Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

CROSSROADS FESTIVAL

Les Rappeurs En Carton © david poulain

Du 11 au 13 septembre 2019 à Roubaix

CADRE : La Condition Publique de Roubaix, lieu culturel au toit végétalisé, aux nombreuses expositions artistiques, au restaurant gourmet et à la façade de briques rouges. À cela s’ajoute la Cave aux Poètes, lieu intimiste en sous-sol et ses néons au plafond, parfait pour la découverte, ainsi que le Théâtre Pierre de Roubaix, ses jolies lumières et son beau décors scénique.

 

Maz © david poulain

Maz

 

MÉTÉO : Il fait encore doux en ce mois de septembre qui ne souhaite pas laisser entièrement partir l’été. Ce dernier pointe son nez entre deux averses. L’automne souhaite aussi s’installer, nous voilà pris entre les deux.

 

It It Anita © david poulain

It It Anita

 

LES PLUS :
– Le cadre de la Condition Publique, moderne et arty, ses expositions, son atmosphère propice à la découverte.
– Ses ateliers et speed meetings professionnels, parfait pour “réseauter”.
– Un festival entièrement gratuit pour permettre à tout le monde de le découvrir.
– Une très belle programmation faite de découvertes qualitatives et dans tous les registres.
– La soirée hip-hop en ouverture du festival, dans l’air du temps et bourrée de pépites.
– Des concerts qui se suivent pour n’en manquer aucun.

LES MOINS :
La Condition Publique est en travaux, impossible de profiter de tous ses aménagements ni la totalité de son espace, dommage !
Le cashless installé à la Condition Publique : il faut faire la queue pour l’obtenir puis la charger, refaire la queue pour prendre un verre. Et il est impossible de se faire rembourser la monnaie restante sur la carte. Il faut donc savamment calculer pour ne pas perdre son argent.

 

Romane Santarelli ©david poulain

Romane Santarelli

 

OUVERTURE XXL : Lexa Large est le premier à se jeter sur les planches de la Cave aux Poètes. Généreux sur scène, le rappeur ne lésine pas sur les interactions avec le public, joue sur un flow audible laissant une grande place à ses paroles. On rit des vérités brutes  de la vie quotidienne qu’il déverse avec humour et acidité. Mention spéciale pour le titre “Orientation” dont le riff tisse sa toile dans les esprits alors que les paroles parleront forcément aux nouvelles générations.

BATTLE DE RAP : Si Eminem est cité ce soir-là devant le concert de Freez, ce n’est pas une coïncidence. Le groupe strasbourgeois et son MC entraînent le public dans les sous-sols de la Cave au Poète pour une prestation hip-hop digne du film 8 Miles. Outre l’incroyable flow de son leader, le combo profite d’excellents musiciens pour varier les genres, se perdre dans de la trans psychédélique, faire monter les morceaux, et jouer des solos jazzy. Mention spéciale au clavier maîtrisé tout comme et aux invitations à lever les mains en rythme. Le temps d’une performance, Roubaix n’a rien à envier à Détroit.

 

Freez

Freez ©david poulain

 

MELANCOLIE HIP-HOP : Venir de Belgique est bien souvent gage de qualité en terme de musique. Nos voisins nordistes ont, semble-t-il, une facilité à innover dans ce domaine. Il parait donc tout à fait logique que Glauque soit originaire de cette proche contrée. Avec un immense leader qui doit se joindre au public pour jouer sous peine de toucher le plafond sur scène, le groupe souffle un vent inspiré. Instrus sombres aux arrières goûts de Grand Blanc qui chante l’ennui rural, flow profond et textes inspirés, telles sont les forces de celui qui sans aucun doute va vite séduire un large public. Si la modernité est au rendez-vous, on sent qu’il fait ses premiers-pas. L’excellence côtoie en quelques minutes le plus commun. Lâcher prise et se laisser entièrement porter par leur registre, et travailler la conclusion des titres suffiront à propulser la formation au sommet.

