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PRINTEMPS DE BOURGES 2019

BOURGES 2019

Du 16 au 21 avril 2019, Bourges, Cher

 

CADRE : Plein air, bars, salles variées et chapiteaux.

MÉTÉO : soleil et chaleur toute la semaine, une rareté sur le Printemps de Bourges à peine contrariée par de la pluie le samedi.

Bourges 2019

LES PLUS :
– Une programmation qualitative comme tous les ans qui donne la couleur musicale de l’année à venir… Le festival a su prendre les bons virages aux bons moments pour rester l’un des plus pertinents de France…
– Le plus grand rassemblement des professionnels de la musique dans l’Hexagone !
– Des découvertes à la pelle…
– La sélection rock des Inouïs bien construite, profondément rock et innovante, chapeau !
– La soirée Happy friday bien construite avec un bon enchaînement d’artistes.
– La victoire de Silly Boy Blue aux Inouïs, largement méritée !

 

Silly_Boy_Blue

 

LES MOINS :
– Comme tous les ans l’absence de passe pour les festivaliers qui doivent choisir un unique concert par soir et ne peuvent pas se balader de scènes en scènes.
– Les décibels dans les salles du 22 Est et Ouest, beaucoup trop fortes qui ne permettent pas de profiter pleinement du moment
– Les spectacles au Théâtre Jacques Cœur, toujours complets et dans lesquels il est difficile de rentrer. Un grand regret de ne pas avoir pu, entre autre, voir Sarah McCoy .
– La Scène Europe, petite nouvelle trop peu mise en valeur qui donne naissance à quelques performances qui se jouent à vide.

LA DÉCOUVERTE : C’est Hervé ! Le musicien n’a rien à envier à ceux qui se partagent les grandes scènes. Le public et un nounours placé au premier rang n’en perdent pas une miette. Derrière son synthé, le musicien, qui gère même un problème technique sans gâcher sa prestation, excelle. Les arrangements et sa voix grave vont à merveille avec ses textes puissants, calibrés, d’une force éprouvante. Celui qui chante sa peur du temps qui passe reprend ensuite “La peur des mots” d’Alain Bashung et fait honneur au maître. Un grand artiste!

 

Herve

LES FLEURS DU PSYCHÉ : Mauve Célestine, avec son chanteur en jupe et ses musiciens en chemises à fleurs, la formation oscille entre psyché et scream avec une aisance qui fait plaisir à voir. Novateur et maîtrisé, le groupe habite ses compositions.

 

Mauve-Celestine

 

RESTE AVEC NOUS !  Dégage ne porte pas si bien son nom. Si le choix de ce mot simple pourrait volontiers faire penser à la nouvelle scène française, il n’en est rien. Porté par un chanteur au combien charismatique, la formation distille un atmosphère lourde et prenante. Les titres montent en puissance, prennent de la matière, explosent pour mieux gérer leurs atterrissages. La complicité du duo basse/guitare fait plaisir aux yeux. Une promenade que l’on aurait envie de prolonger.

 

Degage

 

PUNK IS NOT DEAD ! On le dit depuis longtemps et pourtant parfois, ça se confirme scéniquement. Structures en est la preuve vivante. Le jeune groupe emprunte ainsi à ce courant enragé mais pas que, il y a du Cure et du Joy Division dans ses rythmiques. Le 22 est sous le charme alors que les pogos s’y installent. Un vrai beau moment de rock comme on en voit trop peu.

 

Structures

 

POSSESSION : We hate you please die , c’est le nom de leur groupe, mais également le titre du dernier morceau de leur set. Lorsqu’il chante, le frontman est habité, il descend dans la fosse, à bout de souffle, hurle ses maux, les vit intensément avec le corps et la voix. C’est d’ailleurs la force de cette performance violente, comme une bonne claque artistique. Les interactions et la sincérité de ce groupe, qui interpelle volontiers les jeunes journalistes qui les ont interviewés dans la journée, ne font qu’ajouter à sa beauté.

