TERRES DU SON

Du 12 au 14 juillet 2019 à Monts (37)

CADRE : Le domaine de Candé est toujours aussi appréciable. Aéré, l’espace permet une circulation fluide des festivaliers, 40 000 répartis sur les trois soirs pour cette 15ème édition.

MÉTÉO : Très très chaud.

ÉCO-FESTIVAL : Les organisateurs continuent leur travail autour de l’écologie. Ils communiquent énormément sur cet axe primordial pour eux : impact environnemental de chaque édition, baisse de la production de déchets, baisse drastique de l’achat et de vente de bouteilles d’eau, la préfecture a d’ailleurs autorisé les festivaliers à venir sur le site avec leur gourde vide, carafes d’eau pour les artistes, mise en place de navettes et de trains, etc. Ils regrettent cependant un impact carbone encore trop important dû au nombre de voitures se rendant sur le site…

SOCIAL-FESTIVAL : Il y a une association d’insertion présente sur le site qui est assez surprenante de part son intérêt ludique et éducatif, la « déchetterie éphémère ». Ils proposent aux festivaliers de jouer pour gagner un pass Terres du Son à vie. Cela consiste à trier une poubelle récupérée sur le site et à placer les déchets dans les containers appropriés : ménagers, recyclables, encombrants. La fabrication de la scénographie en palette est faite par des jeunes accompagnés d’éducateurs dans le cadre d’un partenariat avec des ITEP et des IME. Enfin, ils soutiennent la promotion de groupes locaux avec une exposition privilégiée sur la scène Propul’son. Leur campagne de communication est claire : « Vous n’êtes pas là par hasard ! »

LE VENDREDI, c’est family : Angèle, tête d’affiche de cette première soirée, a fait venir un public très familial et important. C’est une des plus grosses fréquentations depuis 15 ans : 14000 festivaliers. Elle offre, pour clôturer son set, sa superbe reprise de Pauline Croze “T’es beau”.

Last Train, avec leur look à la Peaky Blinders, annonce le niveau toujours qualitatif des groupes de cette programmation variée. Le drapé blanc en fond de scène et leurs costumes noirs donnent à ce rock mature une tonalité cinématographique. « Le rock est mort, vive le rock ».

Les festivals estivaux sont souvent des lieux de révélations. À Terres du Son, nous avions eu la joie de découvrir Hyphen Hyphen. Cette année, les Australiennes de Haiku Hands ont retourné le chapiteau, avec leurs performances scéniques bourrées d’énergie et leurs chorégraphies chiadées.

LE SAMEDI, c’est éclectique : Le fils de Fela, Seun Kuti, ouvre le bal. C’est une première pour lui dans ce festival. Il donne très rapidement au public ravi, une reprise de son père. Son pas de danse presque mystique, ainsi que le niveau musical font très vite adhérer les spectateurs qui s’approchent et lui offrent une écoute d’exception. Les cuivres en nombre, dont Seun au saxophone, donnent une couleur sans pareil à son afrobeat où l’emprunte du groove de Egypt 80 est jouissive.

Lou Doillon et sa voix incroyable, rocailleuse ne nous a malheureusement pas autant séduit qu’on ne l’imaginait. Comme s’il manquait quelque chose musicalement pour réussir à embarquer le public, pourtant conquit d’avance. Belle prestation scénique cependant… Et un petit mot doux à la fin de son show qui a donné le sourire à chacun des auditeurs : « Soyez beau et prenez du plaisir partout ».

Le samedi est depuis l’an dernier, la soirée rap. Cette année a été marquée par la venue de Gringe et Vald qui ont fait venir un public, jeune, voir très jeune et en grand nombre. Le choix des horaires de passages des groupes est par contre, surprenant. En effet, Jeanne Added, toujours aussi géniale sur scène, a été programmée un peu tardivement après Gringe et Vald : les organisateurs déclarent que ce choix est volontaire. Ils souhaitent provoquer de la rencontre et de la découverte. Et effectivement, le public est resté et a adhéré à cette musique très éloignée du rappeur la précédant…

LE DIMANCHE, c’est rock’n roll : The Inspector Cluzo est le groupe totalement raccord avec la « communication verte » du festival. Leur énergie communicative, leur complicité sur scène, leur engagement, leur discours, leur humour et bien sûr le chant de Laurent se baladant en toute facilité sur quatre octaves font de leur set, un moment toujours magique, qui fait du bien au cœur et aux oreilles.

Pour continuer cette soirée endiablée, Thérapie Taxi a mit le feu dans la fosse. Avec leurs textes décomplexés, provocateurs, ils s’adressent frontalement à la jeunesse et elle aime ça !

LES PLUS : Une application super bien foutue et un site extrêmement propre : les festivaliers ont leur cendrier de poche et jouent le jeu !

LES MOINS : La programmation plus mainstream, depuis deux ans, expliquée par une pression économique toujours plus forte et un changement de programmateur.

ILS ONT DIT : The Inspector Cluzo : « On fait très attention avec la communication autour de l’écologie… Que ce ne soit pas du business ! On est très amis avec les gens du Cabaret Vert, et ils nous avaient parlé de Terres du Son de façon sincère. Nous, l’écologie, on n’en parle pas, on la fait ! Et au final, on a juste envie d’entendre des gens dirent : “Moi, j’ai fais ça“. Évidemment en concert, on passe des messages, mais on a fait d’abord. On est autonome alimentairement, et c’est pas si simple… Une salade bio, c’est trois mois et encore, si il n’y a pas de partage avec les limaces. Le discours qu’on tient sur scène est qu’on ne pourra rien faire sans les agriculteurs parce que ce sont des gens qui ont une qualité monstrueuse : leur capacité de travail. On refuse que notre public les traite de pollueurs parce que ce sont eux qui vont faire l’agro-écologie… »