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MANU

Une parenthèse enchantée

Parenthèse intime, moments magiques suspendus, Manu dénude les titres de son répertoire pour les proposer autrement, accompagnée d’une harpe et d’un violoncelle, au cœur d’un voyage aérien et intemporel dans le premier volet d’un album concept, Entre deux eaux (Tekini Records). Une nouvelle aventure, une autre atmosphère pour découvrir ou redécouvrir le parcours de l’ex-chanteuse et guitariste du groupe culte Dolly. Récit de confessions unplugged en 7 variations.

La chèvre et le chou enfin satisfaits ?

« Il n’y a au final pas de différence entre ce que je fais en électrique et lorsque je prends des « chemins de traverse » comme sur Entre deux eaux. Cet album est peut-être basé sur une instrumentation plus classique, mais il ne s’inscrit pas pour autant dans le cadre de la chanson française, qu’elle soit rive gauche, variété ou alternative. Ce n’est pas un rejet ou une critique, j’aime écouter beaucoup de choses. Pour présenter cet album, disons que l’on est parti de mon EP japonais Tenki Ame, sur lequel je me suis libérée en proposant des interprétations très différentes, qui ne ressemblaient pas à mon “image” plutôt rock, et même plutôt “rock français”, ce qui ne signifie absolument rien. Le fait de faire des titres très épurés avec harpe, violoncelle et piano, comme sur le titre “Tenki Ame”, ou de faire des versions 8-bits avec 2080, ou dub/drum & bass avec Alif Tree était le premier pas vers cet album. L’idée était de jouer tous ensemble, dans la même pièce, comme le faisaient les groupes dans les 60’s, pas de clic, pas de machines, pas d’interférence technologique, tous les micros “repissent” dans les autres micros, et donc impossibilité de refaire des re-re de voix ou de batterie, sauf quelques prises de guitares, de chœurs ou de percus que l’on a fait en plus… »

Désir cordophone ou parenthèse unplugged ?

« Il s’agit ici d’une relecture de titres que nous avions pour certains déjà expérimentés sur scène. Le travail d’arrangements de Damien (violoncelle), Christophe (harpe) et Matt (guitares) était donc déjà quasiment en place, même si nous nous sommes laissés aller à quelques improvisations, la magie de l’enregistrement instantané aidant. Trois jours de studio en live, c’était le challenge ! Lorsque nous avons décidé cette formule, dédiée à la scène uniquement au départ, je me suis retrouvée face à un cruel dilemme : le choix des morceaux. Nous en avions déjà tellement sur la liste… Ainsi m’est venue l’idée de décliner ce concept en plusieurs volumes et je me suis imposée une ligne directrice ludique et artistiquement excitante. Sachant que j’ai la chance d’être talentueusement entourée sur ce projet, je savais que mes compagnons de jeu ne seraient nullement effrayés par l’idée. Je choisis alors de faire paraître à chaque fois (chaque album/volume) deux titres de chacun de mes albums solos, à savoir Rendez-Vous, La dernière étoile, La Vérité, puis un titre issu de mon EP japonais. Ensuite, viendraient s’ajouter deux titres revisités également de Dolly, un duo, un inédit et une cover d’un groupe ou artiste que nous apprécions. J’avais aussi en tête d’inviter Nirox à jouer de sa mini-batterie sur quelques titres, mais je ne savais pas encore lesquels. Inviter aussi Vince, notre nouveau bassiste, multi-instrumentiste, à jouer du sitar, vu que nous étions à l’époque au début de notre collaboration sur le prochain album électrique (prévu pour fin 2018), et que nous passions de délicieux moments en mode “country-lab” dans son salon. J’arrivais à douze titres sur le papier. Nous restait à les répéter avant d’entrer en studio à Planet Live. L’engouement de mes amis a permis que nous arrivions assez vite à un résultat au-delà de mes espérances. Déconstruction, transformation, la liberté était grande, et nous en avons bien profité. Seul mot d’ordre implicite : privilégier la musique sans « bavardages » inutiles, aller à l’essence même de la chanson, souligner un mot par une seule note de harpe par exemple suffisait à notre bonheur. Et sans trop répéter, nous nous sommes dit qu’il serait bienvenu de jouer tous ensemble, de laisser la magie opérer et choisir ensuite les meilleures prises de chaque chanson enregistrée, en laissant les petites imperfections et bruits de fond éventuels. Comme si nous jouions dans votre salon, que nous chuchotions à votre oreille. Tout cela fut aussi possible grâce à Frédéric Jakubiak, ingénieur du son avec qui je travaille en live depuis de très nombreuses années et avec qui j’ai réalisé deux albums. J’avais confiance, leur enthousiasme étant contagieux, nous voici partis dans cette nouvelle aventure qui comportera 4 volumes au minimum.

