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MAMA FESTIVAL

Quoi de neuf docteur ?

Bilan du grand rassemblement défricheur de la scène musicale française

160 artistes présents sur 3 jours à Paris (11-12-13 octobre), plus de 7000 pros venus de 54 pays et des débats sur la révolution en cours dans le monde de la musique : autant dire que Pigalle ressemblait à une ruche pendant ce 14ème MaMA Festival. Depuis la disparition du Midem, le MaMA prend de plus en plus de poids dans le calendrier des professionnels. Ce festival est une vitrine et un lieu de rencontre, une sorte de festival de Cannes de la musique, sans le tapis rouge mais avec le cadre canaille de Pigalle et des sex shops jalonnant le boulevard entre Barbès et la place Blanche. Dans les 12 salles du quartier, les tourneurs, les organisateurs de festival et les journalistes viennent voir le potentiel des jeunes artistes principalement français mais aussi belges ou canadiens, et, entre 2 bières blanches, des deals se passent entre labels, éditeurs, bookers et attaché(e)s de presse.

Pas possible d’être une petite souris dans toutes les salles mais Longueur d’Ondes était bien sûr de l’aventure surtout pour faire le tour des concerts. Voilà quelques artistes qui ont faire frémir nos petites oreilles curieuses pendant cette fin de semaine agitée dans le Red light district parisien. Les sonorités rap et R&B étaient au rendez-vous mais la programmation a confirmé que le rock avait encore sa place dans le paysage, particulièrement en live.

Mention spéciale pour le bordelais TH Da Freak, valeur sûre de la scène indie française avec déjà 5 albums au compteur. Ses productions pleines de liberté et de fantaisie naviguant entre grunge, dream pop à la Mac DeMarco et esprit punk ont tout autant de saveur en live. Et Timothée, le fameux TH Da Freak aux cheveux bleus a confirmé sur scène tout le bien que l’on pense de l’énergie hirsute de ses compos.

Belle découverte également avec le groupe de La Rochelle The Big Idea, une aventure chorale avec pas moins de 7 musiciens sur scène. Beaucoup d’audace et d’expérimentations en live, entre pop psychédélique, post punk euphorique et divagations arty, notamment quand ils répètent presque en boucle le final de quelques-uns de leurs titres. Un show ébouriffant et de quoi avoir le smile et les cheveux qui frisent à la fin du set.

Plus musclé, son compact et rock stoner à la française avec une classe sans pareil, les Rennais de SBRBS (prononcez Suburbs) étaient également de la partie pour fournir tout le carburant nécessaire de La Chaufferie, la salle qui les accueillait. À noter encore que les rockers malgaches de Kristel aujourd’hui installés en France ont prouvé qu’ils ont toujours cette énergie de feu particulièrement contagieuse qui fait leur réputation depuis leur début.

Les belges Marcel étaient bien agités également avec les titres d’un album qui les définit bien : Charivari.

Et je n’oublie pas la sensation Dalle Béton, groupe rennais qui évoque une collision entre Devo et les Bérus. Le groupe refait le monde en commençant par réaliser une dalle de béton (enfin presque) en direct pendant ses concerts. Oui, il y a tout le matos sur scène ! Une performance militante, sociale et écolo où Darmanin et le gouvernement en prennent pour leur grade à grands coups de truelle, de rythmique électro rock et de slogans drôles et imparables comme « Dans ton Tiers lieu, mange ton compost »

 

. Photo : Christophe Crénel

Évidemment, chaque salle sur Pigalle, accueillait une programmation avec un parti pris différent. Pour ce qui est de la chanson direction le FGO ou bien les 3 Baudets avec un coup de cœur pour le charismatique Loverman, pseudo d’un artiste belge envoûtant. Seul en scène avec sa guitare, Loverman nous embarque par l’intensité de son interprétation qui flirte avec celles des grands songwriters américains. Mais attention, notre séducteur âpre et habité sait aussi se transformer par moment en surprenant diablotin.

Sensualité encore, plus en douceur avec le duo Maeva, une chanteuse et un batteur pour un mélange de soul et de rythmiques porteuses de good vibes.

Confirmation sinon de l’un des belles découvertes du Printemps de Bourges. Aghiad avait obtenu un des prix des Inoüis et il y a une originalité et une vie dans ses compositions à la croisée de l’orient et de la pop la plus actuelle qui en font un des espoirs les plus singuliers de la nouvelle scène française.

Déjà à Bourges, Violet Indigo était aussi au MaMA pour rappeler à quel point sa voix soul et son charisme Ladygagesque pourraient lui permettre de décrocher un succès à l’international.

On termine par un peu de poésie avec la belle découverte OJÜN, le projet de Guillaume Chartin, magicien électro qui nourrit sa musique de rencontres. Le premier album était consacré à l’île de La Réunion où il a grandi et le second qui arrive s’inspire de la région où il vit aujourd’hui, la Bretagne, avec, sur scène des projections et un joli voyage entre électronique et quelques élans organiques, à la guitare ou la clarinette.

Enfin, il y avait une tête d’affiche pour ce MaMA festival, Jeanne Added qui a conclu en beauté ce tourbillon de sons et de rencontres par un concert piano/voix à La Cigale. Relecture puissante, émouvante et élégante de ses déjà 4 albums.

 

Texte : Christophe CRÉNEL

Photos : David POULAIN (sauf indication) 

 

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