Le 15 mai au Trianon (Paris)
Une date parisienne dans la magnifique et prestigieuse salle du Trianon, ça a quelque chose de spécial, c’est un rendez-vous important. Le concert est très attendu par le groupe Normand et par son public, comme une étape majeure de la tournée confirmant que l’aventure est bien lancée sur la voie du succès.
Dès l’ouverture des portes, l’ambiance est chaleureuse, les amis fidèles et les fans sont là. Même si la foule tarde un peu à pointer son nez ce soir, elle finit par remplir le théâtre peu avant le début du concert, impatiente de découvrir ce que va donner sur scène le nouvel album Primitifs Modernes. Ce sixième opus de La Maison Tellier enregistré dans les conditions particulières proches du live peut maintenant montrer qu’il sait tenir ses promesses (Entrevue – Longueur d’Ondes N°89).
La soirée débute avec la jolie et talentueuse chanteuse-guitariste Emilie Marsh. Seule sur scène, chemise blanche, jean skin, rouge à lèvre et guitare électrique appuient son côté rock sauvage et glamour à la fois. Elle capte de suite toute l’attention du public par sa voix douce, sa sensibilité et un son rock mélancolique. Ses textes en français sont affutés. Cette première partie s’avère un excellent choix et une bonne introduction pour la suite !
Un décor de scène simple pour La Maison Tellier : un vieux téléviseur bricolé avec l’empreinte d’une main découpée sur l’écran source de lumière renvoie directement à l’image de la pochette de Primitifs Modernes. Le concert débute avec “Fin de race”, une des chansons les plus rythmées de cet album qui apporte d’emblée une belle énergie et un plaisir communicatif. Son intro volontairement longue permet aux cinq garçons d’arriver un à un sur scène, histoire de jouer avec l’impatience du public et se faire désirer. Tous sont parés des vestes identiques, le visuel reste dans le thème de l’album et renforce cette notion de « tribu » si chère à leurs yeux.
« Nous allons vous jouer tout notre nouvel album », l’annonce est faite par le chanteur Helmut dès la fin du premier morceau. Effectivement, très peu de titres anciens sont repris. Les Normands restent dans la logique de ce qu’ils ont souhaité avec ce nouvel opus. Rien d’étonnant puisque tout y est pensé pour le live et pour le plaisir de jouer ensemble. Les morceaux s’enchainent parfaitement et sonnent déjà comme des tubes connus, “Chinatown”, “La horde”. Entre chaque, quelques anecdotes pleines d’humour d’Helmut, à l’aise, décontracté, et connecté avec le public.
Une voix enregistrée, celle de Fabrice Drouelle (France Inter) introduit de façon originale “Je parle d’un pays” à la manière désuète de présenter un vieux film, allégeant ainsi la noirceur du texte. Ça fonctionne. Le plaisir de jouer ensemble des musiciens est palpable. La bonne humeur s’installe, l’ambiance est familiale et festive. Alexandre le batteur aura même droit à son « Joyeux anniversaire » entonné par le public !
Certains morceaux dévoilent ainsi toute leur puissance musicale en live, comme “Ali”, “Prima notte” et bien sur “Les apaches”. Surtout que dans ce théâtre, où le son est vraiment bien porté. Entre l’acoustique et les jeux de lumières impeccables, le rendu est superbe. Et les moments de pur plaisir ne manquent pas ! Un bœuf d’anthologie entre Raoul (guitare) et Léopold (trompette) fait partie des grands moments du concert. D’autres morceaux plus calmes, intimistes se placent davantage dans l’intensité émotionnelle, comme “Les sentinelles”, mais procurent tout autant de bonheur. Enfin, la reprise savoureuse de “Désenchantée” de Mylène Farmer est vraiment une belle surprise, plaisir coupable ou pas…
Après 15 ans d’existence, les cinq faux-frères de la Maison Tellier sont toujours unis, la horde est de retour avec une envie encore plus intense d’écumer les scènes et de lâcher les chevaux ! Ce tout nouvel album leur donne des ailes et prouve qu’ils ont su garder en eux ce plaisir de jouer et cette générosité avec encore plus de talent.
Primitifs modernes / VeryCords
Texte et photos : VALÉRIE BILLARD
