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PointPointVirgulePointvirguleCrochetParenthèse

Frontal, lancinant et dansant à la fois, le premier album de PointPointVirgulePointvirguleCrochetParenthèse (oui, vous avez bien lu) ne peut laisser indifférent. Le duo bordelais explore l’amour et la mélancolie au moyen d’une électro métallique et désabusée, écorchant au passage les normes hétérocentrées.

Salut Shay et Nina, est-ce que vous pouvez vous présenter et parler de votre parcours musical ?

Nina : Au départ, on s’amusait en soirée. Shay tapait sur sa batterie et moi je criais des poèmes dessus.

Shay : On est PointPointVirgulePointvirguleCrochetParenthèse, on est un duo d’electro-pop-queer de Bordeaux. Et on a un nom à la con, mais ça vous saviez déjà.

Comment vous êtes-vous rencontré.e.s ?

Shay : On s’est rencontré·e.s dans une brocante à Saint-Médard-en-Jalles, on cherchait tous·tes les deux le même paillasson, incroyable cette histoire.

D’où vient votre nom ?

Shay : De moi. J’ai pas fait exprès mais je regrette rien. Entre nous, les noms sans ponctuation c’est super chiant, non ? Toutes ces lettres-là, les unes à la suite… On s’en lasse un peu.

Nina : C’est un sujet sensible dans le groupe.

Quelles sont vos influences ?

Shay : Moi j’écoute beaucoup la B.O. de Ratatouille. Mais au-delà de ça, au commencement de tous les commencements, nos parents sont Sexy Sushi et Mansfied.TYA, ça c’est sûr. Mais bon pas que, on a d’autres influences aussi.

Nina : On aime bien les duos oui… Mansfied.TYA clairement, c’est LA grosse influence. Mais aussi des trucs un peu plus vieux comme Elli & Jacno.

Votre musique a un côté extrêmement désabusé, d’où ça vient ?

Shay : C’est pas un truc qu’on recherche, ça vient naturellement. On fait des chansons qui nous touchent, quand ça prend pas et qu’on n’a pas les poils se dressent sur les bras, bah on fait pas. Du coup pour répondre à la question, je pense que ça vient de la vie.

Nina : Je veux surtout pas romantiser les troubles psy… mais clairement la dépression ça nous a beaucoup inspiré.es.

On a aussi l’impression d’être parfois au bord de la rupture, du pétage de plomb. C’est une dualité que vous aimez travailler ?

Shay : C’est pas quelque chose qu’on entretient, mais je trouve que l’on essaye de toujours donner la priorité à nos ressentis et émotions. Je pense qu’il y a quelque chose d’assez cathartique dans la musique pour ça. C’est un domaine où les émotions brutes ont la priorité sur le mental. Du coup à plein de moments je suis beaucoup plus spectateur qu’acteur, je me laisse faire les choses. Et des fois ça fait des mouvements inattendus, ou des cris, ou des sauts de joie. En général c’est chouette dans tous les cas, même si des fois un peu éprouvant. Enfin là je parle surtout pour le live.

Pour les enregistrements, ça dépend, des fois on se met à fond dans l’ambiance, en tamisant les lumières s’il faut pour créer une atmosphère. C’est moins spontané qu’en live parce qu’on fait beaucoup de prises, mais on essaye quand même de retrouver un état un peu hypnotique de lâcher prise. Et souvent Nina sort des trucs très cool spontanément, ou trouve des lignes de voix à la volée. Et moi souvent à la fin je lui dis de se mettre loin du micro et de crier des trucs, parce que “j’entends des cris dans la chanson, au fond, juste sur ce passage”. Ou bien des petits chuchotis des fois.

Votre premier clip, pour “Sol Sec”, a été réalisé avec l’Utopía Collectif Cinéma, est-ce que vous pourriez nous raconter comment s’est faite cette collaboration ?

