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2Kilos&more


La matrice sonore de ce duo transforme des entités abstraites en un rêve électronique sans fin. Dans l’univers SF fortement humanisé  de 2Kilos&more les androïdes rêvent bien de moutons électronique, répondant ainsi à  la question-titre de la nouvelle à l’origine du film Blade Runner, réalisé par Ridley Scott. Pénétrer sur le territoire d’« Entre 3 villes », c’est oublier le monde parfait couplet / refrain et embrasser une quête synesthésique. Ambiance ambient…

Comment se passent les phases de composition entre la France et l’Allemagne ? (Hugo vit à Essen en Allemagne et Séverine à Paris)

Séverine : Nous avons commencé à bricoler des sons ensemble en 2003 pour la bande-son d’un court-métrage, puis un remix pour Trisomie 21 en 2004, ensuite un maxi ambient indus « 9,21 » en 2006 publié chez Taâlem. Notre premier album « 8floors lower » n’est sorti qu’en 2007.

Hugo : Aujourd’hui j’habite en Allemagne pour des raisons amoureuses et Séverine à Paris. Désormais, nous nous rencontrons quand nous pouvons pour des sessions de plusieurs jours. Nous arrivons avec nos sons, les guitares et instruments, nos envies, mais jamais rien de préparé ou avancé. Nous improvisons pendant des heures jusqu’à ce que quelque chose sorte. Le travail d’arrangement, de mixage et de production s’étale ensuite sur plusieurs mois.

S. : Nous avons toujours fonctionné comme ça, avec une approche très live, au début avec des samplers, bidouilles et instruments divers, aujourd’hui plus avec des ordis, mais pas du tout de programmation, c’est pas notre truc. Nous on bricolons plutôt.

On parle souvent d’être entre deux mondes, comment est-on « Entre 3 villes », le titre de votre dernier album ?

S. : Nous avons vraiment été entre trois villes pour la création de ce nouvel album. Nous sommes partis trois mois ensemble à Berlin pour le commencer, puis de retour à Paris, nous avons eu du mal à nous y remettre, nous avons laissé les grands travaux de côté.

H. : Puis, j’ai déménagé à Essen dans la Ruhr, ce qui n’a pas facilité les choses, Séverine est venu me voir pour continuer la compo. Je suis repassé par Paris de nombreuses fois également, notamment pour enregistrer les voix et finalement la production chez Norscq.

Vos 3 villes appartiennent-elles à des mondes futuristes ou de SF ?

H. : Non elles sont bien réelles, elles ont chacune une très forte personnalité et sont totalement différentes, les gens également. On pourrait plutôt parler de rétro-futurisme, je les trouve toutes les trois assez démodées avec une splendeur passée, mais elles restent très attirantes et pleines d’énergies. Quoique pour Essen, il faut la chercher l’énergie (rires) et Paris, elle me semble aujourd’hui complètement faussée.

Vos compositions paraissent justement liées par une perte de repères, une synesthésie dérégulatrice. Une volonté ?

H. : Inconsciente sûrement. Mais c’est vrai qu’en matière de musique, nos goûts s’orientent aussi vers des choses complètement abstraites et expérimentales. Pas pour le côté conceptuel et intello de la chose, mais plus pour cette fameuse perte de repères dont tu parles, le besoin d’être emmené ailleurs et toujours être surpris par l’inconnu.

S. : Effectivement, notre musique pourrait être plus l’expression d’impressions, de couleurs, de ressentis, de paysages que l’on a à l’intérieur de nous.

Votre production musicale se conçoit-elle en lien avec les arts plastiques ?

S. : Non pas du tout, juste de la musique pour la musique, tout simplement.

H. : Comme aime à le dire Séverine, nous sommes des « rockers à laptop », même si notre musique est ambient et introspective et que dans la salle ça ne pogote pas du tout.

De même concevez-vous vos concerts comme des performances plutôt que des reproductions scéniques de l’album ?

S. : Pour la dernière tournée, nous jouions les morceaux de l’album adaptés pour la scène en laissant une marge d’improvisation dans l’interprétation. Pour la prochaine, nous voulons nous tourner plus vers la performance en nous insinuant totalement dans le décor. Nous souhaitons nous enfermer par exemple dans une structure, comme une bulle de tulle, où des vidéos seraient projetées en permanence sur cette “construction”. Nous serions donc moins présents, mais par moments les invités comme Flore Magnet et Black Sifichi ou d’autres, viendraient perturber ce cocon. J’ai toujours beaucoup de mal avec les concerts. Je pense que notre musique et notre jeu ne conviennent pas à une formule « classique » : le groupe sur scène, et le public en face. A nous de trouver un système pour mettre le public dans une position d’écoute et de regard différente, tout en restant assez simple pour s’adapter aux différents lieux.

Comment avez-vous rencontré Black Sifichi et Norscq ?

H. : Je connais Black depuis quelques années car nous avions monté le trio Kilo of Black Bondage avec également Aka Bondage. Un album « Fear the Windows » a vu le jour chez Ronda / Wallace rec. et nous avons fait pas mal de bonnes dates. J’ai naturellement eu envie de le faire “chanter” sur le 2k&M.

S. : Comme on travaille avec Norscq pour produire et mixer nos albums et qu’il est l’ingé studio de Von Magnet, il nous a conseillé de rentrer en contact avec Flore ; Hugues et moi étant de vieux fans de ce groupe. On les a invités deux jours dans notre local parisien. Nous avons laissé tourner l’enregistrement, ils ne connaissaient pas les morceaux et devaient improviser. Ensuite, nous avons joué de longues heures au puzzle avec leurs voix.

Des projets ?

H. : Un remix pour Von Magnet est en préparation. Un split “10” avec Rapoon (ex Zoviet*France) devrait voir le jour dans les mois qui viennent. Les concerts dont je parlais et nous allons aussi tourner avec Von Magnet en tant que batteur pour ma part et ingé-son pour Séverine, sur leur nouveau spectacle « Polarized ».

« Entre 3 villes » (Optical Sound / Jeans Record)

Vincent Michaud

A lire la chronique ici.
MySpace du groupe.

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