Interférences
Ed. Dargaud, 17 € 99
Rappeler les origines de la bande FM, par l’histoire romancée de deux de ses protagonistes, est judicieux. Cela permet d’abord de mesurer l’idiotie de la situation d’alors : ces monopoles d’État qui s’octroyaient les ondes pour diffuser la parole officielle. L’histoire commence ici en 1973, où le pluralisme – aussi bien musical qu’informatif – est aux abonnés absents. C’est dire toute la nécessité (aux échos contemporains) de conserver plusieurs voix et un système critique. C’est ensuite se remémorer le décalage des institutions, peinant à accompagner une révolution technologique et d’idées. Cette période chevaleresque où l’on risquait la prison pour avoir diffusé du rock… Et c’est enfin mesurer, à l’image de la chanson “Won’t get fooled again” des Who, que la révolution n’a rien changé : l’uniformisation a repris le pas via des regroupements commerciaux dénués d’engagement social. On le sait, la radio est le média le plus intime… À travers cette BD, on prend conscience que cette intimité a aussi une dimension sociologique et politique qu’il serait bon de se réapproprier.
Samuel Degasne