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ULTRA MOULE

Bouge ton moule !

N’en déplaisent aux tenants du patriarcat, on peut être féministes et fun : la preuve avec Ultra Moule.

 

Le trio Ultra Moule existe depuis un certain nombre d’années mais ce n’est qu’aujourd’hui que les Lyonnaises sortent leur premier album. Un disque fun et déjanté qui se révèle comme un bon uppercut à la face du patriarcat. Entre énergie punk et hip/hop décalée à la Stupeflip, la formule Ultra Moule se révèle d’une efficacité diabolique : « On vient toutes les trois d’univers assez variés. Stupeflip est une influence comme peut l’être Philippe Katerine ou Rage Against the Machine pour le côté qui tabasse. Nous avons la volonté d’aller partout, d’explorer des choses nouvelles. Nous pouvons écouter des tas de choses différentes. Nous n’avons pas de barrières musicales. Nous venons du classique et de la chanson mais nous ne voulions plus être dans des carcans. Ultra Moule c’est la construction de la déconstruction, musicale comme du genre. On essaie d’interroger la norme. La déconstruction c’est un chemin. »

Les trois filles se sont rencontrées dans une école de musique, cadre dans lequel a eu lieu leur premier concert. L’aventure Ultra Moule démarre à ce moment-là. Les premiers concerts aussi. Le groupe se fait connaitre par sa musique coup de poing et par son militantisme féministe. Militantisme que l’on retrouve dans leurs textes fort drôles comme ce “LMPT” qui fustige les tenants de la Manif pour tous. On peut éduquer les masses à coup de punk ou de rap conscient, Ultra Moule a choisi de le faire par le biais de l’humour : « Le but c’est de parler de choses graves avec humour mais il n’y a pas que de l’humour dans ce que nous faisons. Nous apprécions les groupes punk ou rap conscient mais nous avons trouvé que par le biais de l’humour le message passe peut-être mieux. Le militantisme ne se trouve pas dans nos paroles mais dans ce que nous faisons. Nous sommes militantes lorsque nous participons à des soirées de soutien à des orgas ou dans notre merchandising où nous proposons des tee-shirts faits en seconde main ou des serviettes hygiéniques réutilisables et lavables dont une partie des bénéfices ira à une organisation. Il faut être cohérent avec son propos. Lorsque Tryo parle de sauver la planète en étant chez Universal, elle est où la cohérence ? Idem quand tu fais des concerts contre le réchauffement climatique et que ton matériel arrive avec des semi- remorques. »

Comme tout groupe militant Ultra Moule peut provoquer des réactions épidermiques de la part du public comme lorsqu’elles jouent en première partie de Alkpote, rappeur considéré homophobe et misogyne : « Cela s’est plutôt bien passé même s’il y a eu des insultes. On fait ce genre d’action dans un but pédagogique. Il peut d’ailleurs arriver que le public monte sur scène pour nous agresser. »

Ultra Moule se révèle ainsi comme un digne héritier de la lutte et des mouvements féministes. Le combo leur rend d’ailleurs hommage dans “Guerrila Girls” : « Nous lisons plein de choses sans avoir la prétention de tout connaitre. Notre ambition est de faire bouger les mentalités dans la musique. Les femmes sont sous-représentées dans l’industrie musicale mais il y a de plus en plus de solidarité et d’entraide. Les choses avancent petit à petit. »

Texte et photo : PIERRE-ARNAUD JONARD

Le Retour – Daaganda Records

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