 

Glauque © david poulain

Glauque

 

LA DECOUVERTE : La batterie tonne comme un orage alors que l’ouragan Kids From atlas s’abat sur le Crossroads Festival. Ce puissant trio aux compositions en anglais a la force d’une tornade pop-rock. Voix aérienne et basse posée s’alternent, virevoltent et montent en puissance alors que les sages musiciens prennent possession de l’avant-scène. Une lettre d’amour en musique à leurs références à peine voilées de Tool à A Perfect Circle. Le tout servi par une mise en scène sobre qui répond aux nuances indie de ce voyage de haute voltige.

 

Kids From Atlas © david poulain

Kids From Atlas

 

L’HABIT NE FAIT PAS LE RAPPEUR : Avec leurs airs à la Jay et Silent Bob, Les Rappeurs en Carton  semblent venir amuser les foules et proposer un spectacle entre musique et humour comme Les Casseurs Flowters en ont le secret. Le trio, comprenant un batteur-chanteur, joue sur un évident décalage et une certaine décontraction. Pourtant loin d’être potache, le set de nos compères est savamment déchaîné. Énergie et grosses voix sont au programme pour ces musiciens biberonnés au punk-rock. Puisque loin de s’engouffrer avec facilité dans le rap évoqué dans leur titre, le groupe crée des morceaux énervés qui ne sont pas sans rappeler le mélange des genres de la team Nowhere dans les années 2000 et plus récemment Bagarre . « Le Crossroads vous êtes encore là ? » interrogent régulièrement les musiciens. Les « Oui » de plus en plus fournis d’une assistance qui ne tarde pas à venir danser au premier rang, semblent indiquer qu’ils sont sur la bonne voie. Reste peut-être à ajouter des interactions plus variées et au 3ème degré pour passer du carton à l’acier trempé.

 

Les Rappeurs En Carton © david poulain

Les Rappeurs En Carton

 

TOUT SEUL : Six lumières dorées, une guitare, une console et sa voix. Bartleby Delicate n’a besoin de personne sur scène. Le Luxembourgeois distille ainsi sa folk indie et crée un cocon entre douceur et luminosité apaisante. Un hommage à Daniel Johnston plus tard et le voila qui prend de l’assurance laissant tomber quelques mimiques pour se focaliser sur l’essentiel, ses ballades envoûtantes et aériennes aux montées vocales transcendantales. La perte de son idole le pousse même à se joindre au public et le faire chanter «  Même si je ne fais plus ça, cette fois c’est pour Daniel. » Une pause douceur absolue, et des compositions aussi belles que celles de son idole disparue.

 

Bartleby Delicate©david poulain

Bartleby Delicate

 

BOUCLE PSYCHÉDÉLIQUE : Transcendantal et décalé Manu Louis officie en solo devant un écran aux images se répétant en boucle. À la façon de Salut C’est Cool et avec sa modernité, le chanteur offre un show décalé. Moins barré et plus travaillé que les compères hauts-perché, le musicien garde son sérieux en imitant, veste de costume sur les épaules, les sauts que l’on fait à la corde à sauter. Franchement hors-normes.

 

Manu Louis© david poulain

Manu Louis

 

UN CHEVAL SANS NOM : Fraîchement revenu du Québec, Ali Danel entraîne le spectateur dans une chevauchée musicale en solo. Gentil cow-boy moderne et adorablement poupon, le chanteur remet au goût du jour la country américaine en français dans le texte. Un peu d’harmonica et le décalage est complet. Son aisance et sa sympathie enjolive ce show que même une guitare à réaccorder sur scène ne saurait troubler.  Au cours de son périple, le chanteur emprunte à la chanson française et offre même une reprise de Joe Dassin. Traverser le désert de Roubaix sur un cheval sans nom c’est ce que propose Ali Danel qui ne demande qu’à chevaucher les scènes de l’Hexagone.

 

Ali Danel © david poulain

Ali Danel

 

NOIRCEUR DE L’AME : Première touche féminine de la programmation, Isla a beaucoup plus à offrir qu’une simple différence de genre pour se démarquer de ses compères. Aidée d’une claviériste et d’un batteur, la belle propose une escapade aérienne, sombre et soul. Elle balance ses bonnes ondes et son énergie positive, les envoie voltiger jusqu’aux hauteurs de la Condition Publique. Tribal, obsédant et pop.

