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LAST TRAIN

La Maroquinerie – Paris, 28 septembre 2022

Last Train @ La Maroquinerie 2022 © Louis Comar

 

Alors que l’automne s’est déjà installé sur la capitale, le froid y reprenant ses quartier, un public de chanceux allait pouvoir profiter d’une soirée particulière. Ils étaient en effet invités à prendre un dernier train clairement rock pour saluer une dernière fois les compères de Last Train avant une longue pause. Pour les alsaciens, suite à une immense tournée de plus de 100 dates, c’est dans la salle très intimiste de la Maroquinerie que cet arrêt était programmé. Billets compostés en main, mouchoir pour sécher les larmes et la sueur en poche, ce voyage d’une immense puissance allait encore une fois bien plus compter que la destination.

Dehors donc, il fait froid, un vent bien trop glacé prend les os et diminue le moral au gré des feuilles qui tombent à toute vitesse. Pourtant ce qui se passe en extérieur ne laisse en rien présager de ce qui se passe à l’intérieur. La dernière fois que le groupe était en tête d’affiche dans la capitale, les copains se produisaient à l’Olympia. Une salle mythique, forme d’accomplissement mystique pour défendre entre autres, leur plus long morceau « How did we get there » dont la sortie avait été accompagnée d’un court-métrage. Cette fois-ci, c’est retour à un format familial. Pas étonnant donc que Last Train débute son  show par  « The Holy Family ». Un morceau au titre on ne peut plus représentatif de l’esprit du groupe qui se définit d’ailleurs comme une famille de cœur. La salle est pleine à craquer et il est difficile de se trouver la place idéale pour bien profiter du set. La troupe de Jean-Noël Scherrer fait sonner ses guitares, rock et aiguës. La joyeuse bande a pris le pli de redéfinir ses morceaux en concerts. Pourtant habituée au format long, elle les étend encore plus sur scène, prolongeant ses introductions comme la bande annonce d’un film, la montée d’une montagne russe avant les sensations fortes. Et à mesure que le concert avancera la chose sera particulièrement vraie. Le rock est là, plus instrumental d’ailleurs que chanté. Les solos s’embrasent, rien d’étonnant quand on sait que les copains sont également créateurs d’un label, Cold Fame, mais aussi d’un festival qui mettent les instruments, par opposition aux grosses machines en avant. Tout le monde est dans le bain, et Jean-Noël malgré la chaleur garde sur ses épaules une longue veste en cuir ; « Way Out » résonne en seconde position.

 

Last Train @ La Maroquinerie 2022 © Louis Comar

 

Le premier succès du groupe peut prêter à un bilan. Alors qu’il l’interprétait des années plus tôt au Supersonic, il était à lui seul une redéfinition du rock. Une version adolescente, brute et sans concession du courant. Le groupe puisait dans ses classiques pour faire du neuf. Et après des années de rock propret, leur premier album était une claque bienvenue. De la folie animale, aux humeurs adolescentes et donc profondément et joliment rebelles, la formation a gardé l’énergie. Aujourd’hui bien plus matures, ils misent plus volontiers sur des instruments dosés, sur une véritable maîtrise. La spontanéité est moins présente, le savoir faire bien plus.

Et ça se voit aussi dans un public varié. Pourtant cette touche de jeunesse à fleur de peau qui fait envie tant elle adhère à la puissance de ses émotions, elle existe encore dans le public de la Maroquinerie ce soir. Au premier rang, une jeune-fille à frange et au look clairement rock chante à tue-tête. A mesure que le set avance et qu’elle ne décroche pas ses yeux de la scène, elle s’approprie pleinement le live et finit même par pleurer à chaudes larmes dans les bras d’une jeune-fille qui l’accompagne. Une belle photo à voir, un clin d’œil involontaire à un passé proche mais pourtant déjà bien passé.

 

Last Train @ La Maroquinerie 2022 © Louis Comar

 

Il faut trois morceaux soit sur « I only bet on myself » pour que le chanteur aille prendre son premier bain de foule. Ce sera loin d’être le dernier. Il s’y donne à corps perdu, va chanter au milieu de la foule, slame carrément, joue au-dessus des têtes. Pendant ce concert, il redevient temporairement un gosse dans une fête foraine qui surfe au-dessus de l’audience avec sa guitare, habité. Le groupe prend peu le temps de parler, il échange pourtant des remerciements chaleureux, pour ce temps passé sur la route, pour cette vie folle qui se met en pause dès ce soir. Il remercie aussi son entourage, notamment son attachée de presse, Marie Britsch.

 

Last Train @ La Maroquinerie 2022 © Louis Comar

 

La set-list est relativement courte, une dizaine de titres tous allongés pour le live. A une exception « How did we get there » qui lui, contrairement à l’Olympia, s’offre ici une version réduite. Evidemment « Fire » est de la partie, moment de chaleur ultime face à une foule elle aussi bouillante. Un rappel vient conclure la soirée. Et c’est forcément « The Big Picture », titre à la nostalgie affirmée dont le clip retraçait toute l’histoire du groupe qui conclut la soirée. Le morceau se tord et s’étire une dernière fois. Face au public, l’émotion de Last Train est palpable. Ce tout dernier arrêt avant un long moment se conclut forcément sur un immense câlin collectif. Il faut rendre la salle avant « de se faire disputer » et ce même si la foule en redemande. Dans les têtes, les oreilles qui larsenent ressemblent à un dernier coup de sifflet. Le train a quitté la gare mais que le voyage fut beau.

 

Texte : Julia ESCUDERO
Photos : Louis COMAR

 

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