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DUOS ROCK

Klink Clock © Nidimages

DUOS ROCK, LE RETOUR !

Siamois reliés par le cordon ombilical du rock, ils font de la musique en duo, persévérant ainsi dans la voie ouverte avant eux par les Rita Mitsouko, Stinky Toys / Elli & Jacno, Niagara, The Shoes ou bien encore The Dø. Alors, un groupe à deux c’est vraiment mieux ?

 

Red Money © Flora Riffet

 

Pourquoi duo ?

Alors que pour beaucoup le rock se joue à 4 ou 5, de plus en plus de musiciens optent pour des line-ups minimalistes. Si Hugo et Maëva de Bandit Bandit avouent qu’être en duo « c’est pas forcément une bonne idée quand on est un couple ; c’est une belle mauvaise idée », les raisons qui poussent la majorité des formations à se réduire à 2 sont souvent liées à des expériences passées ayant fait apparaître des tensions, comme l’a vécu Martin des Twin Souls « Au départ, on avait un groupe à 3, The Strings, mais peu à peu des divergences musicales sont apparues. Tout est parti ensuite d’un rêve dans lequel je me voyais jouer avec mon frère Guilhem sur scène. Le projet était trop tentant… » Même constat pour Laure et Arnaud de Red Money : « Nous sortions d’une expérience humainement compliquée avec notre groupe précédent et avons décidé d’essayer de monter un groupe à deux. », alors que pour Angus de Captain Obvious, « étant deux frères, ça nous semblait logique » . Un choix résumé par Félix de No Money Kids : « Deux, c’est mieux pour éviter de faire des compromis qui détériorent les messages ». L’aspect pratique de la formation restreinte est également omniprésent, comme le rapporte Alex d’Equipe de Foot : « À la base, je ne crois pas que notre volonté était d’être un duo, mais quand on a commencé à répéter, on s’est rendus compte qu’absolument tout était plus simple à deux. », une opinion corroborée par Alexis d’Inwoods : « L’énergie d’un duo est plutôt magique, toujours placée là où il faut, elle ne se disperse pas. » Aurélien de Klink Clock résume bien cette alchimie : « On se connaît depuis très longtemps, on a toujours fonctionné en duo, c’est pas simple de trouver un alter ego musical. » avant que Jennie ne complète : « Dans un duo tu ne peux pas être partiellement d’accord, mais persuasif, ce qui demande plus d’implication. » Même chose chez Rawdog dont les membres, Mike et Audrey, contrairement aux Klink Clock ne forment pas un couple à la ville : « Audrey a proposé de chanter mes compos, et au fur et à mesure on a avancé à 2, pris des repères, construit un son. » C’est finalement Julien de Why Elephant qui résume le bonheur de cette vie à deux : « Le challenge de faire sonner quelque chose juste à 2 est très excitant. »

 

Bandit Bandit © Theo Sauvage

 

Références musicales et composition

Même si les choses sont rendues plus simples, il n’en reste pas moins qu’il faut avancer dans le même sens en dépit de ses différences, comme l’explique K20 de Ko Ko Mo : « On a plein de références en commun même si on vient d’univers différents, Warren le delta blues, moi plus le hip-hop et l’électro. Mais à la fin on fait du rock seventies de 2019. La magie c’est qu’en dépit de ces différences, dès que l’on a joué ensemble, on a fait du rock. » Même son de cloche chez No Money Kids : « JM écoutait Air, Floyd, moi plus Otis Redding et le R’n’B. Mais on se rejoint, je propose les compositions, JM propose les arrangements, des couleurs à mettre sur les morceaux. » Dans la plupart des cas, les racines sont logiquement les mêmes, comme Captain Obvious : « On a les mêmes références musicales : Royal Blood, Urban Dance Squad, Rage Against The Machine, Beastie Boys, tout ce qui sonne fort ! La composition dépend des envies du moment, mais on n’a pas de problème de direction, on se retrouve toujours. », quitte à cultiver ensemble son jardin musical, comme le fait Why Elephant : « On se fait écouter énormément de choses. J’ai un bagage indie (The Strokes, Jack White…) et Mélody plutôt pop (Feist, Amy Winehouse, Radiohead). On aime Tame Impala, Temples, PJ Harvey, Nick Cave et aller ensemble aux concerts pour nous booster aussi. » Un effort d’osmose parfois sur le moyen et long terme dont Hugo de Bandit Bandit mesure l’intérêt : « Maeva est plus chanson française, moi rock anglais et américain. On se rejoint musicalement désormais, pour moi l’écriture en français n’a pas été évidente, mais on a finalement trouvé un titre déclencheur. »

 

Why Elephant ©Mathieu Baumer

 

Duo de scène, duo à la ville ?

