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Le Printemps de Bourges 

Du 22 au 27 juin 2021 à Bourges

MÉTÉO : Ciel couvert, pluie promise, mais qui laisse finalement place au beau temps. Le festival débute sur un ouf de soulagement.

CADRE : Un Printemps de Bourges à taille réduite pour cette année. Exit l’immense tente du W, remplacée par une configuration assise pour y découvrir les Inouïs sous la forme des Winouïs. Le Palais d’Auron, lui aussi en configuration assise est toujours de la partie, tout comme l’Auditorium. Le French VIP en espace professionnel devient quant à lui le lieu privilégié des showcases à ciel ouvert. Le théâtre Jacques Cœur, son décors somptueux et sa jauge réduite vient s’ajouter à cette liste, tout comme la cathédrale.

LES PLUS :
– Après un an et demi de crise du Covid sans fin, des annulations et beaucoup de manque, nous voilà tous de retour en festival !
– L’humeur du public qui ne rechigne plus à se lever de son siège, en demande encore et toujours plus et communie. Qu’y a t-il de plus beau qu’une foule qui chante à l’unisson ?
– Le droit d’enfin se lever pour danser devant son siège donné par les artistes eux-mêmes !
– La victoire de Vikken  qui remporte le prix du jury des Inouïs. Une récompense amplement méritée après un concert très émouvant.
– Une programmation soignée qui permet de faire un rapide tour des artistes francophones à suivre cette année.

LES MOINS :
– Un Printemps en demie-teinte avec un nombre de salles restreintes qui ne permet pas de profiter de l’immensité habituelle du lieu. Qui dit moins de salles dit aussi moins de concerts et donc de moments de live à partager.
– La configuration assise qui ne touchera officiellement à sa fin que dans quelques jours. Plus personne ne veut voir des chaises, le public veut danser sur un sol qui colle !
– Le couvre-feu supprimé trop tardivement pour permettre aux organisateurs de prévoir des concerts en fin de soirée.
– La victoire d’Annael qui remporte le prix du Printemps de Bourges, une surprise alors que son concert frôlait le kitch et était en décalage avec une sélection plus qualitative.
– La trop petite programmation de la journée du samedi qui aurait mérité d’être plus étoffée.

SE PRENDRE DANS LES BRAS : La température monte d’un cran quand Feu! Chatterton  prend possession de la scène du Palais d’Auron au deuxième jour de festival. « Levez-vous, ça fait deux ans que nous sommes assis » scande Arthur Teboul en galvanisant une audience qui ne se rassira plus jamais. Le charismatique musicien n’y tient plus, le voilà qui descend dans une foule compacte et dansante en avant scène. Avec grandiloquence et poésie il fait chanter de nombreux convives dans son micro. Plus fort que le temps d’avant !

FROUFROUS & NOSTALGIE : Très attendue le deuxième jour, Catherine Ringer  fédére petits et grands en revisitant le répertoire des Rita Mitsouko sur la scène du Palais d’Auron. À ses côté, à la guitare, son fils Raoul Chinchin ajoute une touche émouvante à un spectacle haut en couleurs. Armée d’une longue jupe rouge dans laquelle, elle s’emmitoufle, se cache, danse, la chanteuse convoque des années heureuses et passées. Un pincement au cœur un brin désuet qui laisse sur sa faim un public en demande d’un rappel qui n’aura finalement pas lieu.

PREMIERS PAS SOLO : Connue pour ses performances hallucinantes entre danse, art-martiaux et intensité, Olivia Merilhati profite de Bourges pour faire ses débuts en solo sous le nom de Prudence . Au programme de ce premier live très attendu : des composition, des lumières et une tenue scénique léchées. Toujours impressionnante dans sa capacité à monter dans les aigus, la chanteuse se révèle surtout à travers des compositions modernes jusqu’au bout des ongles et des passages phrasés parfaitement composés. Reste à regretter l’énergie scénique de son précédent projet, The Dø, visuellement plus abouti.

DANSE ENDIABLÉE : Fière de ses racines ivoiriennes, KT Gorique  qui a grandit en Suisse s’en inspire pour mélanger les genres hip-hop, raggae, trap et la musique africaine. Avec une énergie communicative, elle distille des mélodies travaillées et offre même une danse épique. Difficile de ne pas le suivre sous la tente de Winouïs qui ne permettent pas de rester debout.