 

We hate you please die

 

ÉCRANS PSYCHÉS : Slift se démarque par la présence de vidéos travaillées et diffusées sur grand écran. On y découvre des formes géométriques variées alors que la formation déballe sa transe psyché puissante. Le concept séduit mais atteint rapidement ses limites, devenant à force répétitif. Dommage…

 

Slift

 

RAP À L’ANCIENNE : Le hip-hop est de retour, le Printemps de Bourges lui fait naturellement la part belle. Sur la Scène Sereaucourt, le duo Illustre défend ce mouvement en faisant référence et à ses prédécesseurs. Alors que le dialogue s’installe entre les deux rappeurs, il est impossible de ne pas penser à Diam’s tant la voix féminine en a les intonations.

VOYAGER CHEZ SOI : The Rodeo nous a habitué à voyager jusqu’au fin fond de l’Amérique avec sa musique. Cette fois-ci Dorothé Hannequin nous emmène en France avec un album aux consonances fantastiques, Thérianthropie paradis, qui tourne autour du thème de la transformation. Comme pour l’illustrer, la chanteuse a définitivement changé de registre préférant la chanson française à la folk dans la langue de Shakespeare. Si la prise de risque est à saluer et que sur scène, elle sait toujours imposer son univers, ses premiers pas étaient bien plus efficaces.

 

The_Rodeo

 

SINCÉRITÉ TOUCHANTE : Seule sur scène, timide, un brin frêle, Silly Boy Blue prend doucement possession du 22. Derrière ses cheveux noirs et son look profondément rock, se cache une douceur musicale époustouflante. La salle a le souffle coupé lorsque, aidée de sa guitare ou non, elle pousse sa voix cristalline qui se brise pour mieux renaître emportant le public dans un flot d’émotions palpables. La fin du set lui permet de gagner en assurance, pourtant sa candeur est une arme magnifique qu’elle devra toujours garder pour défendre ce projet à fleur de peau.

 

Silly Boy Blue

 

DÉÇUS : On attendait beaucoup du spectacle de Canine , malheureusement le collectif n’est pas venu au grand complet mais à juste à cinq et avec une bande son. Oui c’est beau, oui c’est prenant, parfois magique, mais rien de comparable au vrai show complet ! Pour Bourges, c’est dommage !
Claire Diterzi nous avait habitué à mieux précédemment. Pour cette création 2019 elle a certes réuni un excellent grand orchestre et deux choristes efficaces, mais côté mise en scène et surprises ça restait plat et linéaire…

CANADA MON AMOUR : Cette année encore, les Spécimens canadiens prennent possession du Printemps à La Prairie et pendant deux jours. L’occasion de faire goûter leurs brunchs raffinés et colorés, de proposer des blind tests, mais surtout de présenter leurs artistes découvertes du moment : le rappeur Lary Kidd , le collectif world barré Zaki Ibrahim ; Émilie Khan qui envoûte avec sa harpe et ses sonorités apaisantes, l’indomptable Lydia Képinski qui n’hésite pas à débuter son set de l’autre bout de la salle avant de monter sur scène. Une réussite !

 

Emilie Kahn

 

CLASSIQUES : Le 18 avril, l’évènement de la soirée c’est bien le retour de Zazie . La foule est présente et compact sous le chapiteau du W. La chanteuse consciente des attentes promet de jouer ses nouveaux titres “qui sont encore en couche culotte et à qui on avait promis qu’ils allaient voir du monde” mais aussi ceux qui l’ont rendue célèbre. Une façon de remercier le public de sa fidélité. Il ne sera pas déçu, à peine trois morceaux plus tard et voilà une salle comble qui chante en chœur “Zen”. La nouveauté c’est bien, les classiques c’est mieux !

