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LYNDA LEMAY


Il était onze fois

Faut oser le défi ! La Québécoise Lynda Lemay propose les deux premiers albums de son projet multi-albums Il était onze fois : onze albums de onze chansons, onze thématiques… Plus onze vidéoclips pour onze morceaux qui ne formeront au bout du compte qu’une seule et grande histoire…

Celle qui est textuellement digne héritière de Jacques Brel y dissèque à sa façon si particulière des sujets brûlants d’actualité ou effarants d’éternité : la famille, la fin de vie, l’amour, l’anxiété, le deuil… Mais le thème qu’on retient au final, c’est l’espoir qui l’a toujours motivée. Les 11 albums, dont Lynda est la réalisatrice, ont entièrement été enregistrés aux Studios Piccolo à Montréal. Elle s’est entourée de complices de longue date dont Dominique Messier, Yves Savard, Pierre Messier, Sébastien Dufour, etc. La liste déborde d’amis musiciens. Quant au « mélo-métrage », cette partie du projet qui flirte avec le cinéma, il est produit par Parce Que Films et réalisé par Éric Morin. Quelques échanges confinés avec l’artiste…

 

Toute cette histoire est née à la mort de ton père (pour qui elle avait fait l’une de ses plus belles chansons) ?

« Il a gardé des étoiles dans ses yeux jusqu’au dernier regard. Un regard d’une bonté infinie. C’est peut-être pour ça que j’y crois, à l’infini, et que j’ai des idées de grandeur ! Quelques mois après son décès, j’étais assise au Café Le Spot, situé tout près de l’école que fréquentait ma fille Ruby en 2017. Et comme ça m’arrive souvent, j’ai eu un flash, une vision! Je me suis vue réaliser le plus grand projet de ma vie: onze albums de onze chansons. Cette envie m’est-elle venue de la conscience renouvelée que j’avais de la précarité de la vie ? Voulais-je profiter avec gourmandise de ce temps qu’il me restait pour tout faire tout de suite parce qu’on ne sait rien de ce qui nous pend au bout du nez ? Sans doute … Ce jour-là, au Spot, j’étais la gardienne du téléphone de Ruby qui n’avait pas le droit au cellulaire à l’école. Elle avait mis une alarme à 11:11. Quand ça a sonné, c’était écrit « Make a wish ». J’en ai fait tout un. Merci pour ton alarme Ruby, ça m’a bien réveillée ! »

 

 

Faut être fou… ou Québécois… ou les deux pour monter un tel projet ! Quelles ont été les réactions de ton entourage, de ta maison de disques quand tu leur as annoncé ?

« Oui je suis folle, je pense. Et TRÈS QUÉBÉCOISE ! Hihi ! J’aime « à la folie » mon métier d’auteure-compositrice, et ma flamme d’inspiration ne semble pas avoir l’intention de s’éteindre de si tôt ! (rires) Quand j’ai annoncé à ma compagnie de disques mon intention de me lancer dans un projet d’albums aussi démesuré, j’ai eu droit à des silences et des visages abasourdis. En fait, mon contrat d’albums était terminé avec Warner Music Canada, on en était à soit renégocier, soit tourner la page pour vivre autre chose. C’est une période difficile pour le marché du disque partout dans le monde, rien n’est plus comme avant, alors l’idée d’un projet multi-albums n’était pas sur le coup très séduisant pour les compagnies de disques ! Et à vrai dire, je rêvais de toute façon de pouvoir produire moi-même ce qui allait constituer une grosse partie de la deuxième phase de ma vie d’artiste. Ce projet est une belle suite à tout ce que j’ai déjà accompli, mais c’est aussi le début d’un deuxième grand chapitre de ma petite histoire. J’arrive à une maturité qui a appris à s’armer de la même spontanéité et de la même insouciance que celles qui étaient mes moteurs à mes tout débuts en chanson. J’ai donc tout produit, en y mettant toutes mes économies, sans douter de la suite. Insouciance, disais-je donc ! Et je me suis entourée d’une équipe formidable à la distribution, une équipe de pros, chez Sony Music et The Orchard, qui me soutiennent et me conseillent, et qui de toute évidence sont aussi fous et motivés que moi ! Ils abattent un boulot exceptionnel ! »