Shay : On a participé à un concours, et on a été choisis avec d’autres groupes ! On était super content·es, parce que souvent on bricole nos clips et c’est super, mais ça nous intéressait beaucoup de pouvoir travailler dans un contexte un peu plus pro ; et en profiter pour apprendre des choses d’ailleurs… La collaboration a été super chouette, on a proposé l’idée de base et on a écrit le scénario avec eux. Ensuite les deux jours de tournage ont été bien éprouvants… D’ailleurs l’appart de Nina a été complètement déménagé pour l’occasion, mais on regrette presque rien. Enfin je sais pas, Nina regrette un peu je crois… (Rires)

Nina : C’était vraiment un chouette tournage, bien qu’épuisant. L’équipe était hyper cool, c’était convivial ! Et oui, RIP mon appart qui a été intégralement vidé puis re-rempli… Mais bon, c’était pour la bonne cause : le clip est hyper joli !

Shay : Pour le montage d’habitude c’est plutôt moi qui fais, mais là j’étais bien content que ce soit pas moi. Je trouve intéressant de voir comment font les pros pour progresser ! Et ça donne des choses nouvelles que l’on aurait sans doute pas du tout pensées comme ça. D’un côté ça enlève de la main mise sur ce qu’on fait, de l’autre ça nous enrichit et nous ouvre des horizons. Donc de temps en temps, ce serait cool de pouvoir refaire ce genre de collaboration.

Votre premier album est très politique, avec des textes sur l’amour queer, la transidentité, la masculinité toxique. Vous pourriez nous en dire plus ?

Shay : On n’a pas cherché à le faire particulièrement politique, c’est venu tout seul. Ce sont des sujets qui nous touchent beaucoup au quotidien, donc c’est logique de les retrouver dans nos chansons. Et là encore, une chanson comme “Jean-Victor” a un côté mega cathartique et fédérateur. En live, c’est des moments géniaux à hurler avec tout le public. Enfin avec toutes les personnes AFAB (“Asigned Female At Birth”, assignées filles à la naissance, ndlr) surtout, même si y’a toujours des “Jean-Victor” dans l’audience qui n’ont rien compris et qui chantent aussi. (Rires)

On sent également pas mal d’ironie, c’est votre arme pour survivre à l’absurdité ?

Shay : Je pense que ça nous sert beaucoup en dehors de la musique, pour gérer des situations à la con qui seraient à pleurer sinon (genre les “Jean-Victor” du quotidien). Mais sinon j’aime bien aussi le premier degré très brut. J’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de contenu premier degré, et en vrai ça fait du bien, je trouve. J’adore l’ironie mais depuis que j’ai vu le spectacle Nanette d’Hannah Gadsby, ça m’a pas mal questionné. C’est vrai que le problème avec l’ironie, c’est que ça sonne souvent un peu trop comme de l’humour et ça dédramatise, ça “allège” le poids du propos de fond parfois. Mais voyez le spectacle, elle en parle beaucoup mieux que moi ! Et il est génial.

Nina : De mon côté, j’avoue que le sarcasme, c’est un truc que j’utilise vraiment au quotidien. Et oui, ça permet de dé-dramatiser, je suppose. Ça me fait vraiment marrer de dire des trucs hyper-crus et provocateurs sans rire du tout. La réaction des gens est assez drôle. Mais quand les gens me connaissent ensuite, ils savent que c’est mon humour et on en rit tous.tes ensemble, et c’est chouette !

Vous venez de sortir votre premier album, qu’est-ce que vous envisagez pour la suite ?

Shay : DES VACANCES ! Non on va faire d’autres chansons, on a déjà des trucs sous le coude !

Nina : D’autres chansons ouiiii ! On a hyper hâte… ça fait un moment qu’on tourne un peu avec les mêmes sons (même si on en a pas mal, au final). Et ça va faire un bien fou !!!

Qu’est-ce que vous préparez pour le live ?

Shay : En général, on prépare pas trop. On répète très peu par exemple. Du coup, ça fait un peu peur parfois (enfin moi ça me fait un peu peur d’oublier les paroles par exemple) mais d’un côté ça permet de garder une vraie fraîcheur et d’être méga attentif au moment présent pendant les live. Du coup on est toujours super content·es de jouer les chansons et ça doit se sentir j’imagine.

Nina : Ça implique souvent des bugs en live d’ailleurs ! Mais on préfère que ce soit spontané !

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LOU MARÉCHAL

Photo : JESSICA CALVO

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