Du 24 au 27 juin 2021, Hippodrome d’Évreux-Navarre / Normandie, Eure (27)
CADRE : Plein air, avec une seule et unique scène sur l’imposant terrain de l’hippodrome d’Évreux face à 4 000 chiliennes parfaitement alignées, du jamais vu pour un des rares festival organisé dans un contexte inédit !
MÉTÉO : Mise à part une 1ère soirée ensoleillée qui ravit Thomas Dutronc et Benjamin Biolay, les autres jours sont plutôt pluvieux, particulièrement le vendredi pour Paul Personne et Louis Bertignac, avec un terrain de plus en plus boueux.
LA CARTE D’IDENTITÉ : Edition unique, on l’espère, car sans précédent en format Covid, sous contrôle sanitaire strict. La 4e édition très spéciale de cette manifestation qui remplace depuis 2017 Le rock dans tous ses états débute la saison d’été en redonnant l’espoir. Alors que pratiquement tous les festivals s’annulent en raison de la crise sanitaire, Vincent Ficot, le Directeur de Rock in Evreux, décide en mars dernier de maintenir cet évènement déjà annulé en 2020. Un pari très risqué pour un projet qui finalement voit le jour dans une version revisitée : 4 soirées, 4 sets par jour en placement assis, soit au total 16 groupes exclusivement français. La programmation est donc adaptée et beaucoup plus calme que les années précédentes. Plus pop tendance variété que rock, ce festival attire un public en majorité plus âgé et plus familial : une volonté assumée en adéquation avec la position assise presque allongée conférée par les chaises longues, avec écrans géants qui permettent de suivre les concerts de partout sur l’hippodrome. Les chaises du fond sont néanmoins restées vides, peu de public jeudi et vendredi avec moins de 1500 personnes, seules les soirées de samedi et dimanche emmènent la jauge entre 60 et 80 %.
LES PLUS :
L’impression d’être dans une bulle de liberté, loin de la pandémie, retrouver les sensations d’un concert.
L’intensité des prestations données par les artistes, dont c’est le 1er concert en public pour chacun d’entre eux depuis de nombreux mois, amenant le plein d’émotion.
La reprise du travail pour les intermittents, heureux tout comme les organisateurs qui y voient un nouveau début « Maintenant, on sait qu’on peut le faire malgré la crise Covid, on en est capable, on va continuer ! ».
La mise en avant chaque jour d’un groupe de la région, grâce à la collaboration artistique entre les festivals Ça sonne à la porte avec Jérémi Tomczyk et Rock In Evreux avec Christophe Courtonne, qui donne l’opportunité de rendre visibles des artistes locaux très talentueux, tel Sacha Nemmar https://www.sacha-nemmar.com/ virtuose de la guitare tombé dans la musique dès son plus jeune âge, au style jazz électro très percutant.
LES MOINS :
Les conditions sanitaires drastiques pour pouvoir entrer sur l’hippodrome, imposées pour le maintien du festival.
Les chaises longues alignées et vides des premiers jours, un calme trop tranquille.
Un évènement pas vraiment rock malgré son nom et des têtes d’affiche qui se retrouvent aussi dans les autres festivals maintenus, pas évident pour faire de nouvelles découvertes et attirer un public jeune.
LES VEDETTES :
Benjamin Biolay est le premier à avoir mis debout le public pourtant venu peu nombreux le premier soir, mais qui se rassemble vite le long du crach barrière pour applaudir et être au plus près de l’artiste, oubliant les contraintes sanitaires pour partager ce moment de plaisir en toute liberté. Benjamin, trop heureux de se retrouver enfin sur une scène face à eux joue même les prolongations et savoure jusqu’à la dernière minute de ce concert.
C’est avec une énergie folle que Louis Bertignac remue le public sous une pluie battante, parsemant son set de morceaux de Téléphone ainsi que de reprises diverses, de Jimi Hendrix ou encore des Stones en passant par les Beatles, on peut dire qu’il a mis le feu jusqu’à s’en déchirer la voix, et jusqu’à ne plus vouloir quitter la scène non plus !
Très attendu également, Grand Corps Malade crée beaucoup d’émotion, il rend son concert moins statique, avec une pointe d’humour en l’agrémentant d’un petit film vidéo lui permettant de chanter en duos en virtuel.
Suzane séduit par sa vitalité et son dynamisme sur son électro. On regrette qu’elle ne soit pas venue le même jour que Grand Corps Malade pour chanter leur duo.
Et Vianney, très populaire, clôture le festival avec le public le plus nombreux et le plus jeune du festival, commençant son set par une chanson réclamée via internet par le petit Mylann présent dans le public.
LA DÉCOUVERTE, ADÉLYS : Un brin de fraicheur s’invite sur l’hippodrome, avec cette jeune ébroïcienne débordante de vie et dont la coiffure rappelle celle d’Audrey Tautou dans Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Peut-être que tout comme elle, son envie est de semer discrètement le bonheur autour d’elle, c’est en tout cas l’image qu’elle dégage. Seule sur scène, vêtue d’un ciré jaune, elle emplit l’espace au rythme des sons du synthé et captive autant par sa voix puissante et claire que par sa présence et sa gestuelle. Elle embarque le public dans une aventure poétique visuelle au travers des petites histoires de ses chansons. Partagée entre la Normandie, Bruxelles et Montréal, cette jeune artiste globetrotteuse est une bulle d’oxygène et une bonne surprise.
Ici clip
COUP DE CŒUR, Kimberose : C’est toujours un plaisir de retrouver cette voix fatale de Diva de la soul music française. Kimberly, étincelante dans sa combinaison d’argent, embarque tout le monde au rythme de ses chansons et offre de très bons moments de partage, parfois empreints d’émotion comme avec ce morceau “We never said goodbye” qu’elle dédie à son père décédé depuis plusieurs années.
Une ambiance particulière donc pour un festival pas si rock et dont on retiendra la générosité des artistes mise en exergue par le manque subit par tous, cette volonté des organisateurs d’avoir maintenu cet évènement malgré le contexte et la joie du public présent. Tous très émus se sont donnés à fond.
>>Site de Rock In Chair Evreux
Texte et photos VALERIE BILLARD
