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Patrick Coutin

Une légende rock

Auteur du légendaire “J’aime Regarder les Filles” Patrick Coutin est bien loin de n’être que l’auteur d’un seul tube, aussi mythique soit-il. Après le remarquable coffret Coutin paradise, il nous offre aujourd’hui un superbe album : L’homme invisible. Portrait.

Patrick Coutin 27/09/22 © Marylène Eytier aubondeclic.com

Patrick Coutin a eu une longue carrière entrecoupée de longues années d’absence. Après trois albums en trois ans au début des années 80 il disparait des radars dix ans durant : « Je me suis fâché avec Epic qui m’avait fait des coups crasseux. Quand tu te fâchais avec une major à l’époque, les autres grandes maisons de disques ne te prenaient pas non plus. J’en avais en plus un peu marre du show-biz. Je n’ai jamais vraiment aimé le show-biz d’ailleurs. Mon deuxième album n’avait pas trop marché alors que je trouve que c’est un très bon disque. Epic voulait que le troisième sonne comme du Goldman. Après la sortie de celui-ci j’ai été dans une perspective de faire de la musique pour le plaisir d’en faire. Je suis un gosse de banlieue. Les gens de chez Epic, ce n’était pas mon monde. »

Coutin n’a jamais vécu comme une frustration le fait d’être aujourd’hui encore pour nombre de gens l’auteur d’un seul titre, “J’aime regarder les filles” : « On te prêtait subitement toutes les qualités alors que deux mois avant on te snobait. Être connu n’était pas quelque chose qui m’intéressait. J’ai été étonné que le morceau devienne un tube. Le titre est arrivé au moment des radio libres. Les mecs de ces radios étaient potes avec les DJ, du coup le morceau passait aussi beaucoup en boîte. Mes potes hallucinaient quand il me voyait, moi l’anar, le révolutionnaire chez Drucker. »

Lorsqu’on interroge l’artiste sur ce titre qui pourrait être interprété comme machiste à notre époque post #Metoo, il nous explique que le morceau n’a rien d’offensant envers les femmes : « J’ai été élevé dans l’égalité hommes/femmes. Je fais partie de la génération du Women’s lib. On a le droit d’écrire, d’aimer, de séduire. Dès 1970 il y a de grands mouvements de revendication féministes et homosexuels de par le monde. Je suis pour la liberté et contre la cancel-culture qui peut être dangereuse. Le rock est là pour exprimer des moments de société. « J’aime regarder les filles » en est un. »

“J’aime regarder les filles” possède la particularité d’être un morceau culte enregistré dans un lieu culte : le Château d’Hérouville : « C’est un lieu mythique mais en tant que musicien tu ne t’en rendais pas compte. Le lieu est en outre devenu mythique car on vit une époque qui aime mythifier le passé. J’y ai enregistré mes deux premiers albums. On savait à l’époque que Bowie ou Iggy avaient enregistré là-bas mais je ne les ai jamais croisés. »

Patrick Coutin 27/09/22 © Marylène Eytier

Coutin ne regarde justement pas vers le passé, qu’il soit mythique ou non. Il reste aujourd’hui encore pleinement d’actualité avec un nouvel album qui nous arrive ces jours-ci. Le musicien a été l’enregistrer à Austin, une ville connue pour la qualité de ses studios : « Autrefois Austin était une ville française où l’on soignait la tuberculose. Les musiciens du Mississippi allaient s’y faire soigner. C’est une ville ouverte, universitaire, très branchée, anti- guerre, anti Oncle sam. La ville compte au moins 200 studios et les musiciens y sont tous excellents. C’est une ville qui est du côté des poètes, des intellectuels. Mon album a cette coloration Austin. On l’a enregistré en deux jours. J’avais déjà bossé là-bas quand j’ai enregistré les Wampas ou Dick Rivers. En février 2022, j’ai retrouvé le guitariste de John Cougar Mellencamp et de Willie Nelson et l’ai branché pour qu’il joue sur l’album. Il avait le meilleur bassiste et le meilleur batteur de Austin sous le coude dans un studio qui appartient au chef des roadies du Grateful Dead. Et on l’a fait. »

Avec ce nouvel album Coutin très réussi, montre quel talentueux musicien il est. Il montre également qu’avec les années il n’a pas changé d’un pouce : « Les idées de mes 18 ans : la paix dans le monde, l’écologie sont toujours celles qui m’animent. Ce qui a changé, malheureusement, c’est qu’à l’époque où nous descendions dans la rue on faisait peur. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ma génération a fait cesser la guerre au Viet-Nam, a participé à la chute de l’URSS. La jeune génération écolo pourrait être ce contre-pouvoir dont toute société a besoin. »

Texte : Pierre-Arnaud JONARD

Photos live (La Dame de Canton Paris, 27 sept. 2022) : Marylène Eytier

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