“Où est ma vie ?”
Présentation
« Salut aux lecteurs de Longueur d’Ondes. Je me présente, Stéphane Grangier. Il y a quelques années déjà, j’avais eu l’occasion d’évoquer ma musique dans ce même magazine avec le groupe Nórd et ses 5 albums parus à ce jour. Avec ce 6e opus baptisé Dans l’œil, en écho à l’intériorité et au renouveau d’une carrière solo, j’aborde une nouvelle page de mon parcours. S’il existe une continuité avec Nórd, c’est sans doute dans le texte, dans un discours qui ne s’est jamais trahi, mais qui a évolué au fil de ma vie d’homme. J’y parle de l’âme et de l’esprit, de la chair qui vieillit, de l’absurde vérité sur le monde qu’on ne trouve qu’en soi. On me prêtait alors une expression lyrique et tourmentée, abrasive, incandescente, mais de l’eau a coulé sous les ponts, et je me suis rapproché des figures que j’ai toujours chéries sans jamais oser l’avouer : Johnny Cash, Nick Cave, Lou Reed ou encore Alain Bashung et Daniel Darc. J’emporte le rock à la frontière de la chanson française, sans doute un peu à sa marge. Mon univers se nourrit d’ombre et de lumière, il y a une tension continue entre les mots et la musique. Je me suis entouré de musiciens que je considère comme des amis et des artistes, à commencer par Yan Pechin qui a réalisé ce dernier album ou encore Olivier Kowalsky qui a signé avec moi le premier single “Où est ma vie ?”. Je suis en solo certes, mais je dialogue, j’échange, je partage avec d’autres un univers qui n’est qu’à moi, mais qu’ils enrichissent de leur talent, en laissant sur la bande un peu de leur sueur, de leur expérience et parfois même de leurs blessures. Je ne suis plus seulement un auteur-compositeur, mais un catalyseur de la formidable énergie créative du collectif. Du collectif au singulier, c’est toujours de ça que parle cet album. Au fond, c’est mon obsession depuis toutes ces années. Qu’est-ce qui fait qu’on est vraiment soi qu’au milieu des autres ? Qu’est-ce qui nous unit ? J’ai trouvé un lien. C’est la musique. Chacun dans son monde et pourtant, tous ensemble, sur un disque ou sur scène.
Dans une autre vie, j’ai pu jouer en première partie de Bob Dylan, Alice Cooper, Depeche Mode, les Cranberries ou encore Lionel Richie. Ceci fait de moi un ovni, car c’est cette particularité très française qui a donné envie à ces stars anglo-saxonnes de me donner ma chance. Si ma musique s’inspire de la culture rock, elle vient aussi se frotter aux inspirations de la grande chanson française : Ferré, Brel, Barbara… C’est sans doute de cette contradiction que je tire l’essentiel de mon identité. J’aime à citer Martin Scorsese qui disait qu’il avait longtemps copié les grands maîtres hollywoodiens, jusqu’à revenir chez lui, comme il disait, à Little Italy, en faisant des films basés sur sa propre culture : celle de son enfance italo-américaine. C’est là qu’il a enfin pu exprimer un art unique, car on ne parle bien que de ce qu’on connaît. C’est au fond toujours la rencontre de l’universel et du particulier qui emporte la vérité. J’ai l’espoir de suivre la même voix dans la musique. Dès lors, je vis mon engagement artistique comme un partage, une grand-messe sacrificielle, comme un révélateur de sens où l’âme se libère dans une fusion avec la vie de l’autre, celle du public. Il n’y a alors plus de frontière entre l’artiste qui n’est que la traduction d’une émotion collective et le public qui se retrouve dans la quête de sens de celui-ci. Encore une fois, l’individu, l’être particulier se mêle à l’universel. »
“Où est ma vie ?”
« “Où est ma vie ?” est la petite synthèse en chanson d’un roman initiatique qui décrirait l’errance des cœurs et des âmes qui se croisent au gré des hasards de l’existence. Parfois, on s’aime sans même le savoir…
J’ai écrit cette chanson avec mon ami Olivier Kowalsky. Nous sommes restés figés sur deux accords, une simplicité ultime à la Lou Reed, orchestrée et réalisée par Yan Pechin usant du son de sa guitare comme un peintre. C’est d’ailleurs Olivier qui m’a fait rencontrer Yan, connu particulièrement pour avoir été longtemps le guitariste inspiré de Bashung. “Où est ma vie ?” sonne du coup comme une évidence, un texte épuré, une chaloupe binaire, deux accords majeurs à la sonorité Velvet Underground, avec ce je ne sais quoi d’hypnotique qui fait penser à la vie roulant comme une vague sur un récif… »
Clip
« Ce clip réalisé par Jessie Nottola — Arthur H, Jérémy Frérot, Tiken Jah Fakoly — a été tourné dans la nuit parisienne. On m’y voit au gré d’une ballade initiatique comme une référence à Cassavettes ou encore Wim Wenders, ces deux artistes de l’intériorité et de la simple caméra à l’épaule. On y voit une femme aussi qui cherche sans doute quelqu’un ou quelque chose qui l’a déjà trouvé. Nous errons respectivement dans des spleens incarnés, mais en filigrane il y a la quête ultime de l’autre. La nuit et la capitale qu’elle baigne constituent cet espace temps privilégié du romantisme en clair obscur. Un instant tremblé et poétique quand la vie nous pousse à chercher une forme de transcendance pour mieux en accepter son essence tragique. »
Projets
« Imminemment, il y a la sortie vendredi 24 février prochain de ce premier single et clip “Où est ma vie ?”extrait de mon 6e album, Dans l’œil, qui devrait paraître fin mai. Dans un futur proche, il y a évidemment la scène que nous souhaitons fouler de nouveau avec mes compagnons de route.
Sans doute aussi une nouvelle collaboration avec mon ami de longue date Craig Walker, ex-chanteur d’Archive sur un duo… Nous avons prévu de nous revoir en studio au printemps sur un titre évocateur, “Dust”, en hommage à un livre de John Fante que nous adorons : Ask to the dust. Déjà à l’époque de Nórd, nous avions formé un duo avec cette chanson évocatrice, “Into the void”, qu’on peut traduire par “en route vers le néant”. Depuis ce jour, nous n’avons cessé de nous retrouver, de renouer un dialogue artistique, et de revivifier une amitié intemporelle. Voilà ce sont mes projets. Et tout ce que je ne sais pas encore, car la vie nous surprend toujours. »
Publié le