Bandeau Longueur d'Ondes n° 101

MOLOCH/MONOLYTH – ASTÉRÉOTYPIE

Rock School Barbey – Bordeaux, 27 avril 2024

 

Il aura fallu presque 5 ans à Moloch/Monolyth pour donner une suite à leur premier album Naive Stories. Durée pendant laquelle le groupe de Michaël Martin a évolué. Exit le batteur Tony Geranno qui se concentre dorénavant sur son projet solo (écoutez son très bel album Garonnes sorti l’an dernier). Exit Mathieu Gervaise parti s’épanouir au sein de son groupe Pénélope (prenez le temps d’écouter le titre “Silent Travelling”). La chanteuse Ita Duclair s’est depuis emparée de la batterie et Alex Cabanac (également attaquant au sein du groupe Equipe de Foot) est passé aux claviers. Et aux chœurs. Avec toujours le fidèle Tony Bréaud à la guitare. Et aux choeurs lui aussi.

 
 
 

Arrive donc cette belle journée ensoleillée du 26 avril 2024 qui marque comme un heureux présage la sortie attendue du nouvel album de Moloch/Monolyth How Strange It Is To Miss You When You’re Right Here Next To Me sur le label palois A Tant Rêver Du Roi Records. Une sortie célébrée dès le lendemain dans une Rock School Barbey comble, avec un public venu découvrir cette nouvelle livraison de chansons aux mélodies capables de vous attraper l’âme, le cœur et le ventre. Des chansons toutes plus belles les unes que les autres. Des textes extrêmement touchants avec l’amour en filigrane, le bonheur d’être ensemble, d’aimer, d’être aimé, la joie d’admirer son enfant grandir doucement, les doutes liés au quotidien et concernant l’avenir, le besoin d’être toujours présent pour les êtres aimés, même dans l’au-delà. Moloch/Monolyth « relapse » (positivement) avec leurs envolées vocales fédératrices, emportant tout sur leur passage. Comme un rouleau compresseur de fraîcheur grisante.

 

Si avec Moloch/Monolyth, le projet initial de Michaël Martin était de se dévoiler avec pudeur au travers de mélodies subtiles et intimistes, le voilà désormais prêt en compagnie de ses amis à s’abandonner à un public beaucoup plus large.

 

À Barbey, l’amour a tout emporté. Et oui, we are very happy with our lives, merci Moloch/Monolyth. Vous en êtes en partie responsables. Courez acheter leur nouvel album. All is love.

 

Les artistes sont par définition des êtres hors du commun. Certains plus que d’autres. Depuis 2010, le collectif Astéréotypie est devenu bien malgré lui une curiosité de la scène musicale. Il est aussi, grâce à ses deux albums et à ses nombreux concerts, devenu un véritable phénomène. Une curiosité dans le sens extraordinaire. Hors du commun.

 

Astéréotypie est un collectif de 4 personnes autistes (Claire Ottaway, Yohann Goetzmann, Stanislas Carmont et Aurélien Lobjoit) entourées de 4 musiciens. Au départ, ce projet est né à l’initiative de leur éducateur Christophe L’Huillier après qu’il a mis en place un atelier de poésie et d’écriture à l’institut médico-éducatif (IME) de Bourg-la-Reine. L’idée initiale était de canaliser l’énergie des patients en leur permettant de jeter des mots sur leurs émotions, leurs désirs, leurs craintes. La qualité des textes produits a rapidement suscité l’envie de faire sortir ces écrits thérapeutiques de la sphère privée en les mettant en musique. Un vrai groupe de rock est donc né.

 

À Barbey, les quatre chanteurs se sont succédés avec une envie, un élan, une fougue toute spontanée et une classe folle. L’aisance apparente avec laquelle ils ont délivré leurs textes, leur éloquence sans entrave, a médusé une assistance pourtant avertie, une assistance parfois dubitative pour certains d’entre eux (interrogations légitimes concernant la démarche de cette mise à nu en public, part de voyeurisme). Des doutes vite balayés par l’énergie et les sourires sur scène et dans une salle rapidement conquise par ces artistes à part entière. Des artistes conscients de leur handicap, de leurs différences.

 

Astéréotypie a tout balayé. « La vie réelle est agaçante, » ont-ils écrit en sous-titre de leur second album. À Barbey, en écoutant Astéréotypie, la vie réelle nous a enchantés.

 

Certains artistes sont indubitablement des êtres hors du commun.

 

Texte : Jean-Marc Diana

 

Photos : Jessica Calvo

 

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