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LES FEMMES S’EN MELENT

Shanon Wright @Florie Berger

Du 4 au 6 avril, Trabendo, Paris

Le festival fête sa vingt-deuxième édition. Il est devenu au fil des années l’un des incontournables du panorama francophone. On ne compte plus le nombre d’artistes féminines découvertes grâce à lui. Cette année encore, il poursuit sa mission de défricheurs de talents. Chaque année une illustratrice est aussi mise à l’honneur pour réaliser l’affiche du festival, et là c’était à Hyperbaudet d’attirer les regards.

 

affiche LFSM

PROGRAMMATION : Comme à son habitude, le festival se révèle totalement éclectique dans ses choix. Il n’y a pas un genre musical qui soit privilégié par rapport à un autre, même si l’on compte davantage d’artistes électro que dans la plupart des événements musicaux.

LES PLUS : Le fait de donner de la visibilité aux artistes féminines.
L’ambiance conviviale du festival.
La qualité de la programmation et son éclectisme musical.
Le fait d’externaliser le festival dans différents lieux en province.

LES MOINS : la fausse bonne idée de la scène extérieure car début avril il fait encore froid.
La programmation un peu trop surchargée certains soirs qui fait qu’on lâche parfois un peu.
Le fait de mettre toutes les têtes d’affiche sur un même soir paraît un choix étonnant car du coup il y avait un peu moins de monde les autres soirs.

SYMPA : Cœur, chanteuse atypique toute de blanc vêtue, fait vibrer un petit air d’été, une grande brise de jeunesse avec un kitsh jovial et rafraichissant qui nous replongerait presque dans l’univers de quelques Girls revisitées en « Space Girls » !

TOUCHE-À-TOUT : Emily Wells l’Américaine qui navigue entre hip hop et musique classique s’est vêtue d’un ensemble combi en jeans pour travailler à électriser la salle avec son clavier couplé aux vibrantes effluves sonores s’échappant du violoncelle électro de son partenaire de scène. C’était sans compter sur le fait qu’elle saisisse son violon en fermant les yeux pour nous enchanter avec de superbes morceaux avant de prendre des baguettes à taper sur des grosses caisses ou cymbales isolées d’une batterie de cuisine musicale. La sienne est celle d’une grande cheffe orchestrale.

Emily Wells @Nabilla

LES BELLES DÉCOUVERTES : La folk des Néo-Zélandaises de Tiny Ruins Holly Fullbrook et Cass Basil nous rappellent à quel point les femmes qui se saisissent de guitares sont incisives en matière de rythme et de tempo.
L’électro-pop étrange de la Française Circé Deslandes circedeslandes.com qui envoute un public grandissant de lueurs oculaires à la manière de la voute céleste devant une mise en scène aussi intéressante pour les yeux que pour les oreilles. Une galaxie de constellations de sons agrémentés avec soin par de lumineux mots justes.

 

Tiny Ruins @NABILA

 

ÉLECTRO : Kate NV, nom d’artiste synth-pop de la Moscovite Katya Shilonosova, fait sensation en tenant son micro d’une main alors qu’elle DJette de l’autre, le tout en une incroyable légèreté. Elle envahit nos sens d’un délicieux exotisme aux influences japonisantes lors de divers morceaux tirés de son dernier album ??? FOR (RVNG Intl, 2018).
Camilla Sparksss fait des allers retours entre synthé et platine DJ vinyle en groovant et donnant de la voix à son set électro lo-fi synth pop experimental en solo dont plusieurs titres issus de son nouvel EP Brutal (On the Camper Records). Elle qui est souvent accompagnée de danseurs a largement occupé la scène d’ondes cold wave par la même occasion !
Georgia UK pratique la batterie comme instrument de culture et d’énergie insufflée à son chant. En charmeuse elle a subjugué bien des spectateurs de son électro pop mêlant les thèmes de l’amour et de la passion à la mélancolie.

FÉLINE : Ionnalee nom de scène de la Suédoise Jonna Lee, dont c’est le premier passage parisien. Elle attire les spectateurs de sa performance atypique de vraie show girl en tenue de super woman argentée lui collant magnifiquement à la peau et accompagnée d’un écran vidéo aux silhouettes humaines et effets psyche-kaleidoscopiques captivants ! On saisit au passage le symbolisme de son autre tenue à poils, sans doute pour défendre la cause animale, ou encore sa cape transparente de luciole démente ! La danse, le sourire et l’énergie ne laissnt aucun répit lors de son set.

 

Ionnalee @Florie Berger

 

DÉPAYSANTES : le trio sud-africain Dope Saint Jude se livre à un set non-stop mettant à l’honneur le ghetto-flow pour nos oreilles et nos consciences. En tenue jeans bleu de travail ou habits chics noirs et blancs, les deux rappeuses queer enjoignent l’assemblée à les suivre pour ne plus les lâcher en s’affirmant avec verve et ferveur en faveur de l’égalité femme-homme et de la lutte contre le racisme, avec notamment des thématiques au cœur de la question du genre si actuelle.

PONGO fait sortir une ribambelle de téléphones portables et lever une myriade de bras afin de saisir toute l’intensité et la force au cœur de son projet. En égérie du kuduro, une danse et aussi un mix d’afropop, semba, break dance lusophone, elle fait sa belle de scène produisant une performance vocale époustouflante.

LES GRANDS MOMENTS :
Requin Chagrin qui au fil des années est devenu une bien belle machine. C’est carré, efficace et plein de charme. Un groupe qui confirme à chaque prestation tous les espoirs placés en lui. Une musique intelligente, mais capable de plaire au plus grand nombre.

Requin Chagrin @Florie Berger

La tempétueuse Shannon Wright cultive des chansons intimistes et superbement taillées dans la matière vocale du verbe. On voit combien cette chanteuse et guitariste hors pair a du style sur scène, même en position de roulade allant jusqu’à une scène de roucoulade en position surréaliste guitare en action et jambes en l’air pour se relever sans mal après !

La sensualité sonore exacerbée d’Anna Calvi . En rouge et noir, avec le blanc éclatant de ses boots à talons, elle a littéralement imposé le silence pour mieux attirer les regards vers elle et son aura rock puissant en guitare-voix. La classe absolue pour un set solo impressionnant.

 

Anna Calvi @Florie Berger

Le concert tout en émotion de l’Américaine Emily Wells 
Enfin, le duo britannique Sink Ya Teeth en mode rock post-punk-dance avec batterie électrique et guitare basse saupoudré de pop et dance music, au doigté sur cordes remarquable de Gemma Cullingford et aux ondulantes vocalises de Maria Uzor au chant en va et vient entre batterie et clavier. C’est vraiment le duo à retenir de l’édition parisienne avec leur alchimie parfaite et leur élégance en scène, frisant la cold wave.

BILAN : Une édition particulièrement réussie et convaincante. Une programmation qui mêle têtes d’affiche, talents émergents ou inconnus du grand public. Une belle cuvée, incontestablement.

 

 

PIERRE-ARNAUD JONARD & VANESSA MAURY-DUBOIS

photos : FLORIE BERGER & NABILA 

 

>> Site du festival

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