Christophe Crénel
Chaque journaliste de la rédaction de Longueur d’Ondes a sélectionné 3 de ses albums de 2023 préférés. Aujourd’hui, Christophe Crénel.
Zaho de Sagazan
La Symphonie des éclairs
(Disparate / Virgin Records)
Fulgurante apparition dans le ciel de la chanson française. Celle qui impressionnait par sa voix grave mais semblait encore un peu gauche en 2022 au moment de son apparition dans la sélection des Inouïs du Printemps de Bourges a brusquement déployé ses ailes sur un premier album qui saisit par l’intensité de son chant. On y trouve bien sûr une tendresse pour les grands de la chansons française, Brel ou Barbara mais percuté par la beauté des machines, celles des apergiators et des rythmiques techno dont elle ne prend que le meilleur. Sa Symphonie des éclairs recèle aussi quelques textes d’une maturité bluffante pour une jeune femme qui vient d’avoir 24 ans. Avec “Tristesse” dans laquelle elle fait de ses passages à vide un adversaire, l’inquiétant “Mon inconnu” sur un amoureux fantasmé ou “Aspiration” qui évoque la fumette sans complaisance, elle secoue avec audace le monde poli de la chanson française comme personne ne l’avait fait depuis Stromae et Christine and The Queens.
Kill The Pain
Kill The Pain
(Kwaidan Records)
Voilà un album de pop espiègle qui a fait le plus grand bien en cette année 2023. Kill The Pain c’est le projet monté par Mélanie Pain et sa grande copine de Nouvelle Vague Phoebe Killdeer. Leur premier album dynamite la morosité ambiante dès la première écoute. On se trémousse sur ses rythmiques à la Talking Heads et ses mélodies joueuses tout au long de ces 9 titres aux humeurs aussi électroniques qu’organiques, truffés de petites trouvailles d’enregistrement. Kill The Pain est à l’image de sa pochette, un album plein de collages et de couleurs différentes. C’est aussi un manifeste Girl Power entièrement composé et produit par les 2 multi-instrumentistes où les chansons abordent avec malice et groove comme sur le désopilant “Watch your step” ou émotion sur le puissant “Woman” l’importance de s’assumer et de faire entendre sa voix lorsque l’on est une femme.
SBRBS
The Devil You Know
(Neon Citronade / SBRBS)
Comment imaginer à la première écoute que ce groupe est français ? Le son est énorme et les compositions incroyablement riches. Les fans de stoner ne vont pas en croire leurs oreilles, le groupe breton est aujourd’hui arrivé à un niveau d’efficacité redoutable qui peut surprendre puisque l’on est clairement passé de l’influence Arctic Monkeys du premier album à un son plus compact qui évoque les riffs de plomb des Queens of The Stone Age. SBRBS (prononcez Suburbs) est né d’une relation complice sur les bancs du collège à St Brieuc entre Marie et Hadrien, respectivement bassiste chanteuse et guitariste chanteur. La voix de Marie domine souvent dans le mix ajoutant à l’originalité de la formule. Pour la scène, ils sont accompagnés par un batteur et le trio à des hymnes pour faire souffler les voiles des festivals. Mention spéciale pour les telluriques “Heavy Hearted” et “The Devil You Know”.
