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RAMON PIPIN

Portrait d’un amoureux des mots

Le 25 mai au Café de la Danse Ramon Pipin présentera Best Œuf : un spectacle qui retracera le jour de ses 70 ans ses cinquante ans de carrière. Attention événement.

Ramon Pipin, son entrevue est sur Longueur d'OndesRamon Pipin a eu une carrière prolifique : d’Au Bonheur des Dames à Odeurs en passant par sa carrière solo c’est des dizaines et des dizaines de disques à la fois drôles, ambitieux et importants. A 70 ans il continue d’être d’une productivité incroyable entre ses disques solos et son travail avec les Excellents.

Aujourd’hui, il nous offre au Café de la danse un spectacle qui va retracer ses 50 ans de carrière le jour de son anniversaire : «Début 1972 je suis allé au studio d’Hérouville pour enregistrer le premier 45 tours professionnel d’Au Bonheur des Dames, un disque passé aux oubliettes depuis parce que c’était de la merde. Six mois plus tard on a fait un album. Et nous avons ensuite cartonné avec “Oh les filles” en 1974. Je ne jouerai pas ce morceau à mon spectacle car un, je ne l’aime pas et deux, je ne l’ai pas écrit. Je ne joue que des morceaux que j’aime bien et que j’ai écrit. Il y aura pas mal d’invités à ce concert : des gens d’Au Bonheur des Dames, de Odeurs. On s’est bien marré avec Au Bonheur des Dames. Rien qu’en 1975 on a fait cent dix concerts dans l’année mais j’avais d’autres velléités musicales. C’est pour cela que je suis parti. Je n’aimais pas trop le côté rétro que l’on avait. On était à l’opposé des groupes du Golf Drouot de l’époque qui étaient, il faut bien le dire assez chiants : on voulait faire un truc fun à l’image du groupe Sha na na dans Woodstock. On était aussi inspirés par le glam à la Sweet, Slade. J’aurais même aimé que l’on aille plus loin là-dedans. »

Après Au Bonheur des Dames Ramon Pipin monte son propre studio et une nouvelle aventure s’ouvre avec Odeurs. Un premier album assez parodique, un second ultra créatif puis un troisième très ambitieux : « Dans mon studio plein de musiciens venaient jouer. C’était comme un laboratoire. » Le groupe cartonne mais cela ne suffit pas à couvrir les frais : « J’ai toujours été mégalo. On faisait des trucs à 32 dans Odeurs. Aujourd’hui encore on est parfois quatorze sur scène dont un quatuor à cordes. »

De ses débuts à aujourd’hui Ramon Pipin a toujours pratiqué un humour ancré sur le réel, le social : « J’ai écrit récemment un morceau sur la cancel culture et un autre sur une fille qui travaille chez Lidl. J’étais ami avec Coluche et Desproges qui faisaient des trucs sociétaux. Ce ne serait plus possible de faire ça aujourd’hui car il y a de la censure et plus encore de l’auto-censure. Je tweete tous les jours et fais extrêmement attention à ce que je dis. Je ne crois cependant pas que la censure ait freiné de quelque façon que ce soit ma carrière. Avec Odeurs on faisait un morceau comme “Laval qui rit” à nos spectacles et tu avais des mecs qui faisaient le salut nazi dans la salle. On a donc arrêté de suite. J’ai toujours fait attention à ce qu’il ne puisse pas y avoir la moindre ambiguïté dans l’interprétation de mes textes. »

« Ce que je fais n’est pas parodique sauf avec les Excellents. On a fait des millions de vues sur Youtube avec ça. Cela m’a stupéfait que cela marche autant. On a fait “Billie Jean” avec Sylvain Fusée de Groland au cor de chasse. On a produit soixante-dix parodies au total. On avait repris “Planet Claire” des B52’s avec les frères Bogdanoff. Une productrice veut que l’on fasse l’Olympia. On va voir. »

Maniaque de travail à l’instar d’un Brian Wilson qu’il adore, Ramon Pipin est un amoureux des mots à un point tel qu’il réécrit en permanence ses textes pour coller à l’actualité. C’est sans doute pour cela que son travail n’a pas perdu une ride après toutes ses années et qu’il reste l’un des musiciens plus inventifs de la scène française.

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Entrevue et photo: Pierre-Arnaud JONARD

 

 

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