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FRÀNÇOIS ATLAS

Frànçois Atlas - Les fleurs du mal

Après le succès de de Frànçois & the Atlas Moutains, le Charentais amoureux de l’Orient, ayant vécu à Bordeaux, Bristol et Bruxelles, s’installe à Paris, ville de Baudelaire. Il publie un album où il met en musique différents poèmes des Fleurs du mal… Vagabond littéraire, où s’en va donc Frànçois Atlas ?

 

LE SAUVAGE ET L’URBAIN

« Un lieu sauvage est un espace où l’esprit humain peut se reposer. Le dernier que j’ai arpenté est au Maroc. Un petit village, à quelques pas de la mer. Passer par des endroits pareils est une étape importante dans ma création. Cela met à l’épreuve du réel ce qui est créé, ou en train de l’être. » Pourtant, François Marry [véritable nom de famille de l’artiste, NdlR] vient de s’installer à Paris :  « Les villes sont fascinantes. Elles sont la traduction de ce qu’est l’homme. On s’exprime à travers l’architecture, les modes de vie, le bruit constant que l’on fait… » Le dernier album de Frànçois & the Atlas Moutains, Solide mirage, est marqué par la ville où il habitait, Bruxelles. Le nouveau, Les fleurs du mal, a été enregistré à l’un des endroits où vécut Baudelaire, à Pigalle. Le poète a déménagé une quarantaine de fois dans la capitale, tantôt car il ne payait pas le loyer, tantôt à cause de la syphilis qui eut raison de lui. Dans une différente mesure, François Marry vogue lui aussi d’un domicile à un autre : « Je ne déménage pas pour les mêmes raisons. J’ai le luxe de décider d’aller vivre ailleurs pour découvrir d’autres choses et expérimenter des scènes musicales diverses. Je suis fasciné par le mouvement perpétuel. »

QUELLE RÉVOLUTION ARTISTIQUE ?

Cet artiste ne reste pas en place. Sa création non plus. « Sur les demandes de visa, je marque musicien dans la case profession. De toutes mes activités, elle est la seule à m’apporter un revenu. Après, je peine à me définir. De nombreuses choses m’inspirent. Je n’ai pas de cadre. » Il déplore le marketing qui écrase les productions contemporaines et endort tout. « Ce que l’on appelle renouveau de la chanson française, aujourd’hui, n’est qu’une création marketing. Il n’y a rien de fondamentalement nouveau. La seule différence est que la variété est décomplexée. Il n’y a plus de honte à s’en revendiquer. Nombreux sont les artistes qui ne cherchent ni de nouvelles formes, ni à révolutionner leur art. Ils cherchent simplement une petite place dans le filon qui fonctionne. » Frànçois cherche à s’inscrire en rupture. « Je pars à la recherche de nouvelles formes. J’utilise Baudelaire pour prendre un nouvel élan. Retrouver quelque chose à mon échelle. En enregistrant cet album, tout semblait limpide, rien n’était forcé. Je réunis mes outils et je me contente de ce que je sais faire. J’amène des sons qui dérangent, des solos de guitare foutraques, j’amène la gêne. Il s’agit de casser la familiarité, l’habitude. Je veux me diriger vers l’âme. Inventer une nouvelle façon brûlante de lui parler. »

LA POÉSIE POUR SORTIR DES ÉCRANS

Cette fois, l’artiste multitâches défend un album de mise en musique de poèmes de Charles Baudelaire, tirés des Fleurs du mal. Il prend ainsi à rebrousse-poil le temps présent et s’en explique : « La place de la poésie est maigre, aujourd’hui. Attention, cet album ne suit pas une démarche conservatrice, il ne s’agit pas de sauver la poésie. La base de ce projet était de se remettre à apprendre des poèmes. Seules les personnes âgées en connaissent. Le cerveau perd ses capacités de mémorisation. Tout cela est délégué à nos téléphones portables. Alors que les écrans nous accaparent, lire de la poésie devient une hygiène de vie. Les recueils de poésie sont des interstices dans la journée. Ils permettent de respirer, de remettre à l’heure les pendules internes. » Sauf qu’il n’est pas question que de poésie dans cette affaire. Frànçois s’engage musicalement, une fois de plus : « S’il utilise de bonnes matières premières, l’œuvre du sculpteur sera noble. Le matériau source des Fleurs du mal est splendide. Il permet d’arriver à un résultat pop brillant, scintillant. C’est contradictoire avec la tristesse qui semble se dégager de Charles Baudelaire. Mais, en fait, nous connaissons mal ce qu’il fut de son vivant. Il est probable qu’il portait une étincelle en lui. C’est cela qui fait qu’il est agréable à mettre en bouche, en rythmes. J’ai beaucoup donné de ma voix, de ma personne, à travers Frànçois & the Atlas Moutains. Aujourd’hui, c’est reposant et réparateur de me mettre derrière les mots d’un autre. Je me sens pleinement moi-même. »

Merci au festival Le marathon des mots de Toulouse qui a permis cette rencontre.

 

>> Site de Frànçois Atlas

Les fleurs du mal / Silène

 

Valentin CHOMIENNE

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