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POGO CAR CRASH CONTROL

Pogo Car Crash Control ©David Poulain

À fond

Le grunge est mort depuis bien longtemps mais les jeunes Parisiens de Pogo Car Crash Control lui redonnent une nouvelle vie. C’est bien simple : on n’avait plus entendu de rock aussi sauvage depuis la parution du Bleach de Nirvana.

 

Il est réjouissant de voir que dans le panorama musical français actuel, une formation qui cite les Melvins, Slayer et Dead Kennedys comme références, puisse être signé chez un gros indépendant (Panenka) et arrive à conquérir un public de plus en plus important. La musique d’Olivier (chant), Simon (batterie), Louis (guitare) et Lola (basse) est toute sauf consensuelle avec ses grosses guitares, un son entre metal et grunge et des voix hurlées, plus proche de la scène noise que de la pop ou du rock mainstream. Si les Franciliens ont un côté bruitiste, ils n’ont cependant pas l’aspect expérimental des groupes noise : « Au fond, nous sommes un groupe vintage rock : basse-guitare-batterie. Le côté intemporel de cette musique, en fait. »

Pogo Car Crash Control ©David Poulain

Avec leur premier album Déprime Hostile, le jeune combo enfonce le clou de leur EP, qui les avait vu devenir l’un des chefs de file de la musique énervée française. Et il décrit un univers sombre avec des thématiques comme le suicide, le spleen adolescent ou la dépression. « C’est quelque chose de grave. Elle est malheureusement devenue une posture dans la production musicale actuelle. Presque comme si c’était devenu quelque chose d’un peu mode. »

Le groupe a su se développer grâce à des performances live abrasives. Il est devenu rare dans la scène actuelle, de plus en plus formatée, de voir des jeunes jouer sur scène comme si leurs vies en dépendait. Il n’y avait qu’à voir toute leur insouciance, l’an dernier au Festival de Arles (Les escales du Cargo), à l’affiche avec des artistes autrement plus chevronnés qu’eux comme Sidilarsen, Rival Sons ou Trust pour s’en rendre compte. Ces shows sous haute tension permettent aujourd’hui à Pogo de se retrouver, avec seulement un EP et un album sous le bras, à l’affiche du Download Festival et du Hellfest. « Le live est la quintessence du groupe. Nous tournons sans arrêt et avons un tourneur qui croit en nous. Nous sommes un groupe de scène et essayons lorsque nous sommes en studio de retrouver cette énergie-là. » Certains titres de l’album sont d’ailleurs en prise live, comme les basses et la batterie : « On joue les morceaux en studio de la même manière qu’on les joue en concert. »

Pogo Car Crash Control ©David Poulain

Malgré cette extrême puissance, Pogo Car Crash Control possède l’intelligence de ne pas s’enfermer dans un carcan et d’offrir une musique plus variée qu’il n’y paraît au premier abord, n’hésitant pas à s’aventurer sur des territoires pop, des phrasés hip-hop ou même d’écrire une ballade. Et ils chantent en français, là où personne avant eux dans ce style musical n’avait osé le faire : « Nous voulons crier aux gens notre message de manière frontale. Il est possible qu’en concert, ils ne comprennent pas ce que l’on dit, mais les paroles sont une part importante du groupe, c’est pourquoi nous les avons imprimées dans le disque. »

>> Site de Pogo Car Crash Control

 

Deprime Hostile

Panenka Music

Avec ce premier album, Pogo Car Crash Control confirme tous les espoirs placés en eux depuis la sortie de leur EP l’an dernier. Si le groupe sonne toujours aussi noise et brutal, il s’essaie sur ce disque à d’autres styles musicaux comme sur “En boucle” avec son côté hip-hop dans le phrasé scandé ou la ballade “Insomnie”, genre musical qui surprend de la part du groupe. Ces morceaux permettent à la fois une respiration dans l’album et de surprendre l’auditeur. Ils montrent également l’intelligence d’un combo que l’on ne saurait cantonner à un style musical. Le foisonnement grunge, punk et metal de Déprime Hostile est jouissif, réjouissant et hautement addictif. Un disque brûlant.

 

Texte : Pierre-Arnaud Jonard

Photos : David Poulain

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