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LOUIS ARLETTE

Il est toujours impressionnant de voir l’envers du décor. Dans un sous-sol de la banlieue parisienne, Louis Arlette a installé son studio. Une bulle créative, à l’abri du monde extérieur, dans lequel il nous reçoit…

Musicien depuis sa plus tendre enfance, Louis a débuté comme ingénieur du son, un métier technique qu’il a pratiqué auprès du duo Air, avant d’entamer sa mue en artiste : “J’ai travaillé pendant 10 ans avec d’autres artistes en studio avant de commencer mon propre projet solo. J’avais besoin de m’abreuver. J’ai énormément appris en regardant les autres, j’ai observé le matériel, façonné mes goûts…”.

 

Ces derniers sont particulièrement étendus et l’on pourrait noircir des pages entières sur le sujet tant il est vrai que l’artiste occupe une place unique, à part, sur la scène française : comme un improbable croisement entre Nine Inch Nails et Jacques Brel (qu’il reprend régulièrement sur scène, cf. “Je suis un soir d’été”). “Les cases sont rassurantes pour tout le monde” explique-t-il “mais est-ce aussi épanouissant et profond ?”.

 

Les cases… Tout un sujet pour Louis qui, à défaut de rentrer dans une bien spécifique, est décidé à en remplir plusieurs à lui tout seul. Ainsi la dimension rock, voire même industrielle de sa musique est pleinement assumée. La volonté d’aller de l’avant aussi. Hors de question de refaire ce qui existait déjà avant ou de tomber dans la nostalgie d’une époque révolue. Raison pour laquelle il n’y a pas de basse dans son groupe : “C’est un parti pris. Je tiens à préserver la dimension électronique de ma musique. Je veux faire du rock, mais pas de manière traditionnelle. La basse électronique apporte une tension à laquelle je suis attaché”.

 

Ainsi, sa musique est comme autant de nuances dégradées de noir, traversée d’éclairs lumineux : “J’aime jouer sur les contrastes entre les ambiances solaires, froides ou sombres. Je n’aime pas une saison en particulier. Toutes ont leur charme. Ce que j’aime, c’est le cycle, l’alternance. Je veux emmener l’auditeur dans un endroit inconfortable, là où il n’a pas été. Sur une route un peu angoissante mais en lui tendant la main pour ne pas le perdre. Si je donne des codes c’est pour jouer avec, les casser”. Sa démarche artistique ressemble à la quête d’un équilibre instable et précaire qui mérite qu’on s’y arrête une seconde : “C’est une prise de risque. Une œuvre apparaît toujours étrange la première fois, ce qui occasionne de la peur. Il faut apprendre à remettre son point de vue en question. C’est important de douter”.

 

C’est suffisamment rare pour être souligné mais Louis place les paroles au-dessus de tout : “La musique n’est qu’un écrin. C’est le texte qui prime, car c’est lui qui exprime le message. Un bon morceau pop doit faire danser ET réfléchir. La langue française est fantastique pour jouer sur les doubles sens, les différents niveaux de lecture (cf. son morceau “Jeux d’or” qui peut aussi se comprendre comme “je dors”, une métaphore sur la mort). J’essaie d’utiliser des mots simples, clairs. J’adore la littérature classique que je relis beaucoup, et certains auteurs avec un champ lexical réduit arrivent à faire passer des émotions extraordinaires. Être franc et direct, c’est mon objectif”.

 

Avec son premier album, Sourire carnivore, c’est un cycle qui s’achève pour le musicien : “J’ai travaillé un an dessus, j’ai déjà l’esprit à la suite: j’ai hâte de le défendre sur scène”. Le moment est venu…

Texte : Régis Gaudin

Photos : David Poulain

Sourire carnivore

Le bruit blanc / Wagram

Il l’avoue : “Le studio, c’est le calme avant la tempête, le live c’est la concrétisation de cette tension”. Une ligne esthétique parfaitement illustrée par les 12 titres de ce premier album. Guitares acérées et ambiances électroniques post-apocalyptiques sont au service de textes mystérieux. Le musicien déploie, au fil des titres, une gamme peu ordinaire dans le microcosme du rock français. Le tout sans renier l’héritage de la chanson française. Soigné dans les moindres détails et produit avec autorité par l’artiste lui-même, il nous livre un effort inaugural particulièrement mature et abouti.

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