 

Isla © david poulain

Isla

 

TOUCHE POP : Veste à paillettes et clavier accompagnent Okala qui n’a pourtant besoin que de sa voix pour s’imposer. Indie pop, ballade et spirales aériennes se déchaînent au cours d’une performance pour le moins statique. Un concert qui va de la post-pop sombre à des moments plus lumineux proches d’un certain Bruno Mars.

 

Okala©David Poulain

Okala

 

C’EST LA MERDE : Alternant entre rap français aux airs connus et morceaux plus sensibles, Pollux signe un live énervé et énergique. Dans l’air du temps et passionné. Leur titre “C’est la merde” marque les esprits sans pour autant se démarquer suffisamment du genre urbain conventionnel.

 

Pollux ©david poulain

Pollux

 

L’HEURE DES POGOS : Sortez les guitares et laissez vous aller. Voilà que débarque le duo le plus résolument rock de la soirée: Scrtch. Face à une batterie explosive, les parties screamées du chanteur se déchaînent et invitent aux pogos. Un set puissant digne de Royal Blood dont ils pourraient bien être le pendant français.

 

Scrtch©david poulain

Scrtch

 

FOULE EN DELIRE : À 21 ans, Bekar s’inscrit dans l’air de son époque. Il interprète des titres hip-hop au calibre radio. Au cœur de ses morceaux entraînants quelques “questions existentielles” qui semblent parler à l’assemblée. Décidé à titiller un public ultra réceptif, le musicien l’incite à « Faire du bruit ». À défaut de sortir des sentiers battus, le musicien profite d’un flow maîtrisé et met le feu à une audience déjà conquise. Au risque d’enchaîner les clichés.

 

Bekar © david poulain

Bekar

 

LA RELATIVITÉ DU TEMPS : Martin Mey a fait son petit bout de chemin. D’un artiste onirique aux intentions pop, le voilà qui choisit la carte de l’électro planante. Capuche vissée sur la tête et toujours en solo (avec sa console) le musicien s’offre un set enivrant et entêtant. Ses riffs élaborés virevoltent, montent en intensité, prennent des accents psychédéliques et s’accordent à une voix cristalline. « Vu le trajet que j’ai fait pour venir j’ai calculé que chaque minute de musique correspond à 28 minutes en train » lâche-t-il. Le temps est relatif, ce showcase de 30 minutes en est la preuve tant il ne semble durer qu’une poignée de secondes.

 

Martin Mey © david poulain

Martin Mey

 

CROSS-GENRES : Il n’est pas étonnant de retrouver des artistes issus de la (très qualitative) sélection des Inouïs de Bourges au Crossroads Festival. Degage qui y jouait dans la catégorie rock a cette fois-ci transporté ses guitares dans le nord. Entre puissance et incantations langoureuses, la formation balance et ne s’épuise pas. Le chant au phrasé inspiré pourrait presque s’aventurer vers la nouvelle chanson française. Batterie enragée et guitare électrique la retiennent. Le rock on en dégage pas comme ça!

 

Degage © david poulain

Degage

 

PLONGÉE OBSCURE : Programmés à minuit, N U I T est attendu de pied ferme par les festivaliers. Il faut dire que le quatuor propose une descente empirique dans les sombres contrées de l’électro. De nuit, les apparences changent, il en va de même pour la musique qui s’épaissit, se charge et se contorsionne touchant la pop et même le rock. Le narrateur de ce rêve viscéral éveillé conte ses chimères à l’aide d’un timbre rauque. Un set qui prend au tripes et fait vibrer les amplis grâce à ses rythmiques lunaires.

 

NUIT ©david poulain

NUIT

 

LE CHANT DES SIRÈNES : Surprise, le duo Kosmosuna se démarque entièrement du reste de la programmation. Avec une performance graphique et intrigante, son set à l’élégance de la haute couture. Avec une noirceur à la Cure, il propose une pop époustouflante et moderne. Son chanteur contorsionniste prend possession de l’espace scénique et semble lui-même possédé. Vêtu de cuir, résille et affublé d’une fleur blanche dans le dos, il pousse sa voix dans des retranchements aigus et déroutants. Lunaire et solaire disent-ils : complètement novateur, expérimental et déroutant pour sûr! Un spectacle complet.