 

Zazie

 

COURSE EFFRENÉE : Le 18 avril, la Halle au Blé a revêtu sa plus belle tenue hip-hop. Le top du panier de cette scène française s’y succède face à un public d’une jeunesse indéniable. Pour clôturer la soirée, l’inimitable Vald  s’affirme de plus en plus dans son registre, créant aujourd’hui un rap plus brut, plus proche de ses pères et éloigné des amusants “Selfie” ou “Bonjour”. Pour le single le plus attendu de la soirée, “Désaccordé”, la foule en délire se met à affluer de tous les côtés. ceux restés dehors courent à en perdre haleine pour chanter, danser et partager ce moment sur Instagram.

 

Vald

 

UN SELFIE ? Comme chaque année, la soirée Rock’n’Beat est l’évènement incontournable de Bourges pour les festivaliers. L’ouverture en dit d’ailleurs toujours long sur la suite des festivités. l’année précédente Bagarre avait ouvert le bal laissant le W chaud bouillant. Cette année c’est Inuit http://wspectacle.fr/artiste/inuit qui reprend le flambeau et c’est une réussite totale. Le groupe propose un set on ne peut plus vivant porté par sa chanteuse à la voix cristalline. Tuba et tambourin s’y croisent alors que l’on danse volontiers dès les premiers instants. Le groupe prend des accoutrements électro en live et cette tenue lui va à merveille. “Maintenant qu’on se connait, rapprochez-vous” demande la formation en fin de set. Si le public accède à cette demande, c’est pour mieux prendre ensuite un selfie depuis la scène. Un souvenir à garder de ce très beau moment.

PÉPITO BLEU, LE RETOUR : Entouré de 4 robots dansants cachés par un drap, le très en vogue Flavien Berger est l’un des moments les plus attendus du vendredi soir. Le Palais d’Auron lui va à merveille alors que la foule danse volontiers sur ses compositions minimalistes. Armé d’un synthé et d’instruments électroniques le chanteur, lunettes de soleil greffé sur le visage, n’est pas sans rappeler un certain Sébastien Tellier, plus jeune, qui aurait encore gagné en assurance et dont les compositions seraient à la pointe de la modernité. Le Pépito bleu de 2019 en somme !

 

Flavien_Berger

 

RETOUR : Déjà très présente en 2018, Clara Luciani est de retour au Palais d’Auron cette année. La chanteuse propose très vite de chanter son titre le plus estival “Les fleurs” repris en chœur par la foule. C’est pourtant un message fort sur le cancer du sein qui lui permet de faire son entrée sur scène. Si sur album, elle sonne surtout très chanson, sur scène une note de rock est ajoutée à ses compositions. Grâce peut-être à un guitariste visiblement fan du mouvement qui ne demande qu’à se lâcher sur des solos.

 

Clara Luciani

 

RINGARD ACTUEL : On peut dire que Voyou sait mettre l’ambiance. La preuve ? Il ne lui faut que quelques secondes pour que la foule s’amasse en avant-scène. Avant de souffler dans sa trompette, le plus 80’s des musiciens, voire le ringard le plus moderne de l’année, lâche sa bonne humeur et son sourire benêt. Forcément, la sauce prend. D’ailleurs tout le 22 danse sur ses titres qui ont le bon goût de singles. Ballades et chansons groovies s’alternent comme dans une bonne vieille boom. Nous voilà nostalgiques d’aujourd’hui!

 

Voyou

 

EXTRAVAGANCES : Kiddy Smile ne laisse pas indifférent alors que le W se la joue électro… Le musicien assisté de pompom girls pailletées, fait danser la foule. Vêtu d’une tenue proche de celle d’une tortue ninja, il propose un décors porté par une bouche géante aux lèvres rouges. Son électro world saisit le public qui en redemande de ce cadre grandiloquent.

 

Kiddy_Smile

 

DERNIERS LARSENS : C’est Requin Chagrin qui a la lourde tâche de conclure les festivités du 22. Après une soirée très 80’s et très chanson, la belle dénote avec ses compositions rock. Dans l’air du temps, elle emprunte d’ailleurs aux mélodies actuelles pour mieux les élever. Dans la salle, l’heure est à la douceur sur laquelle on danse volontiers. D’ailleurs lorsqu’elle annonce la fin, le public exprime son désaccord. Une jolie façon de dire au revoir.

