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Guillaume – Ad Litteram

Guillaume Ad Litteram

Un « accident » de l’histoire

LES CONFINÉS DE LA MUSIQUE. ÉPISODE 28

Pendant cette période pour le moins troublée et troublante, Longueur d’Ondes fait le tour des artistes mais aussi des professionnels des musiques amplifiées de l’espace francophone afin de parler de la situation et de ses conséquences… Aujourd’hui : Guillaume Lombart, président de la maison d’édition québécoise Ad Litteram et de la plateforme musicale Livetoune.

Je me définis comme un entrepreneur musical qui offre à ses artistes les moyens de réaliser leurs projets artistiques. Longtemps éditeur, j’ai élargi mon champ d’activités au disque, à la scène, au management et à la production audiovisuelle avec une équipe extraordinaire. Sans elle, les rêves de nos artistes ne seraient jamais devenus réalité.

Comment travailles-tu dans cette période ?

Je commence à 5 h jusqu’à 8 h pour le travail de réflexion avec un café. Ensuite, réunions en visioconférence et téléphone avec nos partenaires, et toute l’équipe jusqu’à 17 h. L’essentiel réside dans la planification (financière, humaine) des deux prochaines années pour nos projets éditoriaux, discographiques, scéniques et audiovisuels.

Cela a entrainé quoi précisément dans ton travail / ta boîte ?

L’obligation de travailler à distance avec mon équipe puisque tout le monde est en télétravail dans les 4 coins du Québec. Nous en avons profité pour optimiser notre équipement informatique avec un serveur, et des logiciels de communication et de gestion de projets, chose que nous n’avions pas le temps d’intégrer à cause du quotidien.

As-tu des sorties reportées ?

Oui, car nous ne pouvons pas enregistrer depuis mars. Les sorties promotionnelles du printemps sont reportées à l’automne et les sorties commerciales le seront pour l’hiver 2020-21

Tes contacts avec les groupes, comment ça se passe ?

Nous essayons de nous parler une fois par semaine pour faire le point. Beaucoup sont en écriture pour leur prochain album. Il faut donc leur donner l’envie d’écrire et de composer sur des thèmes optimistes, sinon, je pense que les productions des prochains mois seront déprimantes !

Comment organises-tu les promos ?

Nous travaillons essentiellement sur les réseaux sociaux et la promo radio. Nous avons même produit un vidéoclip du titre « Tranquille » de Florence K à partir des vidéos d’internautes de la vue de leur balcon ! Aussi, nous rediffusons les spectacles, les lancements de nos artistes que nous avions captés avec notre département audiovisuel, Livetoune.

 

Guillaume LIVETOUNE

 

Ça te fait réfléchir différemment ? Est-ce que tu vois les choses sous un autre angle désormais ?

Étant éditeur, j’ai toujours travaillé sur le long terme et me considère comme un petit artisan du monde culturel. Je ne changerai pas cette vision que j’ai de mon métier et de notre industrie. Je considère que cette épidémie est un « accident » de l’histoire. Comme il y en a toujours eu. Par contre pour notre société de privilégiés, c’est la première fois depuis 70 ans que l’accident arrive en pleine face ! Espérons que nous serons prêts pour évoluer dans un monde de partage des richesses.

T’as pas eu envie de tout lâcher ?

Non au contraire. Tout le monde a pris conscience de la musique dans sa vie de tous les jours. En tant qu’acteur, nous avons deux obligations pour l’avenir : continuer de produire des projets qui font rêver les gens et revendiquer plus haut et plus fort nos droits pour une meilleure répartition des revenus de notre industrie.

L’industrie de la musique est paralysée, tu penses que tout va repartir comme avant, petit à petit, ou au contraire il va falloir repenser certaines choses ?

Je pense que les plus touchées sont, à court terme, en effet les salles indépendantes. Sans revenus liés aux spectacles, sans subventions de fonctionnement, elles risquent de disparaitre. Ce serait une catastrophe pour toute la filière musicale car ce sont des lieux de découverte, d’ouverture, de culture mais aussi de formation pour les artistes émergents. C’est donc l’équivalent de fermer les écoles pour une société ! Et si on regarde toutes les étapes de déconfinement dans le monde, les gouvernements ont incité à un déconfinement avec les enfants, pour un retour à l’école.

Si tu pouvais faire un vœu pour demain ?

Faire prendre conscience de la nécessité de la musique dans la vie de tous et concevoir l’art comme un « service essentiel » de nos sociétés.

Ta playlist confinement : 5 titres.

Cédrik St Onge : Ici

Moran : Dans ma tête

Florence K : tranquille

Reney Ray : De la cour au jardin

Mathieu Bérubé : De jour et d’ennui

 

Propos recueillis par Pierre-Arnaud Jonard

 

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