Fratries, couples ou tout simplement ami·e·s, les duos doivent composer avec une double vie et établir (ou non) les frontières qui délimitent le périmètre de l’hydre à deux têtes qu’ils incarnent. Ainsi pour les frangins de The Twin Souls, c’est clair : « On est hyper imprégnés, on respire Twin Souls ! On habite ensemble, ça se passe bien avec nos copines, l’une d’elles joue dans un groupe – Madam – donc elles savent ce que c’est ! » Pour les couples à la ville, c’est un peu le même refrain : pour Bandit Bandit « On est un couple plutôt fusionnel, on navigue en plus tous les deux dans le monde de la musique. On a écrit un titre qui s’appelle ”Siamese love”, il représente bien ce que l’on est. », Red Money : « Tout ne fait qu’un chez nous à part pour nos tafs alimentaires respectifs. Nous mettons 100 % de notre énergie à notre groupe. » Pour Klink Clock, « il y a une communion assez franche, même si on se voit bien moins que la majorité des couples. Chacun a quasiment sa propre vie, et cela alimente le projet commun. », tandis que chez le tandem familial de Captain Obvious : « On fait pas vraiment de break d’autant plus qu’on habite ensemble. », rendant ainsi tacite la continuité de vie, alors que d’autres se préservent, comme Rawdog : « On est des amis très proches et même si l’on se voit souvent, nous arrivons à séparer. » ou Emilienne d’Inwoods : « On a chacun nos vies, c’est important, on se voit à chaque fois avec d’autant plus de fraîcheur ! Mais on communique beaucoup, quasiment tous les jours. » Même chose pour Ko Ko Mo : « On a notre vie à coté, on se voit souvent, mais quand on rentre, on coupe ! », ou bien encore Why Elephant : « Nous avons nos vies respectives. On se voit déjà beaucoup pour bosser et pour aller à des concerts ! Même pendant les trajets on se fait écouter plein de choses. On a besoin de pauses aussi parfois ! » De pauses, l’entourage en a également besoin, comme en témoigne Alex d’Equipe de Foot : « Nous avons deux vies bien séparées mais le fil n’est jamais vraiment rompu. On se parle au moins 15 fois par jour via téléphone ou messages. Quand Mike me téléphone, ma copine me dit “Tiens y’a ta deuxième meuf qui t’appelle !” »

 

RawDog © Matt Foxx

 

Duo pour la vie ?

Que se passerait-il si un jour le duo devait devenir trio ou quatuor ? À la question, les avis sont assez différents avec d’un côté les inconditionnels et de l’autre ceux pour qui tout est ouvert. Dans la première catégorie : The Twin Souls « Ça serait forcément un autre projet si cela devait arriver. », Captain Obvious : « C’est un projet que l’on fait à deux, on ne se voit pas avoir quelqu’un d’autre avec nous. C’est avant tout une question d’investissement et le notre est total. », No Money Kids : « On restera toujours un duo, l’équilibre entre JM et moi est là. D’ailleurs, les moments où l’on se sent le mieux sont ceux où l’on sent que le projet à deux est solide. », ou bien encore Bandit Bandit : « Non, même si sur scène on est trois, l’image de Bandit Bandit a été pensée comme un duo ! » L’ouverture vient plutôt des groupes rock garage comme Klink Clock et Red Money ou le power duo Ko Ko Mo : « On n’est pas fermés, on est à deux et c’est notre force, mais peut-être après 10 albums, qui sait ? » Le mot de la fin revient à Mike d’Equipe de Foot : « On pourrait faire un trio, on l’ appellerait “Tryo” ». Tout est dit. Les duos rock ont de beaux jours devant eux.

 

Captain Obvious © Charles Tumiotto

 

No Money Kids © Sergey Neamoscou

French Touch

Dès la fin des années 80 éclot en France ce que l’on nommera la French Touch en référence aux soirées du même nom organisées alors au Palace, mouvement à base de musique électro, héritière directe de la House qui a pris ses racines aux États-Unis. Bien aidée par l’interdiction demandée par Margaret Thatcher en 1990 des rassemblements autour de “musiques répétitives” et qui aura pour conséquence directe d’exporter le mouvement et son public friand de rave parties vers l’hexagone, la scène française va dès lors acquérir une réputation mondiale grâce notamment aux Daft Punk, Air, Justice ou bien encore le Motorbass d’Etienne de Crécy. Tous des duos qui en inspireront bien d’autres par la suite.

Le duo français, valeur sûre à l’export

Il est certain que de par leur configuration allégée – en matériel notamment – il leur est plus facile qu’à d’autres de passer les frontières ; aussi nombre de duos français s’aventurent-ils avec succès à l’extérieur de l’Hexagone, parfois même avant d’y avoir été reconnus. Parmi eux, les fermiers gascons The Inspector Cluzo qui sillonnent sans relâche le globe avant de revenir régulièrement retrouver leurs oies, les Catalans Lionel et Marie Limiñana dont l’aventure a commencé aux États-Unis, le duo franco-chilien Nova Materia, naturellement tourné vers l’Amérique Latine, ou bien encore Cats On Trees, représentants du rock tricolore au dernier South by Southwest Festival (SXSW) d’Austin, Texas.

Les années 80

L’apparition des instruments électroniques, comme la désormais mythique boite à rythmes TR-808, facilitera grandement la formation de groupes à la configuration minimaliste, certaines parties musicales – notamment les rythmiques – pouvant alors être assurées par des machines, et ce avant que les ordinateurs ne viennent pleinement jouer le rôle prépondérant qu’on leur connaît aujourd’hui. Principalement destinés aux musiques électroniques comme la techno, ces nouveaux matériels seront également largement utilisés par les musiciens de la Nouvelle Vague (“new wave”), permettant à l’orée des années 80 l’éclosion de duos comme Elli et Jacno, Niagara, Rita Mitsouko, Jad Wio ou bien encore Kas Product.

 XAVIER-ANTOINE MARTIN

Photos : FLORA RIFFETTHÉO SAUVAGEMATHIEU BAUMERMATT FOXX, CHARLES TUMIOTTOMORGAN ELOYSERGEY NEAMOSCOUNIDIMAGESEMILIE MAUGERSOPHIE MADIGANDGAB PHOTOGRAPHIECAROLYN.CARO, DAVID POULAIN

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