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PI JA MA

LA DOUCEUR D’UN RÊVE ÉVEILLÉ

 

Pi Ja Ma avait offert un premier album intéressant il y a trois ans de cela Nice to meet U. La jeune fille vient de sortir un second opus bien plus intéressant encore. Car avec Seule sous ma frange, la musicienne prend plus de risques et sort des sentiers battus : « J’ai commencé la musique à dix-huit, dix-neuf ans. Axel [NdlR Concato) avec qui je travaille, composait et je n’osais pas lui montrer ce que je faisais. J’ai décidé de lui exposer peu à peu ce que je composais. Il y a quelque chose d’intime dans ce disque avec des trucs enregistrés à l’i-phone. Les morceaux ont été réalisés à plein de moments différents, dans plein de lieux différents ce qui pourrait donner quelque chose de guère cohérent mais j’adore les albums des Lemon Twigs qui peuvent passer d’une ballade à des trucs avec des guitares qui explosent. Si on veut faire un disque qui marche il faut uniformiser et je ne suis pas trop là-dedans.»

Pi Ja Ma écrit des textes sur les relations amoureuses, sur la relation aux autres, sur la solitude : « La solitude nous terrorise tous et pourtant c’est le moment où je vais écrire des chansons, où je vais dessiner, où je vais écrire dans un journal. Je veux faire une Bd et lancer un podcast sur le thème de la solitude. Je me suis rendu compte que dans l’album le mot seul apparait dans quasi tous les morceaux. Même lorsque je parle d’histoires d’amour j’en parle sous l’angle de la solitude, dans le sens : « Est-ce que je l’aime vraiment ou est-ce que j’ai peur d’être seule ?» Je parle de toutes les facettes des relations amoureuses dans ce disque. J’ai un peu fait une fixette sur les relations amoureuses ces dernières années et j’ai exorcisé cela à travers ce disque. »

La jeune fille aurait pu et cela aurait été dommage arrêter la musique : « Il aurait été possible que je ne sois qu’illustratrice car je n’aimais pas du tout l’industrie de la musique, tous ces trucs de stratégies marketing. Au final aujourd’hui j’arrive à faire de la musique qui est écoutée mais sans me trahir. C’est le rêve de chaque artiste je pense.»

On trouve un côté electro-pop à la Elli et Jacno chez Pi Ja Ma, ce côté “Amoureux solitaires” que chantait le duo : « J’ai découvert Mikado il y a peu. Je ne pense pas vraiment aux styles musicaux qui m’inspirent. Souvent les gens me disent ça me fait penser à ça et après je découvre. J’écoute beaucoup de pop car je suis attachée aux mélodies. Je me souviens de mon grand-père me faisant écouter les Beatles. Ce sont mes premières émotions musicales. Sinon j’aime les choses spontanées à la Daniel Johnston. Dans ce disque on voulait garder le côté maquettes, que ce soit épuré au maximum.»

Cet album possède un coté cinématographique qui le rattache au cinéma doux-amer d’un Eric Rohmer. Un Rohmer dont Elli et Jacno, tout se recoupe toujours, écrivait la bande originale du film devenu culte Les Nuits de la pleine lune  : « La première fois que j’ai vu Le Rayon Vert, cela m’a beaucoup touché car je me sentais proche de l’héroïne. J’avais cette extrême sensibilité qu’elle possède. Je n’avais jamais vu auparavant un film aussi proche du réel. »

Avec Seule sous ma frange Pi Ja ma nous touche aussi sûrement qu’une œuvre de Rohmer. Sa mélancolie nous embrase pour nous plus nous lâcher.

Entrevue : PIERRE-ARNAUD JONARD

Photo : FLORIAN SALABERT

Seule sous ma frange Bleepmachine

https://www.facebook.com/pijamaofficial/

 

 

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