’émotion du live. Oxmo Puccino, lui, a réussi le pari de faire de sa création autour du thème Désir(s) un moment de partage émouvant, enthousiasmant même, parce qu’il a permis à un public en partie familial d’avoir une autre perception du rap et des musiques dîtes urbaines, en invitant sur scène Jok’air, BB Jacques, Jäde, Benjamin Epps et Eesah Yakuse.

Agar agar

Enfin, mention spéciale pour le concert du bout de la nuit : les expérimentations électroniques de l’excellent duo Agar Agar avec une scénographie surprenante (une montagne avec des yeux) et de jolies petites oreilles de chat sur la tête de Clara, sa remuante chanteuse elfe.

 

Texte : Christophe CRENEL

Photos : David POULAIN

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