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Le Printemps de Bourges

Faada Freddy © Marylène Eytier

Du 24 au 29 avril 2015 à Bourges (18)

Cadre : Bourges, une ville moyenne avec son théâtre, son auditorium, son palais des sports (le Palais d’Auron) et son grand chapiteau le long de la rivière (le W).

Météo : Pluie, soleil et fraîcheur. Heureusement, les concerts sont bien couverts.

Les chiffres : 64 550 places écoulées, dont 9 650 invitations. Fréquentation au beau fixe.

Pour la petite histoire : Fondé en 1977 dans le sillage des bals folk, le Printemps de Bourges a été le premier festival français à porter une scène francophone, alors composée par les Higelin, Thiéfaine, Lavilliers, Renaud. Désormais ouvert à tous les styles, c’est le festival qui donne en avril le « LA » à la saison des festivals d’été. C’est aussi un lieu de découverte incontournable pour les professionnels de la musique en France (producteurs, tourneurs, programmateurs…).

Les plus :
– une programmation ouverte qui va de la chanson française à l’électro,
– pas de grosse tête d’affiche cette année mais un cœur de prog’ solide, pétri de découvertes,
– la Rock’n’beat party, qui fait la part belle à la nouvelle scène électro française : Rone, Fakear…
– nos paris gagnants comme Jeanne Added, Faada Freddy, etc.
– Juliette Gréco, parce qu’à 88 ans, cette grande dame méritait son expo et un hommage.

Les moins :
– le son du W et du 22, toujours pas bon,
– une programmation musiques du monde réduite,
– les découvertes du Printemps Bourges -les Inouïs- attirent les professionnels, pas le grand public.

Les confirmés : Stephan Eicher et ses automates, Thiéfaine et son fils, les Belges de Balthazar, le québécois Pierre Lapointe en piano-voix, il n’y aura eu que l’embarras du choix ! Pour nous, le Printemps devait consacrer Jeanne Added et c’est précisément ce qu’il a fait. Dans les lumières blanches du 22, un cadre intime qui lui va bien, la jeune femme à la blondeur en bataille impose en trio sa présence punk. « A War is coming », chante-t-elle. C’est confirmé, on assiste à l’éclosion d’une chanteuse.

Les découvertes : en quelques années, le niveau général des découvertes du Printemps de Bourges – les Inouïs- a grimpé en flèche. Cette fois-ci, il n’y aura pas eu un groupe hors sujet, ni un cran en dessous, mais que la crème de l’émergence en France. Ceux qu’on aura préféré ? N3RDISTAN et son électro-palabre parfois chanté en arabe, Aloha Orchestra, une bande indie pop bien calée et Radio Elvis, un prix du jury déjà attendu au tournant. Quant au Prix découverte du Printemps de Bourges ? Last Train groupe qui envoie du bois, ni plus, ni moins.

La déception : Autour de Nina, un hommage à Nina Simone dans les règles de l’art mais -trop- sage.

En question : Entre le rap variet’ de Soprano et consorts et celui bodybuildé de Kaaris et cie, le Printemps de Bourges n’a pas choisi. N’empêche… Quel rôle jouent les rappeurs ? En quoi représentent-ils la jeunesse d’aujourd’hui ? Et que disent-ils de notre société ? Plus de vingt ans après l’explosion du genre, et alors qu’une frange du hip hop donne dans la caricature – biscotos aux hormones, violence gratuite et une idée de la culture qui va du soda énergisant au 4×4 bling bling- , ces questions-là méritent d’être soulevées.

En coulisses : Après avoir vendu le festival à C2G (filiale du producteur TV, Morgane, et du groupe de presse, Le Télégramme), Daniel Colling quitte son poste de directeur, comme annoncé. Même si le fondateur du Printemps sera remplacé au 1er septembre, il a annoncé qu’il « accompagnerait son successeur » pour la 40e édition du Printemps.

En conclusion : Sans grosse têtes d’affiches populaires mais avec les artistes du moment – Christine & the Queens, Black M, Chinese Man, The Dø, Yael Naim…-, le Printemps de Bourges est resté le Printemps. Éclectique, ouvert, divers, il permet toujours aux professionnels et au grand public de faire le plein de découvertes. Après avoir survécu à bien des tempêtes, connu plusieurs mues et accueilli des milliers d’artistes, il fêtera ses 40 ans d’existence l’an prochain. Nul doute qu’il aura une vie devant lui…

Texte : Bastien Brun
Photos : Marylène Eytier

 

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