 

S’il y a quelques années ton compagnon à la “drôle de mine avait du plomb dans la tête les soirs où il te la faisait, et qu’il boudait et se taisait”, apparemment, il est s’est rattrapé pour fournir onze albums ! Entre deux “visites” et quelques rangements de “souliers verts aux ordures”, ça vous a pris combien de temps à tous les deux pour cette écriture ?

« Haha !!! Oui mon crayon est toujours aussi fringant et fougueux ! Il l’est plus que jamais en fait ! Il me surprendra toujours ! Je le laisse m’éblouir, je n’essaie pas de le contrôler, il est totalement libre ! Si je calcule un peu, ça lui aura pris quelque chose comme 1111 jours pour écrire la grande majorité de ce beau projet, et je m’offre 1111 autres jours pour faire connaître ces albums au public ! Cependant, pendant ces prochains 1111 jours, mon crayon aura probablement du mal à se taire, alors il ne serait pas surprenant que de nouvelles chansons naissent encore et viennent bousculer le contenu aujourd’hui établi des albums. Je me laisse libre jusqu’à la dernière minute de changer d’idée et de chansons. Je ne m’interdis rien. »

 

 

Quand ta “chouette” s’envole pour vivre sa vie, penses-tu à la “place au sous-sol” qui nous attend tous ?

« Oui ma première chouette a maintenant 23 ans, vit en appartement avec son amoureux et fait son premier stage en tant qu’enseignante. Elle va enseigner le français. Je ne contiens plus ma fierté. Quand je vois ma belle adulte se réaliser ainsi, évidemment, ça me fait penser que j’arrive à une période de ma vie que l’on n’appelle plus « la jeunesse ». D’ailleurs, depuis mes tout débuts en chansons, j’ai une fascination pour cette période qui se dessine devant moi, celle où on aboutit quand les années se sont accumulées en laissant des marques sur les corps et souvent des fatigues dans les muscles, les cœurs et les esprits…. À 23 ans (l’âge de ma fille) je chantais déjà une chanson intitulée “La veilleuse” qui traite de la vieillesse. Et dans mon nouveau projet, deux des thèmes principaux abordés sont « la fin de vie » et « le deuil » … Alors oui, j’y pense, à ce qui s’en vient. Et ça me fait écrire beaucoup. Il y a aussi, pour clore mon album Des milliers de plumes une chanson intitulée “Comment j’vais faire” qui raconte en toute simplicité la tristesse et l’inquiétude que l’on peut ressentir en tant que maman au moment précis où son enfant quitte officiellement la maison pour aller vivre sa propre vie! »

 

lynda lemay

 

Ce projet Il était onze fois se clôturera par une Place des Arts et un Olympia de onze heure de concert ??? 😉

« Si tu savais les idées plus folles que folles que j’ai quand je pense aux spectacles à venir ! Je n’ose même pas encore en parler. Ça se bouscule dans ma tête. Ce que je peux te dire, c’est que pour le moment, je ne rêve que d’une chose : pouvoir revenir sur scène, guitare en bandoulière, des « onzaines » de chansons en poche, sans crainte que qui que ce soit ne tombe malade. Ça, c’est la première étape ! Et j’ai toute une série de shows qui s’en viennent, autant en Europe qu’au Québec. Avec ma belle équipe chez Azimuth en France, et mon équipe de feu chez Caliméro, on fait les plans en espérant ne pas continuer de les défaire au fur et à mesure ! On reste optimistes. Si le virus persiste, on s’adaptera. Un jour à la fois, un show à la fois. Mais le show est prêt. Et il se transforme chaque jour. Au fil des chansons… »

 

 

>> Le site de Lynda Lemay

SERGE BEYER

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