 

Kosmosuna © david poulain

Kosmosuna

 

ÉLECTRO STELLAIRE : Là-bas, le décor fait de montagnes graphiques sur lequel se reflète une constellation où se cache Stienis. La performance la plus étrange du Crossroads balance une rythmique électronique lourde portée par une guitare tout aussi sombre. La voix quant à elle se fait criante, menaçante et semble annoncer l’apocalypse à venir. Un temps fort à ne pas mettre dans toutes les oreilles.

 

Stienis ©david poulain

Stienis

 

AU CŒUR DE LA NATURE : Deux hommes à la guitare et à la basse, une femme à la batterie, Old Tree’z  réinterprète folk et pop en anglais dans le texte. Engagé, le groupe sortira son prochain album en partenariat avec Planète Urgence et promet de reverser une partie des fonds gagnés par ses ventes au plantations d’arbres. Outre ses sympathiques interactions, la formation propose une ballade solaire et offre par la même occasion la bande originale idéale pour un road trip. Voix en écho, guitares énergiques, une touche de Jose Gonzales, le dynamique trio chante la vie. Il ne reste qu’à fermer les yeux pour mieux sentir la nature grouiller, pousser et trouver son chemin entre les notes de guitare.

 

Old Tree'z © David Poulain

Old Tree’z

 

CONSPIRATION POP : Duo console, clavier, guitare, The George Kaplan Conspiracy produit son électro-pop avec simplicité. Voix aérienne, rythmiques savamment composées et reverbes joliment dosées s’additionnent pour créer un set fluide et logique. Les morceaux s’enchaînent poussent à l’introspection comme à la danse pour donner corps à un live efficace et sans fioritures.

 

The George Kaplan Conspiracy ©David Poulain

The george Kaplan Conspiracy

 

MADE IN CANADA : Lou Adriane Cassidy a quelque chose de notre Pomme française. Sa faculté à faire des morceaux touchants, son interprétation grave et profonde certainement. Loin pourtant d’être la réplique d’une autre artiste, la Canadienne innove, mélange le jazz et la chanson et pousse sa voix dans ses retranchements. Elle apporte ce vent frais d’outre-Atlantique, cette capacité à créer du nouveau avec de l’ancien et de sublimer la langue française en musique.

 

Lou Adriane Cassidy © david poulain

Lou Adriane Cassidy

 

LE PRIX LONGUEUR D’ONDES 2019 : Après Bison Bisou l’an dernier (à retrouver dans le prochain numéro du magazine !) il est attribué cette année au touchant Bartleby Delicate. Son concert émouvant et sensible ainsi que ses belles compositions pop-folk l’ont démarqué d’une programmation pourtant très qualitative. Il figurera bientôt dans les pages du mag !

L’ANECDOTE : Musique, mais aussi expositions, la Condition Publique est un espace multi-culturel. Si le festival ne met pas la femme en valeur, la salle le fait. Une exposition photographique leur est consacrée. On y trouve des portraits de femmes sur scène photographiées par des femmes. De Beth Dito à Ibeyi, les artistes se côtoient sur les murs blanc de la salle. Pourtant faut-il encore prouver ce que les femmes savent faire en jouant la carte de l’exclusion ? Ne pourrait-on pas enfin être uniquement inclusifs et mélanger le travail d’hommes et femmes talentueux, à égalité sans se soucier du genre ?

LA CONFIRMATION : C’est It It Anita. Les rockeurs qui ont déjà fait parler d’eux en Belgique et au Luxembourg mettent tout le monde d’accord avec un set profondément rock, pointu, incisif et maîtrisé. Une claque à découvrir sur scène notamment au MaMA Festival 2019.

 

It It Anita © david poulain

It It Anita

 

L’ANNÉE PROCHAINE : Si les dates n’ont pas encore été communiquées, le Crossroads posera à nouveau ses valises à Roubaix pour faire la part-belle aux nouveaux talents francophones.

JULIA ESCUDERO
Photos : DAVID POULAIN

>> Site du Crossroads Festival 

ARTICLES SIMILAIRES