Pour ce qui est des influences, nous en avons tous de nombreuses et différentes. Christophe Saunière a une formation de musique classique, et vient aussi de la scène punk et rock : multi-instrumentiste pour Toy Dolls, Peter & The Test Tube Babies, Wunderbach, Joanne McIver, Akira Yamaoka… Damien J.Jarry (Queen Concerto/Odino…) vient du classique aussi. Multi-instrumentiste et chanteur également. Je l’ai connu alors qu’il jouait du clavier avec The Versus, groupe glam rock et il est un grand fan de Queen ! Patrick Giordano (Matt Murdock) et sa Les Paul dorée (Moko/Les Bandits), grand fan de Ween devant l’Éternel, il prépare son album pour 2019 ! Nous avons donc tous des influences diverses et variées qui vont du classique au punk-rock en passant par le stoner, la pop psychédélique, le glam et le romantisme. C’est ce qui fait la richesse de cet album. Ce nouveau décor m’a donné envie pour la première fois de mettre plus en avant et en valeur ma voix et mes mélodies. La couleur dominante d’Entre deux eaux, au premier degré, serait le bleu. Couleur imposée par la sublime artiste Faustine Ferrer à qui j’ai confié l’illustration de ce concept. Encore une fois, sa proposition fut au-delà de mes espérances. J’ai beaucoup de chance ! »

“Entre deux eaux”

« Ce titre est issu d’une de mes démos pour le prochain album. J’ai fait ce riff, posé la mélodie et les mots l’année dernière, chez moi en mode composition. Puis je l’ai proposé à Patrick et Vince lors de nos sessions de travail. La deuxième partie de la chanson est née de ces deux cerveaux aussi géniaux que fous. Elle se finit d’une manière très prog-rock, quelque part entre le krautrock et King Crimson. Ensuite, on s’est rendu compte que le titre de cette chanson collait bien avec cet album et ses sonorités assez éthérées. Patrick avait l’obsession d’Hunky Dory, cet album de Bowie entre des arrangements de musique classique occidentale et d’électricité rock… entre deux eaux, justement. Il fut aisé de transposer ce titre pour la formule harpe et cello vu que Vince avait déjà envie de jouer du sitar sur la version originale. »

 Carnets de route

« J’ai hâte de me présenter à nouveau sur scène avec cet album. Je vais maintenant me consacrer à la recherche de concerts. La set-list comportera des titres en plus que nous avons déjà répétés et les arrangements seront parfois les mêmes, parfois pas, comme en studio. On n’interprète pas toujours de la même façon un titre, c’est selon l’inspiration l’endroit et le public. Beaucoup de place à l’improvisation et la fantaisie. »

 De Dollybird à Manu, en passant par Dolly

« Dolly Bird… mes premiers pas dans le milieu de la musique à Nantes. Un peu tardifs (j’avais déjà 20 ans), car je n’osais me lancer, par crainte de ne pas être à la hauteur de mon rêve, chanter. Juste chanter. C’était ma seule envie d’alors. Je ne pensais même pas à composer alors que c’est ce que je fais sans le savoir depuis que je sais parler, devant le miroir de la chambre de ma maman. Un bon apprentissage par le biais direct de tous les cafés-concerts (la meilleure école) de la région nantaise et bretonne. Puis de belles rencontres en belles rencontres, Dolly & co. L’école de la rigueur, beaucoup de travail, et le moyen d’affiner mon son et de commencer à trouver mon chemin, la musique vers laquelle j’ai envie d’aller. Énormément de concerts, c’était encore possible pour un groupe “régional”. J’étais en charge de trouver les concerts. C’est une expérience difficile de lier artistique et “buizness”. Je suis contente de l’avoir fait, j’y ai appris nombre de choses, qui, avec le recul, me servent aujourd’hui avec Tekini Records, le label que nous avons créé avec Patrick. Mais je délègue volontiers cette tâche dorénavant. Je suis reconnaissante de mes partenaires de jeu à l’époque de cette incroyable aventure (nous faisions environ 140 concerts par an avec des sets parfois de plus de 3 h, ça forme !). »

 

 Et demain ?

« Le 9 juin, nous jouerons au festival Chapau d’Elles (près de Tours) avec la formule “électrique”. Ensuite, je me consacre à la recherche de concerts pour notre autre formule magique “harpe/cello” ! La promo commence tout juste et je dois aussi finir le prochain album solo. Donc à suivre, coming soon… »

Une découverte francophone à partager ?

« Mon coup de cœur ? Facile : Noël Matteï. Cet écrivain, chanteur et compositeur vient juste de sortir l’album parfait, L’écho des liens enfuis. Je l’écoute en boucle. Il réunit tout ce que j’aime, que ce soit en termes d’univers musical, de sons, d’ambiance, de mots. Et je ne dis pas ça parce que ce bijou sort chez Tekini Records et qu’en plus nous avons sorti son second roman Les amours anormales  sous la forme d’un livre audio, premier objet de notre nouvelle collection Velvet Audiobook ! Concernant la scène francophone, j’aime beaucoup Modooïd, Petit Fantôme, François & The Atlas Mountain, Malajube, Daytona, Clara Luciani, The Bewitched Hands, Melody’s Echo Chamber… »

>> Site de Manu

Sébastien Bance

Photos : Sébastien Bance & Thomy Keat

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