Dans le cadre du dossier « De Montréal à Caraquet, 10 festivals à la loupe » retrouvez une dizaine de jours avant la date de votre festival préféré, les petits secrets et autres anecdotes qui ont construit ces festivals. Cette semaine, retour sur le Festival de la Chanson de Tadoussac, qui se tiendra du 13 au 16 juin pour sa trentième édition.
La femme derrière le festival : Catherine Mark, alias Catou, directrice artistique responsable de la programmation et des relations internationales
La petite histoire : au départ il s’agit juste d’une simple rencontre de musiciens dans un bar de Tadoussac, le Café du Fjord. Au fil des ans, les lieux de concerts se multiplient. En 1993, changement de saison ! Le festival qui avait toujours lieu pendant la période touristique estivale fait le pari de faire venir ses spectateurs en dehors de cette saison. « Quand Richard Desjardin est venu en 1988, personne ne l’écoutait chanter, sauf deux ou trois personnes subjuguées ! On s’est vite aperçu que les touristes de masse venant voir les fameuses baleines de la région, mais s’intéressaient peu à nos spectacles » nous dit Catherine. Pari réussi : les gens commencent à se déplacer spécialement pour le festival. Sa vision s’est vraiment affinée en 1998, avec l’arrivée de Charles Breton, directeur général, qui a vraiment donné une véritable réflexion. « On a toujours eu des artistes dans le même créneau que celui que l’on a actuellement, c’est-à-dire la chanson francophone. On évite la variété, on ne touche pas au grand public ! »
La particularité : Tadoussac ne possède pas de véritable salle de spectacle. On parle donc de lieux de diffusion de spectacles. « On est rendu maintenant 11 lieux de concerts qui fonctionnent de 11h à 3h du matin ! » Parmi les lieux inusités, on trouve le sous-sol d’une église dont le salon mortuaire sert… de loge ! « À chaque festival, on prie le bon Dieu pour qu’il n’y ait pas de morts ! ». Il n’y a pas que de la chanson francophone dans le festival : « On s’est laissé une petite ouverture, pour avoir des artistes émergents de qualité mais qui peuvent chanter dans d’autres langues comme l’anglais ou l’espagnol, même si le festival a vraiment été créé pour encourager la chanson française, à une époque où elle n’était plus mis de l’avant ».
Le meilleur souvenir : « On organise des concerts sur l’eau ! On fait venir les artistes sur les rochers et les spectateurs viennent en kayak de mer, c’est vraiment magique ! » Finalement, les meilleurs souvenirs sont aussi chaque année : « On se demande tout le temps : pourquoi le monde vient ! Car le public vient de loin pour ce festival, et chaque année on remplit nos lieux. Notre chance, c’est le site exceptionnel sur lequel on se trouve. » En 1991, les Colocs devaient jouer sur un bateau de croisière. Quand le bateau est revenu, il est allé s’accoster de l’autre côté de la baie : « Dédé m’appelle en me disant : on nous a débarqué au bout d’un quai avec tous nos instruments, qu’est-ce que l’on fait ? On a donc été les chercher du côté de la Baie Ste Catherine, on a monté une scène de fortune et cela a été un succès extraordinaire ! ».
Et l’avenir : Cette année est la trentième édition du festival qui réserve bien des surprises : « On va rester dans l’originalité et aussi dans le côté intimiste, tout en investissant la nature. » nous confie Catherine. Programmation complète : http://www.chansontadoussac.com/
Ils sont passés par le festival : La Botine souriante, Lhassa, Richard Desjardin, Diane Dufresne, Gilles Vigneault, les 12 hommes rapaillés, Lisa Leblanc, Philippe B., David Giguère, Vincent Vallières, Yann Perreau…
Yolaine Maudet
Photo Michel Pinault
