Bandeau Longueur d'Ondes n° 101

Quand l’international chante en français

Des Beatles à Placebo, en passant par Kraftwerk ou Megadeth, des artistes internationaux ont porté au micro des textes en français. Un curieux pan de l’histoire de la chanson : après les francophones, les francophiles !

Dans le numéro 55 de Longueur d’ondes (été 2010), nous nous interrogions : « Y’a-t-il un « fucking problem » avec la langue française ? » Une étude consacrée à ce choix crucial qu’ont à effectuer les artistes francophones : devons-nous chanter en anglais ou dans notre langue maternelle ? Une réflexion qui peut s’accentuer, à l’heure où Phoenix caracole dans les charts et les médias au pays de l’oncle Sam. Pour jouer sur l’image glamour de la France ou pour s’ouvrir les portes du marché hexagonal, nombre d’artistes étrangers de renom ont à l’inverse trituré la langue de Molière avec un fort accent rendant leurs morceaux « very » chics… ou « totally » ringards ! Des morceaux proposés en face B, disque promo, dans le cadre d’une émission télévisée, le temps d’un « featuring » ou même défendus ardemment sur un album…

En ce qui concerne les légendes de la pop, si les Beatles ont su trouver « des mots qui vont très bien ensemble » (« Michelle »), ceci n’a pas été le cas pour tous ceux qui s’y sont employés, à l’instar de David Bowie dans sa version française de « Heroes » (logiquement intitulée « Héros »), et ses dauphins qui savent nager. Mieux vaut garder à l’esprit que l’ « on peut être un héros pour juste une journée ». De vrais succès, il y en a eu. On pense forcément à Grace Jones, qui a fait voir au monde entier « La vie en rose », ainsi qu’aux Américains de Pink Martini, qui bien qu’affirmant « Je ne veux pas travailler », ont su séduire le grand public avec un titre des plus « Sympathique » et une poignée d’autres : « Où est ma tête ? », « Dansez-vous » ou encore « Autrefois ». Les Allemands de Kraftwerk ont partagé leur vision de l’homme-machine avec « Les mannequins » et ont aussi rendu un vibrant hommage électronique au cyclisme avec « Tour de France » : « L’enfer du Nord Paris-Roubaix / La Cote d’Azur et Saint-Tropez / Les Alpes et les Pyrénées / Dernière étape Champs-Elysées ». Dans le registre sportif toujours, le chanteur norvégien Erlend Oye (Kings of Convenience, Röyksopp) s’est pris au jeu de décliner de nombreuses disciplines olympiques dans « The Athlete ». « Saut en hauteur, lancer du javelot, du poids et du disque… »

« Je suis anglais », ont argué les coquins de Herman’s Hermits dans l’intention avouée de séduire les petites Françaises : « Quand je t’ai vu l’autre jour sur mon chemin, je me suis dit l’autre jour comme elle est bien… » D’autres ont, semble-t-il, connu plus de difficultés sur ce chemin de la séduction et eu besoin d’insister quelque peu… « Ne t’enfuis pas », a ainsi imploré Kate Bush. « J’veux d’la tendresse », a clamé Elton John. Est-ce dû à la réputation du french kiss ? Il a en tout cas été souvent question d’amour, comme en témoignent « Plaisir d’amour » de Joan Baez, « Supreme » de Robbie Williams, « Burger Queen » (ou « Embrasse-moi mets ton doigt dans mon cul » !) de Placebo, « The french waltz » d’Art Garfunkel, « La belle dame sans regrets » de Sting, « Sunday girl » de Blondie, « The french song » de Joan Jett et bien d’autres…

Le style musical ne semble pas être un frein à l’emploi de la langue française. Au-delà du rock et de la pop, on a en effet pu voir Akon, grosse pointure du R’n’B outre-Atlantique, s’essayer à l’exercice avec « Le sang des innocents », tout comme le célèbre groupe américain de trash-métal Megadeth sur son morceau destiné « A tout le monde ». Dans la vague new-wave, « Quelle horreur qu’est ce que c’est ? C’est la vie juste la vie », balançait le duo Eurythmics (« Sing-Sing »). Cette liste est bien sûr non-exhaustive, on vous évite les productions d’Abba ou de Barbra Streisand…

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