 

Requin_Chagrin

 

CONFIRMATION : Il le souligne sur scène, Gaëtan Roussel est un habitué du Printemps. Son retour est cette année encore accueillie avec joie. Face à un décors fait de leds, le leader de Louise Attaque enchante l’assemblée grâce à sa sincérité, ses yeux brillant et son sourire contagieux. Lorsqu’en plus il interprète “Ton invitation”, la foule rentre en osmose avec lui.

 

Gaetan Roussel

 

SENSATIONNELLE JEANNE : Ce n’est pas une surprise et pourtant c’est toujours une claque. Jeanne Added signe comme à son habitude l’un des temps les plus forts du festival. Comme toujours, il lui suffit d’à peine quelques notes pour embarquer le public dans sa spirale sans fin. On y entre à pas de velours sur ses ballades pour mieux se laisser surprendre lorsque les notes se font électros. “War is coming” scande-t-elle en dansant, sa performance en a la force.

Jeanne_Added

 

TOUR ÉCOLO ! : On ne présente plus la belle Lou Doillon . Présente pour un concert à l’Auditorium la chanteuse dont la notoriété ne cesse de croître a tout de la nouvelle Patti Smith. Elle lui emprunte d’ailleurs ses pas de danse alors qu’elle occupe l’espace centrale de la scène entourée de ses quatre musiciens. Alors que la foule adhère à la proposition scénique et qu’un homme d’âge mûr danse tout seul totalement en transe au dernier rang, la chanteuse présente sa gourde et confie alors essayer de réaliser une tournée entière sans bouteille d’eau. Une belle initiative pour cette performance folk qui ne souffre que d’un jeu de lumières trop agressif.

 

Lou Doillon

 

BOUGIES : Deux artistes ont profité du festival pour fêter leurs anniversaires sur scène. Zazie la première a sobrement répondu par un sourire aux chants du public qui a tenu à lui souhaiter. Plus extravagant, Therapie Taxi a sorti le champagne et ameuté un lapin rose sur scène pour souffler les 24 bougies d’Adélaïde, sa chanteuse. Cette fois-ci, la foule finit même baptisée aux bulles. Une vraie fête !

 

Taxi Therapie

UN, DEUX, TROIS, SOLEIL : “Vous allez mourir ce soir Bourges” promet Mat Bastard, le chanteur de Skip the Use . Et pour prouver ses dires le voilà qui propose une partie d’un, deux, trois, soleil géante. Le meneur d’homme incite ainsi la foule à aller vers la droite, puis la gauche et à se figer ensuite. Un moment complètement fou comme le groupe a l’habitude d’en créer !

 

Skip The Use

 

BACKSTAGE : Vendredi, au 22, la soirée rock bat son plein et le groupe le plus attendu de la soirée, les enragés d’IDLES  s’apprêtent à monter sur scène ; pas de chance, un de ses membres, la tête dans les étoiles, trébuche sur la passerelle qui permet d’accéder à la scène et s’ouvre le menton. Le concert est supposé commencer dans une poignée de secondes, la foule en délire appelle le groupe. Le manager lui dit alors “Ne bouge pas j’arrive”. Il revient en courant avec de la glue, qu’il applique sur le menton du blessé en sang, le regarde, le pousse sur scène et balance “Now it’s showtime”. Ce concert de folie n’en souffrira pas une seule seconde.

 

L’AN PROCHAIN : Cette année le festival a compté plus de 200 000 festivaliers, 1 concert en prison, 127 artistes en salles, 350 concerts gratuits. L’année prochaine le Printemps reviendra en avril pour sa 44ème édition prêt à battre ce nouveau record. La date n’a pas encore été annoncée !

 

JULIA ESCUDERO

photos : DAVID POULAIN  

 

 

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