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EZ3kiel


Deux mois pour la composition, moins d’un pour l’enregistrement, “Battlefied” s’apparente à une série de batailles éclairs, idéale pour le live. Dernier sprint pour préparer ce dernier, une résidence à l’Astrolabe d’Orléans, sous le regard discret de Longueur d’Ondes…

Mi-janvier 2008, EZ3kiel s’affaire à préparer son set en résidence à l’Astrolabe. Ce temple des musiques actuelles est alors en pleine ébullition. Les fils jonchent le sol, le matériel s’étale sur toute la scène et chacun des membres bosse dans son coin. Yann N’Guema, le bassiste et l’âme graphique du groupe, peaufine au fond de la salle son dernier joujou : un logiciel pour rendre interactives les projections sur scène (voir encadré). Concentré à l’extrême, il scrute ses moniteurs géants, sollicitant toute la vitesse de calcul des ordinateurs. Electronique et analogique, la matrice EZ3kiel s’abreuve avec gourmandise à de nombreux canaux. C’est donc tout sauf à pas feutrés que nous abordons le groupe. A deux semaines et demie de la tournée, EZ3kiel n’a plus de temps à perdre. D’ailleurs, le combo tourangeau n’en a guère eu depuis le début de l’épisode “Battlefied”. L’aventure du DVD Rom “Napthaline” (voir LO n°39) a brûlé nombre de calories, et même le statut d’intermittence. Il a donc vite fallu repartir sur la route avec un nouveau disque. Joan Guillon, l’expert en machines, revient sur cet épisode : “”Naphtaline” nous a pris pas mal de temps et d’énergie. Ca a été un accouchement dans la douleur. On n’a pas défendu cet album en live, il y a juste eu quelques présentations publiques. Mais si on a perdu plein de choses, on en a gagné d’autres.” Plus que jamais le groupe vit au rythme du multimédia, asservit la technologie pour donner libre court à son univers si reconnaissable et si secret à la fois. EZ3kiel privilégie la complexité, gage de richesse, plutôt que la simplification et la redite de méthodes éculées. Tout sauf le confort tranquille, quitte à s’octroyer quelques frissons. Qu’importe : le résultat s’avère toujours réussi et le groupe progresse d’autant plus par cette quête perpétuelle.

“Un disque taillé pour le live”

“Battlefield”, quatrième album bâti dans l’urgence, profite à plein de ce régime accéléré. Il bénéficie d’une production plus agressive dont Joan explicite la forme : “Sur le précédent disque, nous avions travaillé les harmonies et les arrangements, sans basse ni batterie. Là, on voulait trancher et faire un disque taillé pour le live.” Ainsi retrouve-t-on des sonorités rock industriel, depuis longtemps digérées par le groupe, accentuées par la tension due au contre la montre. La force de percussion est renforcée par les cuivres, assurés par La Compagnie du Coin, le collectif de zicos auquel appartient Stéphane Babiaud, percussionniste et vibraphoniste déjà présent sur le DVD “Naphtaline” et désormais quatrième membre. Néanmoins, comme l’illustre l’intérieur du livret – un théâtre en proie aux flammes à une extrémité et enneigé à l’autre -, le chaud et le froid convolent. Des plages oniriques, marque de fabrique du groupe, complètent le décor. On retrouve ainsi la relecture éprouvée en live de Prokofiev “The Montagues and the Capulet”, en collaboration avec les D.A.A.U., les compagnons belges de longue date. “The wedding” rallie, lui, le camp Ennio Morricone et ses BO western. Le magistral morceau en introduction, “Adamantium”, allie les deux penchants, explosif et solennel, tout comme en conclusion “Wagma”, dont l’explosion finale emporte les haut-parleurs au passage.

Attendu comme un messie

“Battlefield” se nourrit et dépasse les expériences précédentes. Une sacrée gageure relevée par Mathieu, le batteur / clavier : “Plus tu fais de disques, plus tu as de comparaisons possibles.” Joan confirme : “J’ai l’impression que c’est de plus en plus dur, vu qu’on essaie toujours de se renouveler.” Pour Joan, l’urgence représente une chance : “EZ3kiel a toujours fonctionné comme ça, soumis au doute. L’album a été mixé en cinq jours, dont une dernière séance de 28 heures ! Le lendemain du mastering à Bruxelles, le disque devait se retrouver à Lyon pour partir en pressage. Sans Fred Norguet à la production, cela n’aurait pas été possible, il s’est dépensé sans compter. Sur cet album, on se rend compte de l’évolution qu’il a apporté à notre son.” Mathieu rajoute : “Il vient du rock, avec une vraie oreille de studio, décisive pour les prises batterie.” Outre ce presque cinquième membre, autre participation notable, le chanteur / slammeur BluRum13, MC de Reverse Engineering et DJ Vadim, qui pose sa voix sur “Alignment”. Une rencontre qu’évoque Stéphane : “On a travaillé par échange de fichier depuis les Etats-Unis. On lui a envoyé le morceau en chantier, il nous a fait une proposition qui nous a bien plu ; on n’a pas eu besoin de découper, on a juste mixé !” Narrow Terence, découverte du Printemps de Bourges, ont fait eux aussi un apport : appelés trois jours avant la fin du mix, ils ont apporté une touche vocale évoquant Air.

Sans l’ombre d’un souci, l’après-midi a vu le groupe travailler le collectif, faire tourner les morceaux et même inclure la vidéo, juste à temps pour présenter quelques morceaux au public le soir. Attendu comme un messie, EZ3kiel a depuis pris la route et achèvera les conversions en public tout au long de l’année 2008.

Vincent Michaud
Photos: Pierre Wetzel

“Battlefield” – Jarring Effects

myspace.com/ez3kielmyspace

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