LA RÉVÉLATION : C’est Vikken ! Politique, engagé, émouvant et électro. Si cette association de mots ne semble pas aller ensemble, elle s’allie à la perfection au court du show magistral de cet artiste entier. DJ et producteur, il crée une performance aussi intense qu’à fleur de peau. La musique habille les mots et les maux, invite à la réflexion sur fond de lumières psychédéliques. Spéciale ovation pour l’immense “Pour une amie” récité un papier à la main qui traite d’identité et de genre. Une claque qui pousse à la réflexion tout en créant l’empathie. De quoi rappeler que la musique est un langage universel.

CRI DU CŒUR : Elles sont deux, jeunes et rock’n’roll. Très attendue, voilà que débarque la tornade Ottis Cœur . Avec leurs voix en échos et leurs inspirations psyché, ce duo power pop survolté fait rimer garage et harmonie. Energie, bonne vibration et modernité sont de la partie. Difficile de ne pas penser à Brigitte dans l’écho des voix et la dualité. Une version néanmoins monté sur des ressorts. Hauts les cœurs !

BANDE DE POTES : Complètement délurés et rock aux inspirations variés, The Big Idea  rassemble toutes les qualités d’un groupe tout droit sorti du garage de ses parents. Avec la fougue que l’on connait aux projets férus de guitares électrique, de claviers endiablés et de batterie omniprésente, les six comparses plongent les spectateurs dans leurs rêveries et leurs blagues. Ne manquant pas de remercier le Printemps pour son invitation mais aussi pour la qualité de ses repas et de ses glaces illimité, la formation balance sur scène. Difficile de résister à l’envie de pogoter et de plonger dans le rêve éveillé de cet univers fournis qui fait un pied de nez aux Cure, aux Beach Boys et au meilleur de la scène indé psyché. Du rock, du vrai entre bordel organisé et fête adolescente.

INVITÉS SURPRISES : Habituée au Printemps de Bourges, la douce Pomme prend possession de la scène du Palais d’Auron dans une combinaison à poids. Avec sa scénographie minimaliste et ses chansons à textes, la musicienne communique volontiers avec son audience et parle des spécialités culinaires de nos régions. À Bourges, c’est la pomme de terre. « Avec du ketchup ? » s’amuse-t-elle. Temps fort de sa performance : lorsqu’elle invite Flavien Berger et Novembre Ultra le temps d’un aparté de 10 minutes, chapeau pointu sur la tête, confectionné par la caution masculine sur scène. Un instant onirique, presque champêtre qui plonge la salle berrichonne dans une introspection planante.

DEBOUT, DEBOUT : Depuis le début, le chapiteau Winouïs, est le lieu où les mesures barrières sont les plus appliquées à la lettre. Il faut être maximum trois derrière une table, il est interdit de rester debout malgré l’immensité de l’espace proposé. Masques et gel sont évidemment de la partie. C’était sans compter sur la tornade Lova Lova , avant-dernier à jouer pour le tremplin. Les afros-rockeurs originaires du Congo déchainent la foule qui n’y tient plus. Alors que scéniquement le show s’enflamme, l’avant-sccène est prise d’assaut par le public qui vient s’y dandiner. La musique ne connait plus d’interdits !

BLANCHE CAGOULE & CAGOULE NOIRE : Qu’il est étrange de découvrir à l’affiche des Inouïs deux artistes qui se suivent et dont les univers sont si similaires : Pirate et Euteika . Les deux formations de rap français proposent des sonorités similaires et portent chacun pour tenue scénique une cagoule qui leur recouvre le visage.
Le premier duo se cache derrière une cagoule blanche qu’il retirera par la suite pour mieux parler de la situation dans les quartiers, ou d’un drame inspirant… celui d’une carte sim qui a pris l’eau.
Le second, cette fois-ci caché sous une cagoule noire, qu’il ne retirera pas, s’appuie sur les capacités de son DJ dont on aura, promet-il « l’envie de crier le nom ». Le jeu d’écrans et notamment le décors apocalyptique qui s’y joue relèvent cette performance pour le moins classique.

PUNK-ROCK NOT DEAD : Avec des références comme Weezer et Brody Dale, Annabal Lee , ne pouvait qu’évoquer une certaine nostalgie rock bien construite. La joyeuse bande belge menée par Audrey Marot déborde d’énergie et d’amour pour ses classiques. En sort un rock power-pop bien fait, qui sent bon l’amitié, la bière, la décontraction et la maturité d’écriture. Un moment de partage !

À LA CROISÉE DES GENRES : Très attendu cette année, Achile n’a pas manqué de se faire repérer. Le musicien oscille entre les genres rappelant un certain Eddy de Pretto auquel il vole volontiers le flot. Il faut dire que le chanteur slam n’en est pas à ses premiers pas, s’étant déjà offert un feat avec Oxmo. Côté scène sa pop urbaine prend des allures hip-hop. Un artiste dans l’air du temps !

