Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

ÉTIENNE DAHO

Étienne Daho se produisait ce jeudi 9 novembre à l’Arena de Bordeaux et bravant l’humidité omniprésente, nous y sommes allés, fiers comme Artaban! 

 

.

Dans son communiqué laissé sur la page dahofficial.com, l’artiste s’adresse à ses fans en leur promettant un show diffèrent, avec une énergie plus proche des festivals d’été en ayant été très attentif à la scénographie et aux lumières. Hâte de voir si l’invitation tient ses promesses. La pochette de Tirer la nuit sur les étoiles, son dernier opus trempe déjà un peu dans l’ambiance et l’affiche de la tournée Étienne Daho Show en reprend le thème comme une suite.

Dés l’arrivée dans la salle, l’atmosphère est baignée de brume, et nous oublions les murs devenus invisibles pour nous assoir devant la scène nimbée de fumée, comme un écran de cinéma en plein air. Les rampes de lumières couleur chair encadrant cette dernière, savamment disposées pour n’éclairer que la fumée en dissimulant l’au-delà de cette toile de volutes d’une lueur de soleil couchant.

.

La voix de Monsieur Daho résonne dans la salle pour présenter la première partie, venue de Los Angeles : Unloved. Un groupe avec lequel il a déjà collaboré notamment sur le titre du groupe “Remember” et avec qui il a réalisé l’album Tirer la nuit sur les étoiles, aux côtés de Jean-Louis Pièrot.

Rythmes jungle et chants planants nous sont servis par les trois chanteuses, nous berçant dans une conjonction d’indouisme, de sixties envoutantes et du surf spirit des Beach Boys. Après quelques minutes, on comprend pourquoi Étienne Daho les apprécie tant. Certaines chansons et arrangements ressemblent à ce qui faisait la flamme des albums de Daho dans le milieu des années 1980 comme sa reprise d’”Arnold Layne des Pink Floyd.  Certains titres feraient un bien bel étalage en bande originale de films de Tarantino, James Bond et autres road trips.

.

La lumière se tamise désormais en crépuscule puis éclatent du néant des animations bigarrées, néons de ville d’une mégalopole imaginaire. La silhouette de Monsieur Daho se dessine sur le fond puis claque sa voix pour “L’invitation”.  Les couleurs explosent, et le décor vivant nous plonge dans un univers sans fond, multicolore, scintillant, au rythme de cette pop Dahoienne et pulsée. La chanson passée, Daho nous accueille à sa fête et présente déjà tous les musiciens avant d’enchainer sur un morceau qui fera se lever toute la salle pour entonner avec lui “Le grand sommeil. Ce morceau parmi ses plus anciens et que je chantais lors de son concert à la Patinoire à l’époque est revu, réarrangé sans le dénaturer. “Sortir ce soir”, la suivante, subira le même embellissement. À croire que Daho arrive à traverser les époques en faisant évoluer sa pop et à embarquer avec lui tout son répertoire qui subit avec brio la métamorphose de ses arrangements. “Le phare” éclaire une ambiance plus dandy, plus sobre, où la scène n’est délimitée que par des lignes de diodes qui cheminent le long de son pourtour, en faisant miroiter la veste anthracite à paillettes de l’artiste.

Sur “Comme un boomerang” dont Daho se plaît à raconter la genèse, les violons et violoncelles prennent une place magnifique. “Des heures hindoues” voit défiler dans les immenses parois numériques de la scène, des galaxies, des nébuleuses et autres amas cosmiques.

.

L’invitation a tenu sa promesse, on en prend plein les yeux sous ce ciel étoilé, ces enseignes néons, ces tunnels qui déroulent et donnent à l’espace une profondeur infinie. La voix inchangée et toujours digne de notre attente en réponse à ce déhanché d’épaules et de reins qui marque le personnage sait nous ravir. Comme il le chante: “tu me fais tourner la tête“! Sans se réinventer, Monsieur Étienne se transpose dans un courant intemporel ou ses chansons se “réévoluent” sur des rythmes toujours plus jungle pop.

“Saudade” sur un fond lumineux digne des télécrochets des années 60 rappelant le clip d’”Obsession”, émet comme une onde de choc dans ce public qui avait déjà délaissé ses sièges pour danser. Sans laisser le temps de reprendre son souffle, “Des attractions désastre” remettent encore une dose de bonheur avec à son côté le jeu du guitariste qui rappelle celui d’Édith Fambuena, la guitariste des Valentins (groupe commun avec Jean-Louis Pièrot au milieu des années 1980) dans le clip originel où l’énergie du chanteur trouve encore l’écho grandissant de celle partagée ce soir.

.

Passer de l’ambiance ténébreuse de “Sur mon cou…” à “L’homme qui marche”, les musiciens inondés d’un rouge vif se détachant sur un immense fond bleu ciel, on ne peut que difficilement faire plus pop comme image, tellement on aura l’impression d’une toile de Warhol.

Le fond disparait pour laisser se lever un disque jaune orangé sur les premières notes orientales de “Duel au soleil” que la salle entonne en duo, trio… Comment dit-on quand c’est une salle tout entière ?

En surface” porte le rythme du phrasé de Dominique A. qui l’a signé et pourtant on reste dans le répertoire Daho. Cet homme discret a trainé sa signature depuis si longtemps qu’il est difficile de se souvenir d’une époque sans Daho.

Des schémas psychédéliques nous font “Tombé pour la France” sous un rythme dédoublé. L’univers vert flamboie sous une ambiance bretonne noire et blanche et pourtant le monde est “Bleu comme toi.  Tiré de l’excellent Album Eden, “Soudain”, nous pose contemplatifs au rythme des nuages blancs qui passent sur le ciel numérique de la scène.  Le premier jour du reste de ta vie”, a ce quelque chose d’indescriptible dans sa mélodie qui vous galvanise.

.

Projetée en grand, une pièce gravée à l’effigie de son profil entouré d’une couronne de lauriers nous emmène en escapade a deux en ”Week-end à Rome”. Ici la douceur de vivre bat son plein. L’ambiance idéale pour s’appuyer sur une “Épaule Tattoo” remodelée sous les “Palam pam pam” du public.

S’offrant un duo numérique avec Vanessa Paradis dont l’image est 10 fois plus grande que la sienne propre, pour amener petit à petit ce concert vers son dénouement et “Tirer la nuit sur les étoiles”. Le cowboy humble n’oublie pas avant de rengainer, de remercier toute l’équipe technique qui le suit et qui font que cette tournée est si fantastique. Mais est-ce vraiment la fin ou un re “commencement” ? Il faut garder un peu de surprise. La soirée s’éteint par une “Ouverture” vers un rendez-vous dans une épaisse fumée, qui à la fois nous fait profiter de celui-ci et nous projette déjà dans le prochain. La boucle est bouclée, le choix des chansons a été savamment travaillé, non par hasard ni coïncidence, pour ouvrir le cycle Daho.

Que l’on ait aimé ou que l’on aime encore Daho, cette tournée est juste époustouflante ! Étienne Daho a ce tanin qui le rend meilleur au fil du temps. De loin, l’Étienne Daho show est le meilleur des 4 auxquels j’ai eu la chance d’assister et le plus émouvant tant par le choix des chansons, leur sens, et le travail fantastique des équipes lumières et animations. On en redemande.

Texte : Jason PINAUD

Photos : Carolyn CARO

ARTICLES SIMILAIRES