Bandeau Longueur d'Ondes n° 101

Candide, ou l’art naïf ?


« Le mot sonnait bien ! il fait très Français et son sens correspond bien à la période que je traverse », justifie le compositeur à propos de son pseudo. Candide ? L’ancien guitariste du groupe lillois Smile ne l’est justement pas. Car ici, exit les paroles mièvres et les postures de séduction… Et s’il faut y chercher malgré tout de la candeur, c’est du côté de l’optimisme de sa pop-rock UK qu’il faudrait creuser. Le tout, en français dans le texte, off course.

Un ukulélé, une gueule d’ange mal rasée venue du Nord (Pas-de-Calais)… La tignasse mielleuse mi-filasse rappelle quelques vikings aux mèches dorées. Une sorte de surfeur de feu de camp, exilé sur les côtes bretonnes et en quête d’identité, jouant les sirènes pour quelques amoureux éplorés de la scène francophone. Le raccourci pourrait être vite fait entre son pseudo et ses pointes couleur blé. Mais non. Il y a du je-m-en-foutisme par-ci par-là et un esprit qui vire au joyeux vagabondage à mesure de la marée. Les pieds dans le sable. Du Gérald Genty en bandoulière. Et de la gaité dans les arpèges.

Dans ses textes, personnels pour la plupart, le Rennais hésite malicieusement à prendre position, fuit les responsabilités et les chemins tracés. Candide l’avoue d’ailleurs lui-même : « Flirtant avec le monde adulte, je sens vite que je n’ai pas envie d’y basculer complètement. Une âme d’enfant m’habitera toujours. » Incertitude, ambiguïté, refus d’engagement… Si le propos paraît parfois populiste, sa frivolité est communicative. Simple et directe. Séduisante, sans être niaiseuse ou infantilisante.

L’artiste virevolte entre un studio (Brothersoul Records) en solitaire et une formule live, en duo avec Benjamin Riez. Côté musique, il jongle entre une myriade d’instruments : basse, piano, claviers, guitare ou encore ukulélé. La raison ? Un gosse, voilà tout. Qui doute, s’interroge. Fuis les conventions et les responsabilités. Multiplie les approches et envoie tout valdinguer quand la tournure devient sérieuse.

Son 1er EP éponyme l’avait déjà confirmé : la formule reste exigeante, épurée, sans autre fioriture qu’un visuel soigné et propre sur lui. A l’image de son clip « Eléa » sorti en septembre dernier. Lumineux et gorgé de soleil. Cristallisé dans son plus simple appareil. Ancienne première partie d’Alain Chamfort, des Fils de Teuhpu ou de Quidam, le p’tit nouveau du label Les Airs à vif (Pony Pony Run Run, Thomas VDB…) sait même prouver par quelques entournures (« Je ferai tout ce que tu préfères. A genoux, par terre. Par devant ou par derrière ») que le beau gosse de 24 ans est plus coquin que sa blondeur. Preuve qu’il faut toujours se méfier des faux gentils. Aux innocents les mains pleines ? CQFD, SFR Jeunes talents et les Bars en Trans l’ont bien compris. Dans le meilleur des mondes possibles.

Samuel Degasne

« Et si »

(Les Airs à vif)

www.myspace.com/candideenfrance

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