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Tanger


Nous savions qu’un cinquième album se préparait. Après la rupture du contrat avec Universal en 2004, le groupe avait connu une période (légitime) de découragement, puis s’était remis au travail, dès janvier 2005, alternant scènes et sessions studio, pour aboutir aujourd’hui à un dénouement heureux.

Les événements se sont accélérés fin 2006 / début 2007 avec une série de concerts dans des petites salles parisiennes et, dans la foulée, la signature sur le label Motors (Christophe, Jean-Michel Jarre…) chez l’éditeur Dreyfus Music. Le groupe fêtait alors ses 10 ans.

Nous avions rencontré le trio (Philippe Pigeard, Christophe Van Huffel, Didier Perrin) en mai 2007. La signature venant d’avoir lieu, ils étaient très confiants : “C’est un beau label indépendant, une maison de disques à l’ancienne. Les relations vont être différentes, ce sont des perspectives nouvelles qui arrivent. On a déjà bien avancé sur les titres, le spectre sonore, la structure… Il y a des choses qui vont rester, d’autres que l’on va réenregistrer, mais globalement, l’ossature est là. Il y aura aussi un gros travail de mixage, car sur cet album, le son sera plus numérique. On a gardé le côté acoustique, mais il y a une belle palette chimique ! Nous allons vers une écriture musicale exigeante, taillée, précise.” En ce qui concerne les textes, Philippe Pigeard expliquait : “Il y a toujours du détournement, du collage, du cut-up. Je prélève un peu partout, dans des documents administratifs, des prospectus, des émissions télé… Il y a toujours eu un thème central dans nos albums : “La mémoire insoluble” c’était la mémoire, “Le détroit” le temps, “L’amour fol” le music-hall… Cette fois-ci, je voulais que Tanger fasse un album noir, très polar, centré sur les faits-divers, sur le constat que la condition humaine est de plus en plus menacée, qu’il y a un déclin de la civilisation.”

A l’automne 2007, nous nous étions revus (Tanger jouait alors à la Flèche d’Or), les nouvelles étaient bonnes, le bilan très positif : “C’est vraiment un gros avantage d’avoir tout ce temps ; pour une fois. D’habitude, les disques de Tanger se faisaient rapidement, dans un esprit de performance. On composait, on produisait les titres en vingt jours. Là, ça s’étale sur trois ans. On a cherché les morceaux par périodes de huit jours, il y a eu cinq sessions en 18 mois. On a ramené vingt titres pour en sélectionner dix lors de la signature. On est repartis en studio pour réenregistrer certains instruments, puis pour le mixage. L’ensemble vient d’être masterisé à Abbey Road, avec l’ingénieur du son Geoff Pesche. Le mastering, c’est vraiment le moment où l’on sent que chaque chanson appartient au même album. Il y a une véritable unité. Depuis le début du projet, on a vraiment cherché un nouveau son. Même si à cette période-là, il y avait une inconnue : on ne savait pas quand on aurait un nouveau contrat, ni si on en aurait un. On a tout devancé : notre métier c’est de faire de la musique. Et on n’a jamais arrêté. Ca aurait été insupportable d’attendre après un contrat. Les choses se font naturellement, en fait.”

Avril 2008, voici donc le nouvel album de Tanger, au “territoire esthétique” longuement mûri, épuré, ciselé, aux textes percutants, efficaces, incisifs. Passons en revue quelques titres : “Roulette russe et poing américain” évoque le fait d’avoir grandi entre ces deux puissances mondiales et d’en ressentir la pression, la violence. “La fée de la forêt” est un assemblage de phrases très drôles, prélevées dans des livres. “Il y a un ange” exprime la pureté, la douceur, la magie, tandis que “Météorites” propose un mélange de transe prophétique, de rythmes et de séquences apocalyptiques… Effectivement, “Il est toujours 20 heures dans le monde moderne” !

Elsa Songis

“Il est toujours 20 heures dans le monde moderne” – Motors / Dreyfus Music

myspace.com/tangerexp

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