Mississippi
Editions Les XII singes, 160 pages, 39 €
Ce n’est pas seulement pour son incroyable capacité de résilience et épicentre de nombreux styles musicaux que beaucoup se repenchent, un jour ou l’autre, sur le blues… Prétexte à l’achat d’une crédibilité savante ? N’oublions pas que le genre, ce chant des opprimés qui n’a jamais aussi bien porté son adjectif dépressif, s’inscrivait dans une époque aussi sombre socialement qu’il se jouait le plus souvent à la bougie… D’où les parts d’ombre qui l’entourent, matière à fantasmes amplifiée par la tradition orale et croyances mystiques de ses protagonistes. Or, c’est précisément cet axe malin (dans tous les sens de sa définition), et inspiré notamment par le pacte diabolique de Robert & Tommy Johnson, qui a été choisi ici… S’il on peut parfois regretter le manque d’air de sa mise en page, le récit (magnifiquement) illustré « s’encre » ainsi dans l’esclavage, la prohibition et le vaudou, rappelant les raisons de l’intensité de la ferveur d’alors. Et la nécessité de continuer à la raconter.
Samuel Degasne
