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ROBIN FOSTER

Peninsulive

 

Porté par l’élan de l’accueil plus qu’enthousiaste réservé à sa trilogie Peninsular, refermée l’année dernière (temporairement on l’espère) par le splendide Peninsular III à la pochette aux couleurs aussi ardentes que sont les sentiments et les émotions qu’inspirent sa musique, Robin Foster a eu la bonne idée de poser, comme une cerise sur le gâteau – « cherry on the cake » comme il dirait dans sa langue natale -, une dernière pierre à cet édifice musical sous la forme d’un album live, témoignage de quelques-unes de ses récentes performances live dans cette terre bretonne désormais devenue la sienne, de Quimper à Crozon en passant par Camaret, son home sweet home.

 

De ces concerts, Robin a extrait le meilleur sous la forme de dix titres, comme autant de cairns pour aider ses fans à suivre son chemin qui parfois fait des détours pour lui laisser le temps et le loisir d’aller composer des bandes originales de films ou de séries, ou de guider des artistes au cours de la genèse de leurs albums, comme ça a été récemment le cas avec Morgane Imbeaud, ex-Cocoon.

 

C’est avec le théâtral “Pen Had” que le musicien anglais a très judicieusement décidé d’ouvrir le bal, plongeant immédiatement dans une atmosphère à la fois aérienne et mystérieuse, rappelant que dans cette lande armoricaine, il faut savoir vivre avec les légendes, de Brocéliande ou d’ailleurs, et que quoi qu’on en pense, on finit toujours par retrouver un peu de leur magie dans les sons qui y ont été créés. Un peu plus de cinq minutes de moments suspendus, que l’on imagine quelque part entre terre et mer, et qui immédiatement transportent et démontrent que la musique seule, sans paroles, lorsqu’elle est exécutée à un tel niveau, peut véhiculer une charge émotionnelle qui touche directement au cœur et aux tripes.

 

Le voyage continue ensuite avec “Beg Dinn”, fort comme un dolmen, puis avec l’étourdissant “Herr Kut”, véritable charge héroïque menée tambour battant, enivrante par le tourbillon qu’elle arrive à créer dans les têtes, sur fond de guitares impatientes d’en découdre, mais retenues pour qu’elles ne hurlent pas trop fort, juste ce qu’il faut. “Finisterrae” est alors le bienvenu pour reprendre des esprits quelque peu chamboulés par la déferlante déclenchée les 3 premiers titres, moment de calme, sorte de ressac après la marée, prolongé par “Kerloc’h” et “This is not an exit”, qui malgré une douceur apparente laissent entrevoir une vigueur qui fait penser que la tempête peut ressurgir à tout moment.

 

Avec “Disco Ouessant”, morceau le plus long de l’album, Robin Foster semble vouloir s’offrir une incartade à sa manière en s’appropriant quelques codes, notamment au niveau de la rythmique, du genre musical auquel il est fait référence dans le nom de la piste, mais finalement, sans jamais se détourner du style qui est le sien.

 

Cette parenthèse refermée, retour vers son univers primaire, avec l’un des titres les plus aboutis et sans doute réussis de son répertoire, “Kerbonn Shogun” dans lequel on retrouve tous les ingrédients qui font la signature unique de l’artiste : des atmosphères semblant émaner de l’au-delà, des guitares omniprésentes avec leurs sonorités ouatées et aériennes, une rythmique solide mais jamais agressive, et surtout ce supplément d’âme versé dans chaque note jouée.

 

Après “Loop”, c’est à “Lighthouse”, qui n’a rien à envier à l’illustre piste précédente, que revient l’honneur de conclure ce qui s’avère être un disque indispensable. Non seulement parce qu’il permettra à ceux qui ne le connaitraient pas encore de découvrir l’un des meilleurs orfèvres du post-rock, à travers ce que l’on peut considérer comme un Best of live de son répertoire et en particulier de la trilogie Peninsular, mais également parce qu’il est la preuve par 10 (titres), et n’en déplaise à certains, que l’on peut offrir de grandes performances live, véritables communions avec le public, avec des formations purement instrumentales.

 

À l’instar d’autres artistes post-rock français comme Ending Satellites (ex-projet de Damien Dufour) ou les trop méconnus Bravery in Battle, Robin Foster contribue à donner ses lettres de noblesse à ce genre musical, en se posant comme l’un de ses leaders naturels. Ce disque – que l’on espère voir sortir prochainement sur support physique – n’en est qu’une preuve supplémentaire. Si tant est qu’on en ait eu encore besoin.

Peninsulive – album digital – est disponible à l’écoute et à l’achat ici

 

Xavier-Antoine MARTIN

 

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