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MAGMA

Magma ©Georges Besnier

Les 50 ans d’un mythe

Cinquante ans que l’aventure kobaïenne a débuté. Pour fêter dignement cet anniversaire le combo de Christian Vander s’offre un album et une tournée qui les verra passer par la Philarmonie de Paris le 26 Juin prochain.

Zëss n’est pas totalement un inédit puisque le groupe l’avait interprété pour la première fois au Printemps de Bourges en 1979 mais c’est la première fois que l’œuvre existe dans son intégralité. Magnifiée par l’orchestre philarmonique de Prague, cette version montre si besoin était à quel point Magma reste toujours un OVNI. Leur musique est à part, inclassable. Si à l’origine, ils ont été influencés tant par le jazz que par l’école progressive de Canterbury (Soft Machine, Caravan), le groupe a depuis longtemps inventé sa propre grammaire et bien entendu son propre langage, avec le kobaien. Une langue qui est arrivée par hasard alors que Christian Vander répétait un morceau sur une guitare : « Le kobaien s’est imposé de lui-même. Il n’y avait rien qui avait été pensé comme une langue comme cela a pu être le cas avec l’espéranto par exemple. »

Magma reste hors du temps et leur nouvel opus est un disque qui aurait aussi bien pu sortir en 1976, qu’aujourd’hui ou en 2050. Composé à l’origine en 1977, Christian Vander avait senti avec Zëss les prémisses de quelque chose : « J’avais tout écrit sur un cahier. Un thème autour du maitre des sons puis j’ai égaré le papier sur lequel j’avais tout noté. Ma femme m’en a reparlé l’an dernier en me disant ce serait peut-être bien de le sortir maintenant. Je me suis dit, elle a raison, c’est le moment. Zëss, c’est le néant. Du coup, j’avais pensé qu’il n’y aurait peut-être rien derrière, que ce serait mon dernier morceau. Mais Zëss, c’est un songe et de ce fait, il n’y a pas de raison que j’arrête. »

 

Christian Vander Quartet -d'Eysines (33)

 

Ce disque comme tout album de Magma a un goût, une couleur, une atmosphère. C’est comme cela que Christian Vander pense et envisage la musique : « Un disque comme Kind of Blue de Miles Davis est un état d’âme. J’ai toujours pensé la musique de cette façon. Les jeunes maintenant font de la musique de façon disparate en faisant des albums comme on fait des compilations. Je n’envisage pas la musique de cette manière. Je continue d’être influencé par mes maitres : Coltrane en premier lieu. La construction de sa musique est extraordinaire. Ceux qui l’écoutent de manière superficielle ne s’en rendent pas compte. Mais si Coltrane sera toujours un maitre pour moi, il n’influence pas mon écriture. C’est sa démarche qui m’inspire. »

Magma n’a d’ailleurs pas le côté improvisation que possèdent les groupes de jazz même si sa musique reste toujours libre. Une musique tellement riche et novatrice qu’elle a pu, fait extrêmement rare, toucher aussi bien les public jazz que metal. Un grand écart qui pourrait surprendre ; Christian Vander se rappelle ainsi avoir été surpris de l’accueil qui leur avait été réservé lors du Hellfest 2016 : « J’ai été particulièrement étonné par la qualité d’écoute du public. Je ne m’attendais pas à cela. Cela a été un grand moment. » Cet amour qu’une partie du public metal a pour Magma ne se dément pas. On les retrouvera ainsi cette année à l’affiche du festival de musique extrême, Motocultor.

En cinquante ans de carrière, Magma aura ainsi réussi à concilier le public intello du jazz et celui du metal, les amoureux de musique contemporaine et les fans d’expérimental. Une gageure qui leur a donné un statut de groupe culte. Statut dont n’avait pas conscience Christian Vander durant toutes ces années : « Il y a plusieurs clés pour entrer dans notre musique. Nombreux sont ceux qui y sont entrés avec Mekanïk Destruktïw Kommandöh mais d’autres me parlent plutôt de Köhntarkösz ou de “De Futura”, un morceau de notre album Üdü Ẁüdü. Moi je suis touché par notre dernier disque. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose de plus dans cet album. Il m’émeut. Il termine un grand cycle. »

Si le groupe est devenu la légende qu’il est aujourd’hui, il le doit essentiellement au public : « Les responsables des chaines télé me disaient : « Les gens ne sont pas prêts pour cette musique ». On a toujours été au charbon à faire des centaines de kilomètres, à donner des concerts partout en France très mal payés. On a peut-être un statut de groupe culte mais moi je me souviens de toutes ces tournées où je sortais les sandwichs sur la route pour tout le groupe. »

Magma logo

Zëss / Seventh Records

>> Site de Magma 

 

PIERRE-ARNAUD JONARD
Photos : GEORGES BESNIER, MARIE EMMANUELLE BRETEL ET AURORE VINOT

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