Le rock francophone chez Sub Pop
Les Montréalais ont fait un sacré bout de chemin depuis le dernier article qu’on leur avait consacré (en 2016). Ils deviennent aujourd’hui le premier groupe francophone à être signé chez la mythique maison de disque Sub Pop (le label de Nirvana). Un événement dans l’Histoire de la musique.
Lorsque Corridor avait réalisé quatre maquettes pour son album à venir, leur tourneur de l’époque avait contacté plusieurs labels dont Sub Pop. Ces derniers sous le charme d’un de leurs concerts new-yorkais envoie très vite un courriel au combo précédant la signature d’un contrat discographique. Pour les Québécois, cette signature est une grande surprise : « Nos attentes n’ont jamais été énormes. Nous existons depuis six ans. Notre progression a été lente. Nous faisons les choses pas à pas. Nous n’avons pas joué aux États-Unis avant de réaliser qu’il y avait un réel intérêt pour nous là-bas. Pareil pour la France. Le fait d’être le premier groupe français sur Sub-Pop est gratifiant mais nous ne marchons cependant pas avec un étendard de la francophonie. Ce n’est pas pour autant que nos allions arrêter de chanter en français. On se sent plus à l’aise avec cette langue. C’est notre langue maternelle. C’est à l’artiste de savoir dans quelle langue, il se sentira le plus confortable. Pour nous, ça toujours été le français. »
Avec ce nouvel album, Corridor évolue vers des sphères plus pop, mais avec un sentiment d’urgence qui fait qu’ils restent au fond très rock. Cette urgence vient du fait que l’album a dû se faire vite : « Nous avions les quatre démos que nous avions envoyé au label. Il fallait écrire six nouveaux morceaux. On voulait déjà que notre disque précédent Supermercado ait un meilleur son que Le Voyage Eternel. Junior sonne peut-être plus pop parce que nous sommes désormais plus à l’aise en studio et maitrisons mieux les techniques d’enregistrement. Ce n’est pas Sub Pop qui nous a mis la pression par rapport à la date de sortie de l’album mais nous-mêmes. Nous voulions que le disque sorte en octobre 2019 et pour cela il devait être terminé en mai. Nous souhaitons maintenir notre rythme de sortie d’un album tous les deux ans. » Malgré la signature sur ce label prestigieux, le groupe reste fidèle à Emmanuel Ethier, producteur de ses opus précédents. « Nous sommes comme une famille. Il nous connaît bien. En plus, là il a fait le disque qu’il rêvait de faire avec nous, un disque bien produit, léché. »
Avec Junior, Corridor poursuit dans la veine lo-fi qui les a fait connaître mais avec une évolution au niveau de la production : « Nous essayons d’épurer au maximum nos morceaux mais à l’inverse, les arrangements sont très sophistiqués. Notre son a une patine vintage car nous ne travaillons qu’en analogique. » Après la sortie de l’album, le groupe tournera tout l’automne en Europe et aux États-Unis. « On aura grand plaisir à revenir en France, notamment. La dernière fois que nous étions venus, à la Villette, cela avait été très sympa. Nous avons de plus en plus de fans dans l’Hexagone. On adore les tournées mais la dernière avait été un peu éprouvante. Elle tombait en même temps que l’enregistrement du disque. Ce n’était pas facile. Là, on va être plus détendus. »
PIERRE-ARNAUD JONARD
Photos : DOMINIC BERTHIAUME
Junior – Sub Pop
