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HOLY TWO

Holy Two Mama

Acoustique architecturale

Architectes de formation, le duo Holy Two, formé à Lyon en 2013, appréhende la musique comme une construction entre lumière et ombres. La pop et le rock s’y croisent pour charpenter des mélodies sombres, sublimées par un timbre suave. Leur premier album exploite autant les mélodies que les silences.

Leur musique vogue dans l’universel ; elle traverse les frontières. Pour preuve, leur tournée en Corée et au Japon dont Hadrien parle volontiers : « Le public est étonnant là-bas, parce qu’il est très respectueux des musiques, des transitions. Ce n’est pas comme en France où les gens ont tendance à beaucoup parler. Ils ont un espèce de culte de l’artiste. » Le public asiatique n’est pourtant pas le seul à avoir l’oreille tendue vers le sacro-saint duo, qui a convaincu, dès ses débuts, les Inrocks Lab puis les Inouïs du Printemps de Bourges et enfin le MaMA Festival 2018 : « Ce sont des ambiances professionnelles et pourtant il y a une espèce d’alchimie qui se crée » se remémore Hadrien.

Label et indépendance

Signé chez Cold Fame Records, Holy Two publiait en mai 2018 un premier album poétique, Invisible Matters, qui succède à ses EPs : « On a la chance d’avoir une condition double, on est à la fois sur un label, mais on reste indés. On n’a aucune barrière artistique. Notre label a été monté par de très bons amis et nous avons été les premiers artistes signés dessus » détaille Élodie. « Quand on a commencé avec eux, c’était compliqué puisqu’à côté nous étions également étudiants en école d’archi, mais ils ont réussi à manager notre carrière malgré ces contraintes. »

 

Holy Two Mama

 

Au début, le groupe se forme sur des reprises ; “Kids” du groupe MGMT lie le duo musicalement. Un souvenir dont ils rient volontiers aujourd’hui : « C’est à travers les reprises qu’Élodie a développé sa voix et puis, petit à petit, on s’est dirigés vers des sonorités plus électroniques, plus pop. » Fusionnels, les amis complètent sans réfléchir les déclarations l’un de l’autre : « Lorsqu’on a commencé, le but était de se faire plaisir, on ne voulait pas faire de la musique pour la vendre. Notre premier CD, on l’avait gravé sur notre ordinateur. Nous en avions 15 ! Juste pour distribuer aux salles de concert. Du coup quand on a préparé notre premier album, on s’est dit que nous ne voulions pas nous enfermer dans un style pour plaire à tout prix. Les deux années de son écriture ont été variées en terme d’écoutes et de rencontres… et ça s’entend. »

Cet album est aussi le résultat d’expérimentations en live. De titres planants à leurs débuts, le groupe évolue vers des mélodies plus organiques, y apportant une chaleur humaine. La composition elle, se fait à deux esprits, chacun écrit de son côté et envoie à l’autre le résultat de ses moments de créations.

Réseaux

La vision du monde extérieur sur le travail de l’artiste est un moteur pour eux. Leur titre “Misunderstood” parle du regard inquiet des parents d’Élodie sur cette vie et ses risques, mais il peut aussi parler du jugement d’autrui face à ce choix. Les réseaux sociaux sont les premiers témoins de ces dérives. Si un jeune groupe comme Holy Two peut en être la victime, il s’en détache volontiers : « On n’est pas très réseaux. Ils peuvent avoir leurs avantages ; nous avions été diffusés par un Youtubeur et ça nous a permis de gagner en notoriété. Mais ça reste superflu puisque ça ramène une audience très peu fidèle. C’est difficile de se positionner au milieu de tous les groupes qui y voient le jour. Je pense qu’aujourd’hui, les vues ne sont pas si importantes, ce qui compte c’est de faire des concerts et de voir qui vient » explique Hadrien.

Le son du silence

Loin de tout ce tumulte, leur art s’inspire d’une autre forme d’art : l’architecture. « Ça a toujours été un fil conducteur. Dans les manières de créer comme de penser, il y a quelque chose sur les silences, sur l’ombre qui nous a toujours intéressés. Prenant exemple sur le Japon (le seul pays à encore considérer que l’ombre est plus importante que la lumière dans l’architecture), je pense que le silence peut avoir plus d’importance que la musique en elle-même. On a fait des passerelles entre ces deux mondes et leurs méthodologies dans notre façon de composer. Ce sont les mêmes logiques » explique Élodie. Oui, l’invisibilité des silences compte. En somme, une œuvre complète qui fera beaucoup de bruit.

Invisible matters

Cold flame records

Invisible-MattersUne introduction qui sent bon “Bohemian Rhapsody” de Queen permet d’entrer en douceur dans ce premier jet. Les choses sérieuses commencent avec l’hypnotique “Festin”. Loin d’être un simple hors-d’œuvre, il prend aux tripes. Les claviers entêtants se répètent alors qu’une atmosphère sombre se distille en français et en anglais. “Misunderstood” redéfinit le hip-hop, là où “Drop out” est son pendant pop. Le biblique “Chaos” permet de reprendre son souffle avec douceur pour mieux le perdre sur “Undercover girl”, un hymne en puissance. Impossible de décrocher jusqu’à la dernière note de cet album atmosphérique à écouter en boucle.

 

JULIA ESCUDERO
Photos DAVID POULAIN

 

>> Site de Holy Two

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