Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

LE PRINTEMPS DE BOURGES-CRÉDIT MUTUEL, second round

Bourges, vendredi 22 et samedi 23 avril

Le festivalier reprend ses aventures à la fraîche chaque jour avec la sélection des Inouïs. Début des concerts à 12h30 et une trentaine d’artistes à découvrir sur l’ensemble de la semaine. L’évidence qui saute aux oreilles cette année, c’est l’arrivée d’une nouvelle génération qui brasse tous les styles avec audace pour créer un son neuf. De quoi justifier la disparition des catégories aux Inouïs (rap, électro, rock, pop et chanson).

Le palmarès 2022 donne une petite idée de cette nouvelle diversité qui dézingue les barrières musicales avec le Prix du Printemps attribué à Eesah Yasuke, rappeuse de Roubaix dont la musique se nourrie aussi de soul et le Prix du Jury pour Oscar et les vacances, incroyable artiste pop à l’humour pince sans rire, aussi à l’aise sur des comptines à la guitare que dans un registre chanson électro. Mais d’autres révélations nous ont aussi chatouillé les oreilles, voire bouleversé comme la performance d’Oete, fragile jeune homme d’une intensité folle, de celles qui emportaient tout sur leur passage du temps d’un Mano Solo. Oete, lui, revendique l’héritage de Christophe et de Daniel Balavoine, auxquels il rend hommage sur scène. Artiste à l’hyper sensibilité extrême, intenable performer aux ongles vernis, portant un petit haut en lamé et un regard qui brûle de sincérité, ce concert a permis d’assister à la naissance d’un grand de la chanson française.

Les femmes auront été aussi omniprésentes pendant ces concerts, des artistes surprenantes par les collisions musicales et leur liberté de parole. Une parole féministe très sexuelle s’est largement exprimée en mode Reggaeton caliente

avec Lazuli et de façon plus subtile avec la délicieuse Yoa, élégance naturelle évoquant Sade, et des chansons tantôt émouvantes, tantôt percutantes avec une langue située ailleurs que dans sa poche. En dehors de cette sélection des Inouïs, gros coup de cœur pour la canadienne Lou-Adrianne Casssidy, à la fois touchante et débridée avec ses chansons rock pleine de liberté et sa crinière de jais agitée sur un visage presque enfantin. C’est avec une fièvre presque punk qu’elle a fini son show en ôtant sa robe, telle une furie hilare de sa propre audace.

Et puisqu’il est question de rock et d’exutoire, impossible de passer à côté de la soirée rock de la semaine, avec le post punk déjanté du groupe Life et son chanteur évoquant le Damon Albarn des débuts de Blur, les pétillantes Lime Garden et leur pop espiègle et dansante, le magma sonique de Park inventant une pop shoegaze dense et ponctuée d’éruptions volcaniques et enfin la flamme des généreux Last Train, comme à la maison sur ce Printemps de Bourges qui les consacrés il y a déjà 7 ans, craquant l’allumette avec jouissance pour embraser la salle. Pour finir ce petit tour d’horizon, c’est un autre lauréat du Prix du Printemps de Bourges qui nous a tiré les larmes : Annael et son afro-pop pleine d’humanité. Le garçon est juste bouleversant de sincérité et de fraîcheur avec son groove malin et ses interventions pleines de joie et de partage. Sa silhouette sculptée de danseur funk marche sur les pas de James Brown et complète parfaitement l’humeur d’une musique à l’image de cette édition : foisonnante et émancipée.

 

Photos: David POULAIN et Christophe CRÉNEL

Texte: Christophe CRÉNEL

ARTICLES SIMILAIRES