LA CLAQUE : C’est S+C+A+R+R   qui est venu la donner. Avec son look non genré et son short moulant et rose, le musicien électro bouleverse l’assistance et offre l’une des performances les plus fascinantes de ce Printemps 2021. Déposé sur scène en fauteuil roulant, face à une scénographie incluant un vieil écran de télévision et un batteur au dos recouvert de tatouages, celui qui ne révèle son identité que sur scène a su bien s’entourer : c’est Dan Levy (The Dø) qui l’a repéré ! En écho avec la performance de Prudence quelques jours plus tôt, l’âme de ce duo plane avec beauté sur l’événement. Une chorégraphie entre maîtrise et lâché prise qui mettra par ailleurs tout le monde d’accord. Un univers électro travaillé, moderne, écrit et parfaitement beau qui laissera derrière elle une audience bluffée !

L’INSTANT DISCO : Si l’évènement est habitué à accueillir La Femme, cette fois-ci il lui préfère L’impératrice . Hasard du calendrier, les deux formations sortaient un nouvel opus à des dates rapprochées. Pourtant, celui de L’Impératrice Tako Tsubo se détache largement du lot. Si l’album construit captive à l’écoute, il en est de même en concert. La structure de ce spectacle fluide et sophistiqué respire la bonne humeur. Flore Benguigui aux commandes met rapidement l’assistance dans l’ambiance et lui permet de danser. Une performance solaire!

LE RETOUR : Sébastien Tellier , maître incontournable de la scène électronique est de retour. Au programme de ces retrouvailles, une scénographie soignée, un décor bien fait, des lumières modernes et surtout “La ritournelle”, le titre phare du célèbre musicien qui ravit toujours autant les foules malgré son interprétation majoritairement instrumentale. Un temps soigné et toujours impressionnant sur fond de grand messe.

VITAMINE C : Toujours aussi barré, Philippe Katerine s’offre un Palais d’Auron complet où bonne humeur est mot d’ordre. Décors grandiloquent, kitch assumé et rayonnement scénique sont de la partie. Tout le monde se met d’accord : le chanteur est la prescription idéale pour envoyer balader les jours moroses.

GROSSES MACHINES : Vendredi soir, le dernier concert de la journée aura lieu au French V.I.P, petite scène en plein air cachée dans l’espace professionnel. Ce sont les fous furieux de Kosima  qui s’y collent en proposant un set de techno modulaire si puissant qu’il en fait trembler les tables. Au programme une scénographie fascinante, malgré une scène restreinte, et une énergie communicative ! Un voyage électro aux intonations chamaniques dont on aurait tord de se priver.

ROCK FÉMININ : Venue présenter son nouvel opus Tandem, Alice Animal s’est emparée de la scène pour distiller avec bonne humeur ses compostions rock. Aidée de sa fameuse guitare éclair et de son énergie, la chanteuse offre à l’assistance un show carré, plein de bonne ondes et de passion. Rock et chanson française s’y croisent sur fond de paroles travaillées.

DEBOUT !PLK et Georgio  sont l’illustration même de l’impossibilité de jouer tous les concerts assis. D’ailleurs à peine Georgio a-t-il commencé son concert que sur son invitation, ses fans créent de force une fosse pleine à craquer. Les chaises installées à cet effet volent au dessus de la foule alors que circle pits et pogos s’additionnent. À tel point que le concert suivant, celui de PLK passera directement par la configuration debout sans passer par la case assise. La tension en fosse monte tellement qu’un malaise a lieu quelques minutes après le début de set, forçant le concert à s’arrêter quelques instants. Le rap serait-il devenu le nouveau punk ?

FOULE FAMILIALE : Le dernier jour de cette édition 2021, la famille est à l’honneur alors qu’Alain Souchon entre en scène. Un changement de public radical avec la jeunesse de la veille puisque cette fois la foule a entre 7 et 77 ans. Le chanteur iconique lui, invite ses deux fils Ours et Pierre Souchon  à le rejoindre sur scène le temps d’un titre. Le set inclut tous ses classiques les plus connus et se conclut sur “Foule sentimentale”, avec une salle qui chante en chœur debout. Un temps pour se retrouver tous ensemble sous l’œil de Roselyne Bachelot, discrètement installée en gradin et venue faire un coup de communication rapide.

L’ANNÉE PROCHAINE :  Le Printemps, dans sa configuration classique il faut l’espérer, accueillera ses festivaliers du 19 au 24 avril 2022.

>>Site du Printemps de bourges

Julia Escudero
Photos : David Poulain

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