Bandeau Longueur d'Ondes n° 101

CONGOPUNQ

CongopunQ - Photo : Yann Orhan

Les transes africaines de M. Atef


Pour son projet solo, où il partage l’affiche avec le performer gentiment allumé Dr Kong, Cyril Atef est allé voir du côté de l’Afrique. Le batteur de Bumcello – en pause avant de fêter les 15 ans du duo – revient sur ses goûts, sa foisonnante carrière et donne quelques clés de “No guns, more drums”, un deuxième disque lumineux qui mélange pop, sons traditionnels et humour ravageur.

 

CongopunQ

“Le groupe existe depuis dix ans maintenant parce que j’avais vraiment envie d’être le leader de mon propre projet. Au lieu de prendre d’autres musiciens, j’ai donc fait appel à Constantin (alias Dr Kong) pour les performances, le côté visuel. Je le connaissais parce qu’on s’était croisé dans des fêtes, il était monté sur scène avec Bumcello, et j’aimais bien comment il dansait, comme il vibrait. Il vibre beaucoup… Je lui ai donc parlé de CongopunQ en lui disant : “Tu fais ce que tu veux, mais tu me voles la vedette”, et voilà. Dr Kong ne joue pas de musique, je compose seul, en prenant pour base les rythmiques congolaises et des instruments comme le piano à pouces, la sanza, le likembe. J’ai été très influencé par le groupe Konono n°1, que j’ai découvert dans les années 90 grâce à un disque d’enregistrements de terrain, pris au Nagra. J’essaye de marier la transe congolaise, les musiques tradi-modernes comme on les appelle, et l’énergie punk, funk.”

Pop

” ‘No guns, more drums’, notre deuxième bébé, est plus pop. Je n’ai pas pensé au trip-hop en le faisant, mais j’ai bien ces influences-là : le reggae, le dub (dans lesquels le trip-hop a beaucoup puisé, ndlr) sont des musiques très importantes pour moi depuis que je suis ado. J’ai été punk de 13 à 16 ans et après je suis allé voir beaucoup de concerts de reggae, c’est profondément ancré dans ma culture. Le dub, comme la musique classique, te fait voyager, on rentre dans des sphères très profondes de l’âme humaine ! Ce disque est peut-être sombre, mais en live, c’est assez joyeux, car je suis plutôt optimiste de nature. Par exemple, pour “Lady Gaza”, j’imaginais une très belle chanteuse orientale coincée dans cette prison à ciel ouvert qu’est Gaza, dont la voix serait tellement puissante qu’elle dépasse les murs, les frontières et qu’elle tape dans les oreilles des arabes et des juifs. C’est plutôt un message de paix…”

CongopunQ - Photo : Yann Orhan

 

Frontières

“C’est vrai que je n’ai pas vraiment de frontières musicales, mais il y a des musiques comme le classique que je n’arrive pas à jouer. Il y a aussi beaucoup de styles traditionnels que je ne maîtrise pas parce qu’il faudrait des années pour se pencher dessus : les musiques indiennes, iraniennes, turques… Mais je veux toucher à tout ! Ne pas être jazzman à fond, ne pas être rockeur à fond, ne pas être batteur de reggae à fond ! Quand je m’attaque à un nouveau style, je veux aller au plus profond, capter l’essence… Je l’écoute beaucoup, je travaille sur ma batterie et je vais aussi dans les soirées. Je me souviens quand la jungle est arrivée à l’été 1994, j’étais en train d’enregistrer en Angleterre avec Princess Erika. Je suis allé dans un club jamaïcain de l’East London, le seul blanc dans une banlieue perdue, assez glauque. J’ai vu les DJ qui posaient leur flow sur cette musique et qui speedaient à mort des rythmiques de James Brown. Je me suis pris une grosse claque, j’ai ensuite essayé d’imiter à la batterie ce qu’ils faisaient avec leurs machines.”

 -M-

“On a fait douze ans ensemble, c’était des moments de grande puissance musicale, surtout au début de sa carrière. Moi, j’ai rejoint Matthieu (Chédid) et Vincent (Ségal) en 1998, à la fin de la tournée du “Baptême”. Après, nous avons fait “Je dis aime”, qui est sorti en 2000, et notre pote (DJ) Shalom nous a rejoints. Le “Tour de -M-” a été pour moi la tournée la plus puissante au niveau poétique, au niveau des fulgurances musicales, au niveau de ce que l’on proposait sur scène. On était quatre sur scène, c’était vraiment é-nor-me ! On n’a jamais plus égalé ce que l’on a fait à cette époque-là. La tournée “Qui deux nous deux” commençait déjà à partir dans le côté grosse variét’ et pour “Mister Mystère”, Vincent avait déjà quitté le navire, j’étais un peu l’ancien. Il y a deux ans, Matthieu s’est séparé de moi, de son ingénieur du son, de son backliner, de tous les anciens… Comme je n’ai pas été invité sur les derniers shows parisiens, on m’a filé le DVD de son dernier spectacle, il y a de très beaux light-shows, de bons musiciens, il sait toujours monter de très gros spectacles. Mais j’aimerais bien le revoir sur une scène vide, simple.”

Trange

“Ce qui m’importe en général, c’est la transe. Je suis à fond dans ce truc, dans le fait de mettre le public dans un état second. Mon fantasme avec CongopunQ, c’est que les gens dansent, suent à mort, et qu’après, ils rentrent chez eux et ils baisent. (Rires) D’ailleurs, nous avons inventé un mot pour définir notre musique : la Trange. C’est un mélange de transe et d’étrange.”

Bastien Brun

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